Archive for octobre, 2014

Jennifer VERRAES: Salò, Pasolini

vendredi, octobre 31st, 2014

PASOLINI / SADE : UNE LEÇON DE CHOSES

L’orgie sadienne est un tableau vivant conçu sur le modèle de l’atelier où, placé sous l’autorité d’un régisseur-contremaître, chacun accomplit son ouvrage. Dans la stricte observation des horaires et l’exécution de travaux planifiés, le groupe prend corps et la machine s’active, stérile. Sa Loi : tout se perd (ou se conserve), rien ne se transforme (rien ne se transmet). « Salò ou les 120 journées de Sodome » est un traité de pédagogie négative – où la consommation est la règle, nulle initiation n’est pensable –, un tableau mécanique destiné à l’apprentissage du seul spectateur.

Notes:

 

PUSSY RIOT: La vie à la colonie pénitentiaire IK-2

vendredi, octobre 17th, 2014

La vie à la colonie pénitentiaire IK-2, par Nadejda Tolokonnikova, des Pussy Riot

LE MONDE | 11.02.2014 à 10h33 • Mis à jour le 13.02.2014 à 08h12

Nadejda Tolokonnikova, du groupe Pussy Riot, lors de son procès en appel en juillet 2013.

Nadejda Tolokonnikova, du groupe Pussy Riot, a été libérée le 23 décembre 2013 après vingt-deux mois dans un camp de travail pour avoir chanté une « prière punk » contre Vladimir Poutine. Dans un texte écrit pour Le Monde, elle décrit les conditions de détention des femmes dans les camps de travail de Mordovie. La suite de ce texte sera publiée dans l’édition du Monde datée jeudi 13 février.

La société Vostok-Service occupe la 157e place des « 200 entreprises privées les plus importantes » dans le monde, d’après le magazine Forbes. Vostok-Service appartient à Vladimir Golovnev, ex-député de Russie unie (le parti de Vladimir Poutine) à la Douma. L’entreprise de Golovnev dépasse les 18 milliards de roubles (379 millions d’euros) de chiffre d’affaires annuel. Sa production représente un tiers du marché des vêtements de travail en Russie. Golovnev dirige le Comité russe pour le renforcement de la responsabilité sociale des entreprises et porte le titre honorifique d’« entrepreneur émérite de la Russie ».

Un rouleau adhésif estampillé Vostok-Service, la marque du commanditaire de la production, est entouré autour de cette lourde matraque de bois familière à toute condamnée en Mordovie. L’administration du camp l’utilise pour frapper les couturières qui ne parviennent pas à atteindre la norme de rendement pour une journée de travail d’une durée de seize à vingt heures.

Grâce au soutien de la matraque Vostok-Service, les femmes produisent 250 tenues de travail par jour et génèrent des revenus faramineux à M. Golovnev. La nuit du 28 au 29 décembre 2013, dans la zone de production de la colonie pénitentiaire IK-2 de Mordovie, une femme est morte. Selon les témoins oculaires, on a retiré son corps du tapis roulant. Cette femme était gravement malade et n’aurait jamais dû travailler plus de huit heures par jour. Mais l’administration du camp a besoin de milliers de vêtements pour Vostok-Service.

RÉPRESSION DE LA PROTESTATION

Les détenues travaillent en deux équipes, de 3 heures du matin à minuit, et de 6 heures du matin à 3 heures du matin. Sept jours sur sept. Les femmes s’endorment sur leur machine à coudre et se piquent les doigts. Et meurent. Aucune des prisonnières de l’IK-2 ne peut résister efficacement à cet asservissement, dans la mesure où l’administration du camp s’est dotée d’un mécanisme bien huilé de répression de la protestation. Le protestataire est dépouillé de tout. Le camp entier se dresse contre lui.

Il peut sembler que l’on n’ait rien à perdre dans un camp. Ce n’est pas le cas. Dans un camp, il existe un système très élaboré de privilèges que le prisonnier peut perdre s’il décide de critiquer l’administration. Comme de pouvoir porter son fichu d’une manière non réglementaire, 5 centimètres de plus que la norme. Ou de pouvoir boire du thé à une heure non imposée, à 17 heures. Pouvoir se laver les cheveux non pas une fois, mais deux fois par semaine.

Les détenus tiennent à toutes ces petites choses qui constituent leur ordinaire. La thèse de Marx selon laquelle les travailleurs n’ont rien à perdre, hormis leurs chaînes, c’est n’importe quoi. Paradoxalement, la propension à prendre des risques quand on vit littéralement dans les fers est très faible. Le zek enchaîné est très prudent et craintif.

« CULTURE DE LA RÉBELLION »

Les gens ne protesteront que lorsqu’ils seront convaincus de la réussite potentielle d’un comportement qui s’écarte de la norme. Quand ils auront le sentiment qu’en élevant des protestations, ils ne se condamneront pas à la solitude, à l’incompréhension et à la stigmatisation, mais qu’ils se raccrocheront à quelque chose de bien plus grand que leur sursaut individuel désespéré, à quelque chose qui pourra les soutenir et les protéger dans leurs actes de protestation.

Cette chose qui peut convaincre une personne que sa révolte est possible, nous l’appelons un institut public de revendications. C’est ce que nous, les condamnées de la colonie IK-14 de Mordovie, et Julia Kristeva appelons « la culture de la rébellion ». Les colonies de femmes dans leur ensemble se distinguent par l’absence totale d’instance de revendications. Chez les hommes, des modèles de comportement alternatifs se sont forgés depuis des décennies sous l’effet d’une culture hiérarchique sans failles, relayée par les membres des gangs, pour donner naissance à une « société civile » spécifique aux camps. Dans les camps de femmes, un tel système n’existe tout simplement pas.

Et l’administration du camp, dont le mot d’ordre est « diviser pour régner », cultive l’atomisation et le cloisonnement de la collectivité. Si un camp d’hommes représentait la France, où les gens sont capables de protester, alors le camp de femmes serait une société post-totalitaire comme la Russie, où l’on préfère avaler toutes les iniquités des fonctionnaires et les rigueurs du régime.

Nadejda Tolokonnikova, du groupe Pussy Riot, a été libérée le 23 décembre 2013 après vingt-deux mois dans un camp de travail pour avoir chanté une « prière punk » contre Vladimir Poutine.

La suite de ce texte sera publiée dans l’édition datée jeudi 13 février.

PUSSY RIOT: Le « petit peuple »

vendredi, octobre 17th, 2014

Le « petit peuple », par Nadejda Tolokonnikova, des Pussy Riot

LE MONDE | 12.02.2014 à 10h35 • Mis à jour le 13.02.2014 à 18h15

Nadejda Tolokonnikova, le 26 juillet 2013.

Lire le premier volet de cette chronique : La matraque « Vostok-Service », par Nadejda Tolokonnikova, des Pussy Riot

Pendant ma détention, j’ai croisé à maintes reprises ce soi-disant « petit peuple » qui, comme on nous l’a souvent dit et répété, serait prêt à embrasser le nombril de Vladimir Poutine et détesterait les Pussy Riot et autres sodomites.

Il s’est avéré que cet amour pour Vladimir Poutine a été inventé par l’appareil de Vladimir Poutine tout comme la haine contre les Pussy Riot. Une multitude de gens sont irrités par la gouvernance de Poutine, son irrépressible soif de pouvoir et son manque d’appétit pour de réels changements positifs pour les Russes.

Il y a beaucoup moins d’authentiques staliniens exaltés en Russie qu’il n’est convenu de le croire. Les Russes aimeraient qu’on les respecte en tant qu’êtres humains, qu’on soit à l’écoute de leurs besoins et de leurs valeurs. Et ce « petit peuple », créé de toutes pièces par la télévision fédérale conservatrice, juge en fait avec lucidité et ironie la gouvernance de Poutine. Et ce petit peuple est prêt à soutenir et même à respecter celles qui ont réussi à se moquer de ce Poutine par la bouffonnerie, bouffonnerie si grande qu’elles en ont pris pour « deux ans » de camp. Ils ont eu beau bourrer le crâne du petit peuple à travers les médias fédéraux, celui-ci ne croit pas que tout va pour le mieux dans la nation.

 ATTENTE DE L’APOCALYPSE POLITIQUE

Il ressent dans sa chair que tout va mal. Le seul problème est que les gens ne disposent pas de méthode pour se plaindre que tout va mal. Le problème, c’est que dans le « monde de la vie », il n’existe pas de réelles voies de contestation. Il n’y a pas de bouton sur un tableau de bord qui permettrait de manifester son mécontentement envers le travail des fonctionnaires.

Et comme ce bouton n’est pas disponible, alors, la contestation se cantonne chez le Russe dans le domaine de la métaphysique. Parce que celui qui ose s’exprimer contre le système administratif actuel est pris pour un kamikaze. On le considère, qui comme un fol-en-Christ, qui comme un fou, qui comme un radical et un ermite. C’est pourquoi la politique en Russie procède toujours un peu de l’art et toujours de la philosophie. Cette situation est romantique, mais mal commode. Elle est mal commode en tout premier lieu pour l’Etat.

Les gens vivent dans l’attente de l’Apocalypse politique. Sachez que nous pourrons un jour nous retrouver du même côté des barricades, m’a dit un membre de la milice dans une des prisons de Mordovie. Je tente d’ironiser : par curiosité, de quelle façon, avec vos épaulettes sur votre uniforme ? Mais le milicien est déjà dans le registre de la sincérité, et la causticité ne l’atteint pas, il croit en ce qu’il dit. Tout simplement. Je n’ai pas prêté serment d’allégeance à l’Etat. Je ne leur dois plus rien. Je vais me débarrasser de mes épaulettes et partir avec vous. Quand ? Quand ce sera l’émeute. L’impitoyable rébellion russe.

Et c’est toujours comme ça avec les Russes. Une de mes compagnes de cellule, une ancienne juge d’instruction, a eu la révélation au moment du procès des Pussy Riot, de l’avènement de ce qu’a évoqué Jean l’Evangéliste pour nettoyer la Russie de la souillure poutinienne. Toute plaisanterie mise à part, c’est une vision très typiquement russe de la manière dont doit se passer une protestation politique.

CE NE SONT PAS NOS MAÎTRES

Nous attendons le Messie, nous attendons un prophète. Attendez les gars, c’est tout de même bien plus facile que ça. Laissez la métaphysique pour créer un bon cinéma russe. Le gouvernement, ce sont des fonctionnaires, des employés de bureau que nous payons. Ce ne sont pas nos maîtres. Pas de transcendance. Pas la moindre.Le commandant du camp n’est pas notre « maître », comme on l’appelle maintenant. C’est un fonctionnaire, dont le devoir est d’agir conformément à la loi, et on peut porter plainte à tout moment contre ses agissements. Et si cette plainte est fondée, le fonctionnaire perdra sa place. Et ce n’est que justice.

Avec notre organisation « Zone de droit », nous sommes en train de créer une instance de protestation dans les camps. En premier lieu, dans les camps de femmes, puisqu’elle n’y existe pas. Nous apportons notre soutien à ceux qui sont prêts à se battre pour leurs droits. Nous procurons des informations, des avocats, et cette marge de sécurité que confère un contrôle public.

Nous commençons par les camps, mais nous sommes persuadés que, si nous aidons les condamnés à trouver un moyen légal pour protester contre leur asservissement, alors, nous pourrons également faire beaucoup plus pour ces nombreux citoyens russes qui veulent exprimer leur mécontentement dans le cahier de doléances du système politique de Poutine, mais qui en sont encore privés d’accès.

(Traduit du russe par Isabelle Chérel)

Nadejda Tolokonnikova, du groupe Pussy Riot, a été libérée le 23 décembre 2013 après vingt-deux mois dans un camp de travail pour avoir chanté une « prière punk » contre Vladimir Poutine.

DEBORD: Séparation spectaculaire

vendredi, octobre 17th, 2014

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« Cette société qui supprime la distance géographique recueille intérieurement la distance, en tant que séparation spectaculaire. »

Guy DEBORD

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« Esta sociedade que suprime a distância geográfica recolhe a distância em seu interior sob a forma de separação espetacular »

(em tradução livre)

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17 octobre 1961

vendredi, octobre 17th, 2014

Une date importante

par Pierre Bourdieu

En guise d’appel au rassemblement qui aura lieu à Paris, vendredi 17 octobre, à 17H30 au Pont Saint Michel, pour le cinquante-troisième anniversaire du massacre d’octobre 1961, nous reproduisons ici une brève déclaration de Pierre Bourdieu qui réussit, en peu de mots, à résumer l’enjeu de cette commémoration. Elle a été écrite, initialement, pour un Colloque organisé en 2001 à l’Assemblée Nationale par l’association 17 Octobre 1961 Contre l’Oubli et intitulé « 17 octobre 1961 : massacres d’Algériens sur ordonnance ? ».

J’ai maintes fois souhaité que la honte d’avoir été le témoin impuissant d’une violence d’État haineuse et organisée puisse se transformer en honte collective. Je voudrais aujourd’hui que le souvenir des crimes monstrueux du 17 octobre 1961, sorte de concentré de toutes les horreurs de la guerre d’Algérie, soit inscrit sur une stèle, en un haut lieu de toutes les villes de France, et aussi, à côté du portrait du Président de la République, dans tous les édifices publics, Mairies, Commissariats, Palais de justice, Écoles, à titre de mise en garde solennelle contre toute rechute dans la barbarie raciste.

source: http://lmsi.net/17-octobre-1961

O que se passou em 17 de outubro de 1961

http://passapalavra.info/2010/11/31390

Constellations

vendredi, octobre 17th, 2014

Compartilhando um projeto muito significativo, com textos que o coletivo SAGWE pretende traduzir aos trankos e barrancos…

https://constellations.boum.org/

Trajectoires révolutionnaires du jeune 21è siècle

>..< Trajetórias revolucionárias do jovem século XXI

par le collectif mauvaise troupe

>..< coletivo tropa ruim < trupe do mal

Constellations, c’est d’abord un livre publié aux éditions de l’éclat, qui raconte par petites touches une quinzaine d’années de vie et de lutte, ce qu’on a appelé des trajectoires révolutionnaires. C’est aussi ce site, qui publie en version lyber les textes du livre. Nous souhaitons prolonger l’aventure en l’ouvrant à d’autres récits et documents, et le site accueillera bientôt une rubrique « l’histoire continue ».

>..< Constelações, é antes de mais nada um livro publicado nas éditions de l’éclat, que conta em pequenas pinceladas uma quinzena de anos de vida e de luta, isso que a gente chamou de trajetórias revolucionárias. É também este site, que publica em versão lyber os textos do livro. Nós desejmos dar continuidade à aventura abrindo-a à outras narrativas/estórias e documentos, e o site acolherá em breve uma rubrica « a história continua ».

PRISM ⚡ Break

vendredi, octobre 17th, 2014

Projets libres des logiciels pour se protéger des programmes de surveillance.

Projetos livres de softwares para se proteger dos programas de vigilância.

https://prism-break.org/

Refusez les programmes de surveillance des données comme PRISM, XKeyscore and Tempora.

Nous avons tous le droit à la vie privée dès maintenant en chiffrant nos communications et en mettant fin à notre dépendance à l’égard des services propriétaires.

Diga não ao PRISM, o programa mundial de vigilância de dados da NSA.

Pare de reportar suas atividades online para o governo americano; use as seguintes alternativas livres ao software proprietário.