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Hakim BEY: Religion et Révolution

vendredi, juin 9th, 2017

Religion et Révolution

par Hakim Bey

source: http://endehors.net/news/religion-et-revolution-par-hakim-bey

Lu sur Hermesia :
L’argent et la religion hiérarchisée semblent être apparus au même moment mystérieux quelque part entre le début du Néolithique et le troisième millénaire avant J.C. à Sumer ou en Egypte. Mais qui est apparu en premier de la poule ou de l’œuf ? L’un n’est-il que la réponse de l’autre ou bien l’un n’est-il qu’un aspect de l’autre ?

Il n’y a aucun doute que l’argent possède une profonde connotation religieuse car, depuis le tout début de son apparition, il tend à prétendre à la condition spirituelle — se retirant lui-même du monde des formes matérielles –, à transcender la matérialité, à devenir le seul véritable symbole efficace. Avec l’invention de l’écriture aux environs de 3100 avant J.C., l’argent comme nous le connaissons émerge d’un système de jetons d’argile représentants des biens matériels et prend la forme de lettres de crédit inscrites sur des tablettes d’argile ; presque sans exception, ces « chèques » semblent être liés à des dettes détenues par le Temple d’Etat et en théorie pourraient avoir été utilisés dans un vaste système d’échange de notes de crédit « frappées » par la théocratie. Les pièces n’apparaissent pas avant environ 700 avant J.C. en Asie Mineure Hellénique ; elles étaient faites d’électrum (mélange d’or et d’argent) non du fait que ces métaux avaient une valeur marchande mais parce qu’ils étaient sacrés — le Soleil et la Lune ; le ratio de valeur entre eux a toujours été de 14 :1 non parce que la terre contient 14 fois autant d’argent que d’or mais parce la Lune met 14 jours solaires pour passer de sa phase sombre à sa phase pleine. Les pièces peuvent avoir leur origine dans le fait que les jetons du temple symbolisant une part du sacrifice des fidèles — souvenirs saints, pouvaient ensuite être monnayés pour obtenir des biens car ils avaient la « mana » et non une simple valeur utilitaire. (Cette fonction peut être à l’origine, à l’Age de la Pierre, du commerce de pierres « cérémonielles » utilisées dans des rites de distribution de type « potlach ».) Au contraire des notes de crédit mésopotamiennes, les pièces furent gravées d’images sacrées et furent considérées comme des objets « liminaux », points nodaux entre la réalité quotidienne et le monde des esprits (ainsi, la coutume de plier les pièces afin de les « spiritualiser » et de les jeter dans des puits qui sont les « yeux » de l’Autre Monde.) La dette elle-même — l’essence véritable de l’argent — est un concept hautement « spirituel ». Comme tribut (dette primitive) elle exemplifie la soumission face à un « pouvoir légitime » d’expropriation, masqué par une idéologie religieuse — mais comme « dette réelle et véritable » elle atteint à l’unique capacité spirituelle de se reproduire elle-même comme un être organique. Encore aujourd’hui, elle reste la seule substance « morte » dans le monde entier à posséder ce pouvoir — « l’argent attire l’argent ». A ce stade, l’argent commence à prendre un aspect « parodique » vis-à-vis de la religion — il semble que l’argent veuille rivaliser avec Dieu, devenir un esprit immanent en une forme purement métaphysique qui néanmoins « dirige » le monde. La Religion doit prendre conscience de la nature blasphématoire de l’argent et le condamner comme contra naturam. L’Argent et la Religion entrent en opposition — on ne peut servir à la fois Dieu et Mammon. Mais aussi longtemps que la religion continuera à se comporter en tant qu’idéologie de la « séparation » (Etat hiérarchisé, expropriation, etc.) elle n’arrivera jamais à s’atteler au problème de l’argent. Encore et encore des réformateurs apparaissent au sein de la religion pour chasser les marchands du Temple, et toujours ceux-ci reviennent — et, en fait, assez souvent les marchands deviennent le Temple lui-même. (Ce n’est certes pas un accident si les bâtiments bancaires furent copiés de l’architecture religieuse.) Selon Weber, c’est Calvin qui a finalement résolu le problème avec sa justification théologique de « l’usure » — mais cela ne porte pas crédit aux vrais Protestants, tels les Ranters et les Niveleurs qui proposèrent que la religion soit une fois pour toutes en opposition avec l’argent — amenant ainsi l’avènement du Millenium. Il semble bien plutôt que l’on doit porter au crédit de l’Illuminisme la résolution du problème — en se débarassant de la religion comme idéologie des classes dominantes et en la remplaçant par le rationalisme (et l' »Economie Classique »). Cette formule cependant fait mauvaise justice aux véritables Illuminati qui proposèrent le démantèlement de toutes les idéologies du pouvoir et de l’autorité — cela n’aidera pas non plus à expliquer pourquoi les religions « officielles » ne réussirent pas à réaliser leur potentiel d’opposition et donne plutôt un support moral à l’Etat et au Capital.

Cependant, sous l’influence du Romantisme on voit apparaître — à l’intérieur et à l’extérieur de la religion « officielle » — un sens grandissant de spiritualité comme alternative aux aspects oppressifs du Libéralisme et de ses alliés artistiques/intellectuels. D’un côté ce courant mènera à une forme conservatrice-révolutionnaire à la réaction romantique (par exemple Novalis) — mais d’un autre côté, il nourrira l’ancienne tradition hérétique (qui commença aussi avec l' »Aube des Civilisations » comme mouvement de résistance à la théocratie) — et se trouva dans une étrange alliance avec le radicalisme rationaliste ; William , par exemple, ou les « Chapelles Blasphématoires » de Spence et de ses fidèles, représentent cette tendance. La rencontre de la spiritualité et de la résistance n’est pas un événement surréaliste ou anormal qui puisse être adouci ou rationalisé par l' »Histoire » — elle occupe une position à la racine même du radicalisme ; — et en dépit de l’athéisme militant de Marx ou de Bakounine (lui-même une sorte de mutant mystique ou « hérétique »), le spirituel reste inextricablement impliqué dans la « Bonne Vieille Cause » qu’il a aidé à créer.

Il y a quelques années, Régis Debray écrivait un article qui mettait en évidence la fait qu’en dépit des prédictions optimistes du matérialisme du XIXe siècle, la religion échappe toujours avec perversité à la disparition — et que peut-être il était grand temps pour l’avènement d’une Révolution qui mette un terme à cette mystérieuse persistance. De culture catholique, Régis Debray s’était intéressé à la « Théologie de la Libération », elle-même une projection de la vieille quasi-hérésie des « Pauvres » Franciscains et de la redécouverte du « communisme de la Bible ». S’il avait considéré la culture protestante, il aurait pu se souvenir du XVIIe siècle, et rechercher son véritable héritage ; s’il avait été musulman il aurait pu évoquer le radicalisme des Shi’ites ou des Ismaïli, ou l’anticolonialisme des néo-sufi du XIXe siècle. Chaque religion a ardemment appelé sa propre antithèse intrinsèque ; chaque religion a considéré les implications d’une opposition morale au pouvoir ; chaque tradition contient un vocabulaire de la résistance aussi bien que de la soumission à l’oppression. Pour parler largement, on peut dire que jusqu’à aujourd’hui cette « contre-tradition » — qui est intérieure et extérieure à la religion — a eu un « contenu répressif ». La question de Debray concernait ce potentiel de réalisation. La Théologie de la Libération perdit beaucoup de son support au sein de l’église quand elle ne put plus servir cette fonction de rivale (ou de complice) au Communisme Soviétique ; et elle ne put plus servir cette fonction quand le Communisme s’effondra. Mais certains théologiens de la Libération semblèrent sincères — et ils continuent à l’être (comme au Mexique) ; de plus, une tendance au sein du Catholicisme, exemplifiée dans le quasi-anarchisme scolastique d’Ivan Illich, subsiste encore dans ses origines. Des tendances similaires peuvent être identifiées au sein de l’Orthodoxie (Bakounine), du Protestantisme, du Judaïsme, de l’Islam, et (dans un sens quelque peu différent) du Bouddhisme ; de plus, dans les formes « survivantes » les plus pauvres de la spiritualité (Chamanisme) ou des syncrétismes afro-américains on peut trouver une cause commune avec de nombreuses tendances au sein des religions « majeures » sur des problèmes tels que l’environnement et la moralité de l’anti-Capitalisme. En dépit des éléments de la réaction romantique, de nombreux mouvements New-Age ou post New-Age peuvent également être associés à cette catégorie.

Dans un précédant essai, nous avons souligné les raisons de croire que l’effondrement du Communisme implique le triomphe de son unique opposant, le Capitalisme ; ainsi, selon la propagande néo-libérale globalisante, il n’y a plus qu’un seul monde qui existe aujourd’hui ; et cette situation politique a de grave implications pour la théorie de l’argent en tant que déité virtuelle (autonome, spiritualisée et toute puissante) de l’unique univers. Dans ces conditions, tout ce qui était auparavant une troisième voie (neutralité, retrait, contre-culture, le « Tiers Monde », etc.) se retrouve aujourd’hui dans une situation nouvelle. Il n’y a plus de seconde – et donc comment en concevoir une troisième ? Les « alternatives » se sont réduites catastrophiquement. Le Monde Unique est maintenant dans une position qui lui permet d’écraser tout ce qui a échappé son baisé extatique – grâce à cette malheureuse croisade essentiellement économique contre l’Empire du Mal. Il n’y a plus de troisième voie, plus d’alternative. Tout ce qui est différent sera maintenant réduit en une « mêmeté » de ce Monde Unique — ou se trouvera en opposition avec ce monde. En acceptant cette thèse comme allant de soi, nous devons nous demander où la religion va se positionner sur cette nouvelle carte des « zones » de capitulations et de résistances. Si la « Révolution » a été libérée de l’incube oppressif soviétique et est redevenu un concept valable, sommes-nous finalement dans une position où nous pouvons tenter de donner une réponse à la question de Debray ?

Si l’on considère la « religion » dans son ensemble, en ce comprises des formes comme le chamanisme qui appartient plus à la Société qu’à l’Etat (selon les termes de l’anthropologie de Clastres) ; en ce compris les polythéismes, monothéismes et athéismes ; en ce compris le mysticisme et les hérésies tout comme les orthodoxies, les églises « réformées » et les « nouvelles religions » — il est évident que le sujet ainsi considéré manque de définitions, de frontières, de cohérence et ne peut être remis en cause au risque de générer une kyrielle de réponses plutôt qu’une réponse simple. Mais la « religion » se réfère pourtant à quelque chose — appelez cela une palette de couleurs dans le spectre du devenir humain — et comme telle pourrait être considérée comme une entité dialogique et un sujet théorisable. Au sein du mouvement capitaliste triomphant – dans son instant processuel pour ainsi dire – toute religion peut être vue uniquement comme nulle, c’est-à-dire comme un bien qui doit être emballé et vendu, un actif à réaliser ou une opposition à éliminer. Toute idée (ou idéologie) qui ne peut être soumise à la « Fin de l’Histoire » du capitalisme doit être détruite. Ceci inclut à la fois la réaction et la résistance — et plus encore l' »a-separatif » « re-liage » (religio) de la conscience avec l' »esprit » en tant qu’auto-détermination sans médiateur et créatrice de valeur — le but originel de tout rituel et rite. La Religion, en d’autres mots, a perdu sa connexion avec le pouvoir au sein du monde du fait que ce pouvoir a migré hors de ce monde — il a abandonné même l’Etat et parachevé la pureté de l’apothéose, comme dieu qui a « abandonné Antoine » dans le poème de Cavafy. Les quelques Etats (principalement Islamiques) où la religion détient le pouvoir sont localisés justement dans les régions les plus opposées au Capital — (leur donnant ainsi d’aussi mauvais compagnons que Cuba !). Comme toute « troisième voie » la religion fait face une nouvelle dichotomie : capitulation totale ou révolte. Ainsi, le « potentiel révolutionnaire » de la religion apparaît clairement — bien qu’il ne soit pas clair si la résistance peut prendre la forme de la réaction ou du radicalisme – ou si vraiment la religion n’est pas déjà battue – si son refus d’avancer est celle d’un ennemi ou d’un fantôme.

En Russie et en Serbie, l’Eglise Orthodoxe semble s’être impliquée dans la réaction contre le Nouvel Ordre Mondial et se trouve ainsi un nouveau sentiment de camaraderie avec ses anciens oppresseurs bolcheviques. En Tchétchénie, l’Ordre Sufi Naqshbandi continue sa lutte centenaire contre l’impérialisme russe. Au Chiapas, il y a une étrange alliance en les « païens » Mayas et les catholiques radicaux. Certaines factions du Protestantisme américain sont arrivées à un point de paranoïa et de résistance armée (mais même les paranoïaques ont des ennemis réels) ; alors que la spiritualité amérindienne semble animée d’un petit mais miraculeux regain de vitalité — pas un simple Fantôme cette fois-ci, mais une position raisonnée et profonde contre l’hégémonie de la monoculture Capitaliste. Le Dalaï Lama apparaît parfois comme le seul « leader mondial » capable de parler vrai à la fois des reliefs de la répression Communiste et des inhumaines forces du Capitalisme, un « Tibet Libre » pourrait donner un certain point de focalisation pour un bloc « interconfessionnel » de petites nations et de groupes religieux alliés contre le social-darwinisme transcendantal du consensus. Le Chamanisme arctique peut réémerger en tant qu’idéologie de l’auto-détermination de quelques-unes des nouvelles républiques sibériennes — et quelques « nouvelles religions » (comme le néo-paganisme occidental ou les cultes psychédéliques) appartiennent par définition au pôle de l’opposition.

L’Islam s’est posé lui-même comme l’ennemi de l’impérialisme chrétien et européen dès les premiers jours de son apparition. Tout au long du XXe siècle, l’Islam a fonctionné comme une « troisième voie » contre le Communisme et le Capitalisme, et dans le contexte du nouveau Monde Unique il constitue par définition un des rares mouvements de masse qui ne puisse être englobé dans l’unité d’un pseudo-« Consensus ». Malheureusement, le fer de lance de la résistance — le « fondamentalisme » — tend à réduire la complexité de l’Islam à une idéologie artificiellement cohérente — l' »Islamisme » — qui échoue clairement à parler au désir humain normal de différence et de complexité. Le Fondamentalisme a déjà échoué à s’impliquer lui-même dans les « libertés empiriques » qui doivent constituer les revendications minimales de la nouvelle résistance ; par exemple, sa critique de l' »usure » est d’évidence une réponse inadéquate aux machinations du F.M.I. et de la Banque Mondiale. La « porte de l’Interprétation » de la Sharia doit être rouverte — et non fermée à tout jamais — et une alternative complète au Capitalisme doit émerger de cette tradition. Quoique l’on puisse penser de la Révolution Libyenne de 1969, elle a au moins eu la vertu d’être un essai de fusionner l’anarcho-syndicalisme de 68 avec l’égalitarisme néo-Sufi des Ordres Nord Africains et de créer un Islam révolutionnaire — quelque chose de similaire peut être dit du « Socialisme Shi’ite » d’Ali Shariati en Iran, qui fut écrasé par l’ulémocratie avant d’avoir pu se cristalliser en un mouvement cohérent. Le fait est que l’Islam ne peut être rejeté en tant que puritanisme monolithique tel que décrit par les médias capitalistes. Si une coalition anticapitaliste originale doit apparaître dans le monde, cela ne peut se faire sans l’Islam. Le but de toutes théories capables de sympathie avec l’Islam, je crois, est d’encourager aujourd’hui ses traditions radicales et égalitaires et de réduire ses modes d’actions réactionnaires et autoritaires. Au sein de l’Islam persiste des figures mythiques comme le « Prophète Vert » et le guide occulté des mystiques, al-Khezr, qui pourraient devenir facilement des sortes de saints patrons de l’environnementalisme islamique ; et l’histoire offre de tels modèles comme le grand sufi algérien, le combattant de la liberté, l’Emir Abdel Kader, dont le dernier acte (en exil à Damas) fut de protéger les chrétiens syriaques contre la bigoterie des ulémas. A l’extérieur de l’Islam il existe un potentiel pour les mouvements « interconfessionnels » concernés par la paix, la tolérance et la résistance à la violence post-seculaire et post-rationaliste du néo-libéralisme et de ses alliés. En effet, le « potentiel révolutionnaire » de l’Islam même s’il n’est pas encore réalisé est toutefois réel.

Puisque c’est le Christianisme qui est la religion qui a donné « naissance » (selon la terminologie wébérienne) au Capitalisme, sa position par rapport à l’apothéose actuelle du Capitalisme est de fait plus problématique que celle de l’Islam. Pendant des siècles la Chrétienté s’est tournée vers elle-même et a construit une sorte de monde « fait pour croire », dans lequel un semblant de social peut persister (et encore seulement le dimanche) — même lorsqu’elle maintenait l’illusion d’une quelconque relation avec le pouvoir. En tant qu’allié du Capital (avec son semblant d’indifférence à l’hypothèse de la Foi) contre le « Communisme Athée », la Chrétienté a pu préserver l’illusion du pouvoir — au moins jusqu’aux cinq dernières années. Aujourd’hui, le Capitalisme n’a plus besoin du christianisme et du support social dont il a joui va bientôt s’évaporer. Déjà la reine d’Angleterre a du considérer le fait de ne plus être le Chef de l’Eglise anglicane — et il est peu probable qu’elle sera remplacée par un quelconque Président de société commerciale ! L’Argent est Dieu — Dieu est vraiment mort en fin de compte ; le Capitalisme a réalisé une hideuse parodie de l’idéal d’Illumination. Mais Jésus est un dieu mourant et en résurrection. Même Nietzsche a signé sa dernière lettre « insane » en tant que « Dionysos et le Crucifié » ; à la fin c’est peu être la seule religion qui puisse triompher de la religion. Au sein du christianisme, une myriade de tendances apparaît (ou ont survécus depuis le XVIIe siècle, tels les Quakers) cherchant à faire revivre ce Messie radical qui a purifié le Temple et promis le Royaume aux déshérités. En Amérique par exemple, il semble impossible d’imaginer un mouvement de masse qui puisse vraiment l’emporter contre le capitalisme (une certaine forme de « populisme progressiste ») sans la participation des églises. De plus, la tâche théorique commence à se clarifier ; on n’a plus besoin de proposer une sorte d' »entrisme » au sein du christianisme organisé afin de le radicaliser par une conspiration de l’intérieur. Le but serait plutôt d’encourager un potentiel sincère et étendu du christianisme radical soit de l’intérieur en tant que fidèle honnête ou en tant que sympathisant sincère de l’extérieur.

Je m’attends à ce que ces idées rencontrent peu d’acceptation au sein de l’anarchisme traditionnel et athéiste ou des survivants du « matérialisme dialectique ». Le radicalisme illuministe a longtemps refusé de ne reconnaître aucune racine autre qu’historique au radicalisme religieux. Comme résultat, la Révolution jette le bébé avec l’eau du bain de l’Inquisition ou de la répression puritaine. En dépit de l’insistance de Sorel au besoin de la Révolution à avoir un « mythe », elle préfère plutôt baser tout sur la « raison pure ». Mais l’anarchisme et le communisme spirituel (tout comme la religion elle-même) ont échoué à disparaître. En fait, en devenant une anti-religion, le radicalisme est revenu à une sorte de mysticisme fait-maison, complet avec son rituel, son symbolisme et sa morale. Le remarque de Bakounine au sujet de Dieu — que s’il existait, on devrait le tuer — passerait pour de la pure orthodoxie au sein du Bouddhisme Zen ! Le mouvement psychédélique qui a offert une sorte de vérification « scientifique » (ou du moins expérimentale) de la conscience non-ordinaire, a mené à un degré de rapprochement entre la spiritualité et la politique radicale — et la trajectoire de ce mouvement ne fait que commencer. Si la religion a « toujours » été impliquée dans une forme quelconque d’enthéogénèse (« naissance du dieu intérieur ») ou de la libération de la conscience, certaines formes de propositions utopiques ou promesses d’un « paradis sur terre », et certaines formes d’actions militantes et positives pour une « justice sociale » comme plan de Dieu pour la création. Le Chamanisme est une forme de « religion » qui (comme Clastres l’a démontré) peut effectivement institutionnaliser la spiritualité contre l’émergence de hiérarchies et de séparations — et toutes les religions possèdent en elles au moins une trace chamanique.

Toutes les religions peuvent démontrer une tradition radicale, d’une manière ou d’une autre. Le Taoïsme a produit les Bonnets Jaunes — où les Tong collaborèrent avec l’anarchisme au sein de la révolution de 1911. Le Judaïsme a produit l' »anarcho-sionisme » de Marin Buber et Gershom Scholem (profondément influencé par Gustav Landauer et autres anarchistes de 1919), qui trouva sa voix la plus éloquente et paradoxale en Walter Benjamin. L’Hindouisme a donné naissance au parti terroriste Bengali ultra-radical — et aussi à M. Gandhi, le seul théoricien de la révolution non-violent qui ait eu du succès au Xxe siècle. A l’évidence, l’anarchisme et le communisme n’arriveront jamais à s’entendre avec la religion sur des sujets tels que l’autorité et la propriété ; et peut-être peut-on dire que l' »Après-Révolution » verra de telles questions rester sans réponse. Mais il semble clair que sans la religion il n’y aura aucune révolution radicale ; l’Ancienne Gauche et la (vieille) Nouvelle Gauche ne peuvent se battre seules. L’alternative à l’alliance aujourd’hui est de regarder pendant que la Réaction coopte les forces de la religion et lance une révolution sans nous. Que vous le vouliez ou non, il est nécessaire de mettre en place une forme stratégie préemptive. La Résistance demande un vocabulaire au travers duquel notre cause commune peut être discutée.

Si tant est que l’on puisse classer tout ce qui précède sous la rubrique « sentiments admirables », nous nous trouverions nous-mêmes loin d’un programme d’action évident. La religion ne va pas nous « sauver » en ce sens (et peut-être que l’inverse est vrai !) — en aucun cas la religion ne doit faire face à la même perplexité que toutes autres formes de la « troisième voie », en ce compris toutes les formes du radicalisme anti-autoritaire et anti-capitaliste. La nouvelle « totalité » et ses médias apparaissent tellement persuasifs que pour annihiler tout programme à tendance révolutionnaire, car tous les « messages » sont perçus de manière égale comme étant issus du Capital lui-même. Bien sûr la situation est désespérée — mais la stupidité seule pourrait prendre cela comme raison de désespérer ou d’accepter la défaite. L’espoir contre l’espoir — l’espoir révolutionnaire de Bloch — appartient à une « utopie » qui n’est jamais tout à fait absente même lorsqu’il y est le moins présent ; et cela appartient aussi bien à la sphère religieuse dans laquelle le désespoir est le péché absolu contre l’Esprit Saint — la trahison de la divinité intérieure — l’échec à devenir humain. « Le devoir Karmique » au sens donné par la Bhagavad Gita — ou au sens de « devoir révolutionnaire » — n’est pas quelque chose d’imposé par la Nature, comme la gravité ou la mort. C’est un don gratuit de l’esprit — on peut accepter ou refuser ce fait — et chacune de ces attitudes est périlleuse. Le refuser c’est courir le risque de mourir sans avoir vécu. L’accepter est encore plus dangereux mais offre de plus intéressantes possibilités. Une version comme celle de Pascal Wager non pas celle sur l’immortalité de l’âme mais simplement sur sa simple existence.

Pour utiliser une métaphore religieuse (que nous avons jusqu’ici essayé d’éviter), le millenium a commencé 5 ans avant la fin de ce siècle, quand le Monde Unique est apparu et qu’il a banni toute dualité. Cependant, dans une perspective judéo-islamo-chrétienne, il est le faux millenium de l' »Anté-christ » ; qui n’est pas une personne (sauf peut-être dans le monde des Archétypes) mais une entité impersonnelle, une force contra naturam — l’entropie travestie en Vie. Dans ce sens, le règne de l’iniquité doit et sera combattue dans le vrai millenium, l’avènement du Messie. Mais le Messie également n’est pas une simple personne issue du monde — mais plutôt une collectivité dans laquelle chaque individualité est réalisée et donc (à nouveau métaphoriquement ou imaginalement) immortalisée. Le « Peuple-Messie » n’entre pas dans la « mêmeté » homogène ni dans la séparation infernale du capitalisme entropique mais dans la différence et la présence de la révolution — la lutte, la « guerre sainte ». Sur cette base seule nous pouvons commencer à travailler sur une théorie de la réconciliation des forces positives de la religion et des causes de la résistance. Ce qui nous est offert ici n’est que le début du commencement.

Dublin, 1er septembre 1996.

In « Millenium » – Chapitre « Religion et Revolution »

Bey – Traduction par Abraham ibn Sabbah – Novembre 2001 e.v.

BOOKCHIN: textes et articles

jeudi, juillet 28th, 2016

Tiens! Une compile de textes de Murray Bookchin

http://www.kedistan.net/wp-content/uploads/2016/07/compilation-murray-bookchin.pdf

Pris ici, dans cet article sur le site Kedistan:

L’homme qui parlait à l’oreille d’Öcalan

En plus, il y a l’article au Diplo:

http://www.monde-diplomatique.fr/2016/07/FERNANDEZ/55910

 

MENEGAT: O fim da gestão da barbárie

dimanche, juin 12th, 2016

O fim da gestão da barbárie – Marildo Menegat

de um link de um post de twitter ou de facebook perdido no fluxo E$peKtral das time lines, que indicava pra este blog https://arlindenor.com/2016/01/06/o-fim-da-gestao-da-barbarie-marildo-menegat/

[as notas e grifos em negrito e sublinhadas são meus]

1.

A curiosa sensação de estar assistindo a um sinistro fim de festa se apodera de todos aqueles que procuram entender o significado dos protestos da classe média predominantemente branca iniciados ainda durante os jogos da copa de 2014 e continuados nas manifestações de março e abril de 2015. Diferente dos protestos de 2013, estes têm um perfil conservador dominante e são essencialmente premonitórios: não sabem o que dizem, mas sabem o que fazem. Esta sensação precisa ser explicada, pois trata-se de uma intuição coletiva de que terminado o tempo das vacas gordas, tudo que antes foi sagrado deve ser agora profanado. Para isso, se procurarmos uma definição sintética do significado histórico dos governos do PT, não estaremos longe de um acerto se os definirmos como os anos improváveis de uma bem sucedida gestão da barbárie. Pois é o arsenal destas políticas e suas técnicas de ‘governabilidade social’ que serão profanadas, mas não por razões meramente ideológicas, destas que poderiam dividir esquerda x direita numa luta cheia de glórias, e sim pela disputa pequena de como se deve organizar a próxima etapa do desmoronamento da sociedade brasileira dentro da crise mundial – e neste cenário nem o PT nem a direita apresentam ou significam saídas.

 

Esta situação histórica esdrúxula se apresenta minada por formas ideológicas fantasmagóricas que, num espetáculo de gosto duvidoso, parecem encenar os verdes anos da velha luta de classes; de repente, 1964 passa a rondar a imaginação de todos como se pudesse ser novamente revivido – com direito a cicatrizes antecipadas. Uma farsa des-graciosa. A sociedade brasileira que desmorona desde os anos 1980 é o resultado de mais de um século bem sucedido da internalização do capital e, a partir de então, de seus limites lógicos internos. Em 1964, talvez, ainda fosse possível se realizar uma expansão deste processo social a partir de ‘reformas de base’ com distribuição de riqueza, mas depois da crise da dívida, em 1981, o capitalismo entrou numa fase em que, no mundo inteiro, assegurar direitos conquistados, quando possível, teve o sabor de amarga vitória. É esta situação que fica encoberta no teatro conservador das ruas e nas respostas débeis que a elas dá a esquerda tradicional – governista ou na oposição.

 

2.

A globalização ou mundialização imediata do mercado, em que as mediações e barreiras dos Estados Nacionais foram detonadas pela concorrência – esta insuprimível enquanto o processo da acumulação ampliada de capital ainda se sustentar, mesmo que com forças produtivas que não cabem mais nas estreitas margens da produção de mercadorias -, cria relações de interdependência incontornáveis, principalmente em sociedades periféricas. Neste sentido, o capitalismo é a crise e não há, por enquanto, qualquer perspectiva de um se livrar do outro. (Este é um dos lados cômicos da farsa que se espetaculariza nas manifestações, pois o PT e a corrupção são tão causas da crise quanto os mesmos e a Petrobras estariam preparando as condições históricas de um novo futuro para a nação). Acontece que com a imposição de novos patamares de concorrência pelo mercado global, boa parte do esforço de industrialização do Brasil ficou rapidamente obsoleto. Em duas décadas a desindustrialização tornou-se uma realidade que desafia o pensamento de todos aqueles que concebem esta questão como um problema redutível à vontade política. A verdade é que as bases técnicas do desenvolvimento do capitalismo no Brasil sempre foram defasadas em relação aos países centrais, porém, durante muito tempo foi possível compensar esta diferença com salários baixos e restrições de direitos (como o de greve na ditadura militar). Estas condições nunca foram superadas, entre outros motivos, devido às bases restritas de acumulação interna de capital, de tal modo que, quando a competição passou a ser direta e a privilegiar as bases tecnocientíficas da produção, as vantagens relativas do salário baixo desapareceram como pó.

 

O caráter dramático desta situação fica mais nítido quando se acrescenta que desde 1940 houve um êxodo rural gigantesco, que transferiu em 40 anos, para um conjunto não muito grande de regiões metropolitanas, mais de 70% da população. A reprodução desta massa humana urbana nos padrões elementares de uma moderna sociedade produtora de mercadorias é impossível sem um forte setor industrial. Com o seu desmoronamento, tanto o desemprego passou a níveis insuportáveis, como as importações começaram a forçar cada vez mais os déficits da balança comercial. Para ficarmos apenas nos anos 1990, estima-se em mais de 10 milhões de empregos fechados. A corrente que anima o sistema de produção e reprodução social passou a circular em baixa intensidade e, por isso, a cada novo ciclo econômico, novas quebras ou modernizações de empresas representaram quantidades maiores de indivíduos excluídos das condições elementares de existência por meio de um salário (mesmo que este fenômeno se assemelhe, pelo pauperismo, é bastante diferente em termos estruturais daquele do baixo salário da superexploração que funcionou como vantagem relativa no período anterior).

 

Por certo já é perceptível que estamos descrevendo uma sociedade colapsada. O sistema de produção não permite as condições de realização das necessidades de contingentes crescentes da população. Se não nos prendermos aos dados oficiais, o número de indivíduos da população economicamente ativa (PEA) desempregados, que sequer procuram emprego, é alarmante, mesmo depois do crescimento da economia no último lustro. As populações de algumas regiões do país, como o Nordeste, apenas são rentáveis no atual quadro da concorrência mundial a partir de um comércio de bens de consumo popular financiados por transferência de rendas estatais como o Bolsa Família e trabalhos temporários em alguns ramos fortemente ancorados em atividades precárias, como o corte de cana em São Paulo – aliás já em vias de supressão –, confecções por peças e etc. Há muito tem viralizado em redes sociais da internet declarações de ódio a setores específicos da população, como os nordestinos, os negros ou, mais abstratamente, os pobres. O ex-presidente Fernando Henrique, modelo acabado da estupidez sem freios em que a dialética do iluminismo se realiza, durante a eleição de 2014 foi o arauto de uma destas boutades. A conexão entre o porta-voz e, para voltarmos às manifestações obscurantistas acima comentadas, as classes médias predominantemente brancas, é o início da verbalização de algo que em breve se sedimentará em movimentos com violência crescente: livrar-se fisicamente dos perdedores da competição global.

 

3.

Qual foi o corte conjuntural que avivou tanta bestialidade? O segredo pode estar na forma como vivemos nos últimos anos. Poucos se perguntaram neste período como podia um país que já passava a habitar o brejo das almas das nações quebradas pela corrida da globalização, manter uma balança comercial superavitária exportando predominantemente commodities? O ‘bilhete da sorte’ do governo Lula foi tirado em 2002, quando se iniciou uma bolha especulativa com o preço das commodities. Entre este ano e 2008 os preços não pararam de subir, quando, em razão do estouro da bolha imobiliária nos EUA e do agravamento da crise mundial, os preços caíram, para voltar a subir rapidamente em 2010 e voltar a cair desde 2012. Estes movimentos dão uma base mais consistente para se entender diversos fenômenos, como a popularidade dos governos do PT neste período e a razão sem volta do dissenso atual.

 

Bolhas financeiras são sintomas agudos de crise. Elas consistem no emprego do capital excedente que circula no mercado mundial, resultante de uma superacumulação que já não encontra oportunidades rentáveis de aplicação na produção em nenhum lugar do mundo. Dinheiro quente desesperado ante a possibilidade iminente de desvalorização. Elas são uma exacerbação e ampliação do chamado capital fictício observado por Marx ainda no século XIX. Segundo este conceito, o dinheiro excedente destinado ao crédito tende a se reproduzir a partir dele mesmo, ou seja, a se transformar na fórmula simplificada de D-D’. Para quem toma este dinheiro emprestado, seria fundamental que fizesse seu emprego produtivo, para que o ciclo de reprodução do capital continuasse a se realizar sem rupturas bruscas. Se assim for, no seu retorno para o emprestador, pouco importa imediatamente para este o uso que foi feito do dinheiro. Esta questão somente aparecerá na reprodução total do capital. Caso o seu emprego tenha sido apenas em consumo não-produtivo (como é o caso de um processo especulativo), na perspectiva do capital total, o seu valor inicial declinante e o mais-valor – que de fato não se produziu – se perdem. Ou seja, dele não resulta a fórmula ampliada D-M-D’, e, por conseguinte, a desvalorização que parecia ter sido evitada se realiza com força maior, pois arrastará uma cadeia fictícia de valores que alimentou falsamente a reprodução social. Ela passou a criar uma realidade que, não obstante ser uma objetivação das formas abstratas que a sustentam, é constituída de uma objetividade impossível de manter sua existência sob o ponto de vista da valorização do valor (Marx). O absurdo deste real ao mesmo tempo i-real é que ele viabiliza a existência momentânea de milhões de indivíduos já descartados pelo processo de reprodução, reincluíndo-os como fantasmas portadores de crédito, ou trabalhadores precarizados do setor de serviços – que pouco acrescenta à difícil rentabilidade do capital -, etc. As duas formas, por excelência, de que se investe a assombrosa ação do capital fictício são as dívidas públicas e o mercado de ações. Tal quadro tem seu fundamento na base técnica sobre a qual se realiza a concorrência no capitalismo globalizado [?]. Como ela elimina quantidades imensas de trabalho vivo, aumentando o peso do trabalho morto na composição orgânica do capital, a produção de valor vai ficando fraca, insuficiente para valorizar o capital acumulado sedento por investir-se. Por esta razão a especulação não é uma ‘livre escolha’ dos agentes econômicos, mas uma ‘fuga para frente’ do sistema, ou seja, é mais um sintoma do agravamento da crise do que uma saída. Este fenômeno já está posto, sob o ponto de vista lógico desta análise, como a causa da desindustrialização [Ué ? Pareceu o contrário, que a desindustrialização seria a causa] comentada acima; o que ocorre agora é que o circuito de baixa intensidade que dali resultava foi artificialmente intensificado, sem dele resultar um novo processo de expansão e desenvolvimento sobre o qual se pudesse erguer um projeto de nação – como ilusoriamente o petismo sustentou.

 

Contudo, enquanto o artificio durou – 2002-2008; 2010-12 – os governos lulo-petistas colocaram em andamento toda energia destrutiva, tanto ecológica quanto social, do desenvolvimentismo. A exportação de ferro, soja, milho, açúcar etc. financiou uma inversão na tendência de déficit da balança comercial causados pela perda de competitividade da indústria nacional. Estes recursos resultavam de uma valorização do preço destas commodities devido não a ganhos de produtividade – se bem que houve algum ganho em pequena escala -, ou a um aumento excepcional da demanda – se bem que isto também ocorreu, sem que justifique preços tão altos -, mas a uma ascensão aos céus destes preços devido a uma bolha especulativa. Enquanto seu ar quente enchia balões, o governo tratou de desengavetar o planejamento estratégico, legítimo esqueleto de armário do falecido Estado Nacional, e encenou a realização de um projeto nacional em plena fagocitose desta forma em decorrência da globalização. Dessa maneira, foi induzido um aquecimento do consumo no mercado interno – note o leitor que este aquecimento esteve presente desde o início, e não como resultado de um ciclo de maturação de investimentos produtivos que, por sua vez, teriam induzido o consumo através de novos empregos e o aumento dos salários por conta do aquecimento do mercado de trabalho etc. – por meio de ganhos reais do salário mínimo e farta oferta de crédito (o consignado, por exemplo). Este aquecimento levou o setor de serviços a uma verdadeira apoteose, criando rapidamente milhões de empregos de baixa remuneração e qualificação. Num primeiro momento, como o Estado voltou a ter recursos para investir, devido ao superávit da balança comercial, criou-se o Programa de Aceleração do Crescimento, PAC-I, que tinha principalmente o modesto objetivo de reconstruir a infraestrutura de estradas, portos etc., reduzindo os custos de exportação. Em 2007, porém, a Petrobras anunciou a descoberta do pré-sal. Com ela o feitiço tornou-se inebriante. Com o crash da bolsa de valores americana em 2008, foram postas em andamento, nos anos seguintes no Brasil, políticas anticíclicas para evitar já naquele momento um desastre maior. O planejamento ganhou contornos astronômicos e fez-se um mega esforço de capitalização desta empresa estatal para tornar o Brasil um grande produtor de petróleo. Esta foi, talvez, a aposta mais alta do projeto lulo-petista, porque a extração de petróleo, mais do que a produção de commodities agrícolas e a extração mineral, tem a potencialidade de alimentar uma cadeia produtiva complexa e com capacidade de criar um punhado de empregos industriais maior que os demais setores. A revitalização da indústria naval devia compensar o fechamento de tantas outras neste mesmo período.

 

A capitalização da Petrobras via BNDES foi paralela ao financiamento de grandes empresas brasileiras com vistas a ocupar posições mais vantajosas na economia mundial. Dinheiro emprestado para aquisições, essencialmente, com pouco investimento em novos meios de produção. A presença deste banco em empresas brasileiras faz dele proprietário ou financiador de parcela significativa do PIB! A esta altura o feitiço já começava a se voltar contra o feiticeiro. A primeira onda da bolha estoura em 2008. No entanto, por conta da Copa do Mundo de 2014 e das Olimpíadas de 2016, iniciou-se uma bolha imobiliária interna, com repercussão em boa parte das grandes cidades. Novamente o Estado entrou como facilitador da indução artificial, e passou, com o PAC-II a financiar uma série de obras cosméticas em mobilidade urbana, construção e reforma de estádios e o Programa Minha Casa, Minha Vida, fortalecendo a ilusão de que o aumento repentino e astronômico do preço dos imóveis tinha uma base real. Porém, nada foi como a primeira onda da bolha, de 2002-2008. Dada a gravidade da crise mundial, de 2010 em diante as premonições começaram a se formar.

 

4.

Antes de analisarmos novamente as precipitações recentes deste quadro de tensões, fazem-se necessários alguns comentários sobre o que se quer dizer com “gestão da barbárie”. Desde 1981, as dívidas pesam sobre o Estado de tal forma que inviabilizam a manutenção de diversas de suas funções vitais, entre elas, além dos investimentos (comentado acima), o financiamento de políticas públicas. Na década de 1990, o ‘desmonte da nação’, a partir dos primeiros choques da abertura da economia, foi verdadeiramente catastrófico. Um estado de emergência social se espalhava em todas as regiões do território nacional. A violência passou a ser endêmica e o número de mortes por causas externas e de encarcerados chegou a índices de uma guerra civil. Diante deste estado de calamidade, ao vencer as eleições em 2002, o PT se credenciava para a gestão desta crise social com uma longa ficha corrida de experiências (principalmente em prefeituras). Nestas experiências, o partido foi criando para si outro lugar na história, distinto das antigas polêmicas sobre ser um partido revolucionário ou de reformas. Seu sentido histórico último será mesmo o de ter construído um sistema original de gestão de uma sociedade que desmorona. Que este sistema seja concebido como parte de um esforço de transição (para onde?) é tão somente uma das formas fantasmagóricas da ideologia deste período histórico. Em toda sua arquitetura, as políticas sociais passaram a ser concebidas como uma linha auxiliar da tentativa de reanimação econômica do gigante combalido. Os circuitos que a transferência de renda deveria percorrer sempre estiveram integrados a uma expectativa [crença no desenvolvimento das forças produtivas] de que, em algum momento, o mecanismo autômato e declinante da economia voltasse aos tempos de outrora e crescesse por suas próprias forças. (Este é outro momento tragicômico das manifestações obscurantistas de 2015. Seus participantes enxergam nas técnicas de gestão da barbárie apenas um aspecto oportunista – e o creditam a uma manipulação com vistas à perpetuação no poder. Porém, tanto o PT como os manifestantes pensam que em algum momento estas massas se tornarão de novo economicamente viáveis). Observe o leitor que as politicas de assistência estavam diretamente ligadas e subordinadas ao contexto mais geral de gestão econômica. Isso se deve ao fato de que, como a economia é uma esfera autônoma da sociedade burguesa, que predomina em sua dinâmica sobre as demais esferas de produção da vida social, se ocorrer o desmoronamento desta, ela leva consigo, portanto, todas as formas de vida em comum.[!!!] Assim, governabilidade social é, em grande medida, fazer com que refugos econômicos sejam reaproveitáveis. Em outros termos, o horizonte social, nestes casos, não vai nunca além da intenção de manter os indivíduos ligados a um sistema produtor de mercadorias, [in]justamente quando este nada mais pode fazer para a reprodução deles.[!!!]

 

Como a bolha estourou, também este aspecto do projeto lulo-petista ficou a ver navios. A sinergia que a gestão econômica da crise social deveria produzir não se efetivará jamais. De tudo isto, sobrará apenas o braço punitivo hipertrofiado com prisões abarrotadas e as polícias superarmadas. As técnicas de gestão da barbárie, além da concepção de integração econômica, pressupunham também o financiamento, que passará a ser cada vez mais difícil no próximo período. O fim da festa pregou uma peça na prepotência ideológica do progresso sem fim da esquerda tradicional (eis outra convergência trágica entre os manifestantes de classe média e o PT – se bem que a esquerda oposicionista, sobre este tema, em nada se diferencie). Sobram canteiros de obras inacabadas por todos os lados, índios removidos para sempre de suas terras ancestrais e hidrelétricas sem fios para conectar a eletricidade com os centros urbanos e as fábricas que nunca existirão. O desemprego voltou a crescer e, por um bom tempo, não encontrará obstáculos que o limite. A violência também seguirá novos rumos. Esta população de brancos enraivecidos que se despe na av. Paulista como se estivessem ‘na maior’ intimidade já avisou que “fará justiça com as próprias mãos”.

 

A dívida pública deve crescer aos saltos. O financiamento do PAC-II, principalmente com as capitalizações do BNDES, junto às políticas anticíclicas (com isenções de impostos e subvenções), deixou um rombo nos cofres públicos. O desmonte do Brasil entrará num outro ciclo de estagnação endividada. O futuro já acabou. Mas contra o que mesmo se voltam os protestos? Sem simplificar diferenças, fundamentalmente não tivemos dois mundos separados pelo antes e depois dos governos lulo-petistas. Os elementos de continuidade com o período anterior ficam agora mais nítidos do que suas descontinuidades. As descontinuidades dependeram de um instrumento de politica econômica produzido pela própria crise que teve como consequência aprofundar mais ainda a crise. Não foi o PT quem o inventou, mas o PT não foi capaz de discernir que dele não resultaria nenhuma saída.

DELEUZE: Microfascisme concerté >..< Microfascismo orquestrado

mardi, avril 26th, 2016

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« O velho fascismo tão atual e potente que possa ser ele em muitos países, não é o novo problema atual. Nos preparam outros fascismos. Todo um neo-fascismo se instala em relação ao qual o antigo fascismo faz figura folklórika […]. No lugar de ser uma política e uma economia de guerra, o neo-fascismo é um conluio mundial para a segurança, para a gestão de uma ‘paz’ não menos terrível, com a organização orquestrada de todos os pequenos medos, de todas as pequenas angústias que fazem de nós tão microfascistas, encarregados de sufocar cada coisa, cada rosto, cada fala um pouco forte, em sua rua, em seu bairro, na sala de cinema. »

Gilles DELEUZE, fevereiro 1977.

Chico BUARQUE: Morro Dois Irmãos

jeudi, avril 7th, 2016

Temple-of-Osiris_Flower-of-Life_02Morro Dois Irmãos

Chico Buarque, 1989

Dois Irmãos, quando vai alta a madrugada
E a teus pés vão-se encostar os instrumentos
Aprendi a respeitar tua prumada
E desconfiar do teu silêncio

Penso ouvir a pulsação atravessada
Do que foi e o que será noutra existência
É assim como se a rocha dilatada
Fosse uma concentração de tempos

É assim como se o ritmo do nada
Fosse, sim, todos os ritmos por dentro
Ou, então, como uma música parada
Sobre uma montanha em movimento

 

Simone WEIL

dimanche, avril 3rd, 2016

Un reccueil d’ articles sur Simone WEIL…

Émissions sur la radio France Culture:

Simone Weil, la femme revoltée avec Jacques Julliard

Les Racines du ciel

« Le choc Simone Weil » ed. Café voltaire, Flammarion

http://www.franceculture.fr/player/export-reecouter?content=15141f8b-b8df-11e3-8bf7-782bcb73ed47

Actualité philosophique : Simone Weil, avec le philosophe Robert Chenavier.

Autour du Prélude à une déclaration des devoirs envers l’être humain , plus connu sous le titre de L’Enracinement .

L’engagement au risque de sa vie 3/3 : Simone Weil et la foi

Les Nouveaux chemins de la connaissance

Semaine consacrée à l’engagement, avec Robert Chenavier.

http://www.franceculture.fr/player/export-reecouter?content=b99debfc-e1aa-11e3-abee-782bcb73ed47

Simone Weil et le Christ

CURDAS: Confederalismo Democrático de Comunidades Autônomas, alternativa à centralização Estatístika

jeudi, mars 24th, 2016

ZIBECHI: A dominação é macro e micro, simultaneamente de caráter militar e imaterial

lundi, mars 21st, 2016

A opção que não transformou e que perdeu o fôlego. Entrevista especial com Raúl Zibechi

Brasil, Destaque CombateRacismoAmbiental

Hoje, ainda que continuem existindo governos progressistas, o modo de governar é considerado conservador, como fica muito claro no Brasil”, afirma o jornalista uruguaio

IHU On-Line

Não há como fazer uma omelete sem quebrar os ovos. É mais ou menos na lógica desse ditado que Raúl Zibechi reflete sobre o que acontece com o governo — dito — progressista e de esquerda no Brasil. “Minha impressão é que se optou por uma forma de governo sem conflitos, nem com a direita, nem com os setores populares”, diz. Para ele, não é uma exclusividade brasileira, mas algo recorrente na América Latina que não levou a profundas transformações sociais. “Ante os ricos, apresenta-se como aquele que pode apaziguar os de baixo. E ante os de baixo, apresenta-se como o grande beneficiário com diversas políticas sociais. Quando esse cenário é dissolvido, os governantes não sabem como se manter”, analisa, ao destacar o que ocorre quando o modelo chega a um limite.

Na entrevista concedida por e-mail à IHU On-Line, Zibechi olha desde a realidade do Brasil que transborda para a América do Sul. Nessa lógica conciliadora, o que há é uma inclusão pelo consumo que, ao invés de romper com o capital, alimenta-se dele. De acordo com o entrevistado, é importante perceber isso para entender por que este é um ciclo que chega ao fim. Uma das causas que levam ao esgotamento, segundo ele, “é que os preços das commodities caíram. Isto é importante, pois a chave para o ‘milagre’ do modelo político-econômico progressista foi que os altos preços de exportação permitiram um grande excedente que tornou possível a melhora da situação dos mais pobres, sem tocar nos privilégios dos mais ricos. Isto acabou. Com o agravante de que os grandes beneficiários desse ‘milagre’ foram os bancos, o setor financeiro”.

Raúl Zibechi é escritor, jornalista e pensador-ativista uruguaio, dedicado ao trabalho com movimentos sociais na América Latina. Foi membro da Frente Revolucionária Student – FER, grupo de estudantes ligados ao Movimento de Libertação Nacional – Tupamaros. Em meados dos anos 1980, começou a publicar artigos em revistas e jornais de esquerda (Página Aberta, Egin, Libertação) e meios de comunicação da América Latina (Pagina/12, Argentina, e Mate Amargo, Uruguai). Foi editor do semanário Brecha e ganhou o Prêmio de Jornalismo José Martí por sua análise do movimento social argentino que levou à insurreição de dezembro de 2001. Entre suas publicações mais recentes, estão Latiendo Resistencia. Mundos Nuevos y Guerras de Despojo (Oaxaca: El Rebozo, 2015), Descolonizar el pensamiento crítico y las prácticas emancipatorias (Quimantú, 2014 y Desdeabajo, 2015) e Preservar y compartir. Bienes comunes y movimientos sociales (Buenos Aires: Mardulce, 2013).

Confira a entrevista.

IHU On-Line – Que leitura é possível fazer da situação atual dos governos progressistas na América Latina de hoje? O que aconteceu em 2016 para estarem tão diferentes, se são os mesmos governos de 2014?

Raúl Zibechi – É evidente que algo está chegando ao seu fim. Podemos discutir as causas, seja a ofensiva de direita e dos meios de comunicação, como dizem os governos, ou seja a possibilidade de ter terminado um ciclo político e econômico, como dizemos aqueles que têm um posicionamento crítico. Mas o que está claro é que um período está se concluindo. Hoje, ainda que continuem existindo governos progressistas, o modo de governar é considerado conservador, como fica muito claro no Brasil.

Existem três principais diferenças em comparação a 2014 ou 2013. Uma delas é que os preços das commodities caíram. Isto é importante, pois a chave para o “milagre” do modelo político-econômico progressista foi que os altos preços de exportação permitiram um grande excedente que tornou possível a melhora da situação dos mais pobres, sem tocar nos privilégios dos mais ricos. Isto acabou. Com o agravante de que os grandes beneficiários desse “milagre” foram os bancos, o setor financeiro.

A situação dos pobres melhorou, não por mudanças estruturais, mas através do consumo, ou seja, continuam pobres, mas capazes de consumir, não integrados como cidadãos com direitos, mas como consumidores. Mas agora eles estão em dívida com os bancos, que é o setor que recebe o maior benefício nesta crise.

A segunda diferença é que as direitas estão em uma ofensiva muito potente. Os neoconservadores apostam na guerra, e nesse sentido, os eventos na Ucrânia (Euromaidan e a queda do presidente Yanukovych [1]) demonstram a decisão de ir à guerra: contra a Rússia para derrubar Putin [2], contra a China para conter sua ascensão, contra todos os governos que não se adequarem a seus interesses, ou seja, ao capital financeiro que está devastando a vida no planeta.

A terceira mudança é a reativação dos movimentos populares e o nascimento de novos movimentos. Junho de 2013 é um divisor de águas no Brasil, uma grande mudança que deve ser interpretada como um grito contra a desigualdade que, como sabemos agora, não se moveu, mas continuou a se aprofundar. O “consenso lulista” [3], como diz André Singer [4], só poderia ser mantido diante da passividade dos setores populares. É por isso que os eventos de junho deixaram o Partido dos Trabalhadores – PT e a Central Única dos Trabalhadores – CUT paralisados. Eles não souberam como reagir, permitindo que a direita se aproveitasse daquela paralisia.

IHU On-Line – Como entender a opção de governos progressistas pelo modelo econômico com base nas regras do sistema financeiro global? Quais são os limites desse modelo e como esse modelo pôs em xeque princípios ontológicos da esquerda?

Raúl Zibechi – Minha impressão é que se optou por uma forma de governo sem conflitos, nem com a direita nem com os setores populares. Esse progressismo, considerando o Brasil, o Uruguai e a Argentina, evita conflitos porque precisa posicionar-se acima das classes, como árbitro dos interesses das mesmas. Ante os ricos, apresenta-se como aquele que pode apaziguar os de baixo. E ante os de baixo, apresenta- se como o grande beneficiário com diversas políticas sociais. Quando esse cenário é dissolvido, os governantes não sabem como se manter, reagindo defensivamente.

O PT e a CUT poderiam ter ido às ruas protestar junto com o Movimento Passe Livre – MPL [5] e se colocar à frente das mobilizações. Afinal, foram milhões de pessoas que saíram para protestar por coisas legítimas. Quando CUT e PT saíram, já era tarde demais para defender o governo. Perdeu-se a maior energia de massas desde o fim da ditadura. Naquele momento perdeu-se a possibilidade de se conectar com a força social capaz de enfrentar os conflitos que inevitavelmente surgiriam, contra aquele 1% dos mais ricos.

Compreender uma nova realidade

Há de se entender que os desafios impostos pelas classes dominantes à população dominada, neste período, possuem características diferentes das tradicionais. Eles querem a eliminação dos que vêm de baixo, o que os zapatistas chamam de Quarta Guerra Mundial, uma guerra contra o povo para apropriação dos bens comuns.

Para enfrentar esta nova realidade, as velhas organizações e a velha maneira de se fazer política não se aplicam mais. Como enfrentar o juiz Moro [6] e os meios de comunicação? Para que isso aconteça, está faltando uma enorme energia social coletiva, capaz de fazer rachar este “domínio de espectro completo”, como chamou Ana Ester Ceceña [7]. A dominação capitalista não se reduz mais às oito horas em que o trabalhador produzia valores excedentes na fábrica, agora o domínio é macro e micro, simultaneamente de caráter militar e imaterial. Mas o aspecto militar segue sendo decisivo e cada vez maior.

IHU On-Line – Por que, no auge da crise de 2000, os governos progressistas latinos foram capazes de diminuir a fome, mas não conseguiram diminuir — e no caso do Brasil até aumentou — a desigualdade social?

Raúl Zibechi – Não se pode combater a desigualdade sem lutar contra os ricos. Se observarmos a forma como a pobreza foi combatida, na mesma lógica do Banco Mundial, veremos que foi com medidas técnicas. A pobreza foi despolitizada e considerada como um assunto de gestão, puramente administrativo. E isto funcionou por alguns anos. Mas não é possível lutar contra a riqueza com a mesma lógica. Existe uma coisa chamada luta de classes, que o PT esqueceu ou nunca levou em consideração. Sem lutar, sem recuperar os meios de produção e de câmbio apropriados pela burguesia (a terra, em primeiro lugar) não há diminuição na desigualdade, nas atuais condições do Brasil e dos países da América Latina.

Progressistas no poder?

Entretanto, os progressistas chegam ao governo e se acomodam com os privilégios, fazem alianças com aquele 1% dos mais ricos e desistem da luta. As empresas de construção são um bom exemplo. O caso de Kátia Abreu [8], entre muitos outros, demonstram essas alianças. E não somente no Brasil. É o caso da Venezuela, onde surgiu uma burguesia bolivariana (boliburguesia) que controla as alavancas do poder e que enriqueceu graças às receitas do petróleo.

Frente a isto, devemos perguntar: não aconteceu algo semelhante com as grandes revoluções russa e chinesa? Como podemos definir esse grupo que controla o partido, o Estado e as grandes empresas estatais e privadas? É uma burocracia ou uma nova classe? Estes deveriam ser os debates centrais neste período.

IHU On-Line – Como compreender a “nova direita” da América Latina? Quais são suas bases sociais?

Raúl Zibechi – Há uma nova direita mundial, inspirada nos neoconservadores estadunidenses que apostam na guerra para evitar a perda de poder. É uma direita que vem justamente no momento em que ocorre o declínio da superpotência, procurando reverter isso. Uma direita classista e militarista que aposta na resolução de conflitos sem nenhum tipo de mediação, através da violência de classe.

Para explicar por que os governos progressistas têm o apoio das massas, há de se entender as mudanças produzidas pelo neoliberalismo, por um lado, e pelo consumismo, do outro. O neoliberalismo liquidou as antigas classes médias, gerando uma camada de novos ricos ou aspirantes a ricos; mas um setor majoritário daquela classe média, que já não consegue mais se sustentar, entra em decadência. Isso está ligado à crise do socialismo, ao triunfo cultural do capital financeiro que faz todo mundo querer ser rico, quando apenas uma minoria consegue. Agora os da camada de cima não são 10%, como Marx [9] disse há mais de um século. Mais ou menos 30% da população têm interesses políticos e culturais em sustentar o sistema, e esta é a base social mínima das direitas.

Por outro lado, o consumismo despolitiza, anula as heterogeneidades e diferenças de classe, fazendo com que todos queiram parecer-se com os ricos. Isso contribui para uma derrota cultural e é parte da mesma, como diz Pasolini [10]. Sem cultura diferenciada, não podemos nem sonhar em construir uma sociedade diferente. O progressismo tem promovido ativamente o consumismo. Um desastre estratégico, pois anula a capacidade das camadas mais pobres de se tornarem classe.

IHU On-Line – Qual a alternativa para a esquerda latino-americana antes de sucumbir à volta da direita ao poder? Como compreender que, insistindo nesse mesmo modelo progressista, nem direita e nem esquerda darão conta das necessidades atuais?

Raúl Zibechi – Creio que devemos analisar a partir de uma perspectiva histórica, de longo prazo. O que falhou no socialismo verdadeiro foi a pretensão de governar milhões, de governar os outros e levá-los — por convicção ou à força — para uma sociedade socialista. É o fracasso do Iluminismo, das luzes. Desta forma, para um terço da humanidade é imposto um sério e profundo equilíbrio dessas experiências em que eles se envolveram. Isso não é pouca coisa.

Mas a esquerda quer encontrar atalhos para continuar no mesmo caminho. O socialismo do século XXI não muda essa realidade, pois segue ainda com a ideia de uma sociedade centrada no Estado, em governar os outros, o que pressuporia “saber” o que as pessoas querem. Temos de nos perguntar quais são as alternativas, mas não apenas as alternativas econômicas, como geralmente acontece.

O que podemos ver, através do zapatismo [11], de alguns movimentos indígenas, como os Mapuche [12], e de outros movimentos pequenos, é que devemos renunciar a governar outros e motivar as pessoas para que se autogovernem. Esta é a utopia que necessitamos, que está relacionada à teologia da libertação, do jovem Marx e de Lenin [13], em 1917. Nossa militância é para que os povos, as pessoas comuns, se autogovernem. Precisamos mostrar que é possível, por meio de práticas na saúde, na educação, nas fábricas autogeridas… Contra isso, a esquerda se propõe apenas a mudar de governos. Mas todo o resto permanece o mesmo. Obviamente que para autogovernar-se é necessário que uma outra cultura política seja criada, ancorada na autonomia. Aí está uma diferença fenomenal: sem alterar a cultura política, só poderemos esperar encontrar bons governantes que, em poucos anos, se desviam.

IHU On-Line – Quais os limites da inclusão social via consumo? Como encarar de fato as reformas estruturais?

Raúl Zibechi – A inclusão por meio do consumo favorece e fortalece o capital financeiro, que é o que tem capacidade de emprestar aos consumidores dinheiro com taxas de juros que superam a inflação. Estamos diante de uma das modalidades de acumulação por espoliação, mencionando David Harvey [14]. Este seria um olhar geral, ou se preferir, a partir do topo do modelo.

Entretanto, se analisarmos o modelo de baixo para cima, a partir dos setores populares que são “incluídos” através do consumo, o panorama é diferente. Eles devem trabalhar para os bancos. Eles têm trabalho precário e mal pago. São cidadãos de segunda classe quando embarcam no ônibus, quando vão ao Sistema Único de Saúde – SUS, para as escolas; mas consomem porque lhes é dito que esta é a maneira de se integrar na sociedade. Por isso eu acho que a integração através do consumo promove ideias e comportamentos conservadores, de pequenos proprietários. Desse modo, eles não podem se converter em sujeitos coletivos, pois somente é possível chegar a este lugar através da luta, enquanto o consumo torna iguais os que são diferentes, mas uma igualdade ilusória, diante das vitrines.

Utopia reacionária que enfraquece o trabalhador

Vou dizer de uma forma brutal: a integração através do consumo é uma utopia reacionária que enfraquece o povo trabalhador. Note que a inclusão financeira é uma das políticas mais importantes do Banco Mundial, que é o verdadeiro think tank [15] das esquerdas que perderam capacidade de pensamento próprio.

Na história das esquerdas, creio que nas revoluções russa, chinesa e cubana, por exemplo, o problema nunca foi a pobreza, mas a riqueza, a concentração de riquezas. Inclusive para a social-democracia nas primeiras décadas do século XX até a década de 60, o problema nunca foi a pobreza, mas a riqueza. Quem colocou a pobreza em primeiro lugar foi o Banco Mundial, após a derrota dos Estados Unidos no Vietnã, pelas mãos de Mc Namara [16], um dos principais expoentes do sistema. E agora repetem como papagaios que o grande mérito do progressismo foi ter reduzido a pobreza. Esta é uma capitulação política frente ao 1%.

IHU On-Line – Em que medida é possível afirmar que o socialismo do século XXI e as velhas lutas sucumbiram a um velho modelo político para se perpetuar no poder?

Raúl Zibechi – Esta é uma questão mais complexa. Como eu disse antes, para mim o eixo do modelo político anterior, já decrépito, consistia em mudar o mundo de cima para baixo, através do Estado. O legado do progressismo é a convicção de que o mundo não pode ser alterado a partir do topo, mas através da luta, o conflito encontra classes, gêneros, etnias, raças, gerações, e assim por diante. Não é concedendo uma percentagem das quotas a estudantes negros que será democratizada toda a questão racial no Brasil. Estamos diante de um genocídio do povo negro confirmado por todos os dados, desde o “Mapa da Violência” [17] até a campanha “Reaja ou será morta, reaja ou será morto” [18].

O poder que seduz

Agora, quando alguém chega ao poder é muito difícil que o solte. O caso de Che [19] é maravilhoso, mas é a exceção que confirma a regra. O mais comum na esquerda é que tudo seja feito para obter ou para permanecer no poder, porque há uma ilusão criada, desde a revolução russa (quem sabe até antes), de que a chave para mudança é a sua conquista. Claro que esses governantes muitas vezes chegaram ao poder para não mudar nada, mas para estarem sentados confortavelmente nas poltronas. Mas esta já é uma questão ética.

IHU On-Line – Qual é o papel dos coletivos e dos movimentos sociais de hoje que atuam em países da América Latina e no mundo? Que tensões eles provocam nos modelos atuais de governança?

Raúl Zibechi – Creio que os movimentos sociais estão muito fracos, em grande parte, pela relação que tiveram com os governos progressistas. Mas estou convencido de que a energia criativa, a energia coletiva capaz de mudar o mundo, está no que eu chamo de “pessoas comuns organizadas em movimentos”. Se pensarmos no junho de 2013, no Brasil, mas também no dezembro de 2010, em Buenos Aires, quando houve a ocupação do parque Indoamericano por milhares de famílias sem-teto, na marcha em defesa do TIPNIS [Território Indígena e Parque Nacional Isiboro Secure], na Bolívia, no recente levantamento indígena no Equador, e assim por diante, podemos concluir que os movimentos ainda estão lá: enfraquecidos, mas em atividade, mostrando os limites do progressismo.

Uma das grandes conquistas dos movimentos tem sido mostrar que o modelo extrativista (monoculturas, mineração a céu aberto, especulação imobiliária e megaconstruções de infraestrutura) é um modelo predatório do meio ambiente, que expulsa os mais pobres de seus territórios urbanos e rurais, que destrói o vínculo social, que nos torna mais dependentes dos preços das matérias-primas que são decididos nas bolsas de valores, como a de Chicago.

Além de tudo, é um modelo que ameaça a nossa independência como nações. Tudo isso foi mostrado pelos movimentos sociais: no Brasil, o Movimento dos Sem Terra – MST em relação ao agronegócio, o Movimento dos Trabalhadores Sem Teto – MTST e os Comitês da Copa em relação à especulação urbana. Sem os movimentos, o modelo não teria quem questionasse suas diretrizes ou as vozes seriam muito fracas.

IHU On-Line – Os atuais governos progressistas são capazes de interpretar o que dizem e demonstram os novos movimentos sociais sobre os limites do atual modelo de representatividade?

Raúl Zibechi – Não. Eles insistem na democracia parlamentar, porque não podem imaginar outra figura que não seja a da representação. Mas há algo mais sutil: a impressão de que a grande maioria dos quadros políticos do PT e da esquerda latino-americana perdeu contato com os movimentos, com os militantes críticos. Ou eles não os veem ou não os escutam, e muitos os temem, com medo de uma aproximação. Podemos imaginar um diálogo entre Zé Dirceu [20] e um militante do Movimento Passe Livre ou um dos ocupantes das escolas paulistas com 15 anos de idade?

IHU On-Line – Quais os limites dessa perspectiva de ajuste fiscal como estratégia para superar a crise econômica? Como o questionamento ao modelo extrativista pode iluminar e trazer outras perspectivas ao debate sobre superação de crise?

Raúl Zibechi – Utilizar mecanismos do sistema para superar a crise é um erro, porque aprofunda a lógica capitalista. O Brasil não vive uma crise econômica, mas uma crise política que se manifesta na economia. Como a escritora espanhola Almudena Grandes [21] disse, “o que chamamos de crise foi uma guerra entre potências econômicas contra os cidadãos que somos e que perdemos”.

Não se pode sair desta crise sem extenuar o capital financeiro, porque este capital é o que está segurando o modelo extrativista que não é um modelo produtivo, mas especulativo. Um dos grandes problemas do progressismo é que ele deixou de chamar as coisas pelo seu nome: fala-se de pós-neoliberalismo, mas o extrativismo nos prende ao modelo neoliberal, dominado pela especulação financeira.

IHU On-Line – Deseja acrescentar algo?

Raúl Zibechi – Sim. Constato com grande tristeza a crise do pensamento crítico. Com certeza, como assinala Arturo Escobar [22], há um florescimento de pensamentos fora das academias e das catedrais da velha esquerda. Os intelectuais mais conhecidos, consagrados pelos partidos e universidades, ou seja, aqueles do sexo masculino, brancos, mais velhos, classificaram o poder do Estado, com a notável exceção de Chico de Oliveira [23].

Entretanto, na parte de baixo, aparece uma camada de homens e mulheres, índios, mestiços, negros, camponeses, trabalhadores, que estão levantando suas vozes, são pessoas intimamente ligadas às lutas de seus povos. Elas e eles são o relevo, porque quando uma geração é classificada, sempre aparecem vozes que antes estavam submersas, vozes que nem sempre escrevem livros, mas encarnam o pensamento coletivo que surge muitas vezes nos fornos, nas cozinhas e nos quilombos, e não costumam se expressar por meio de teorias, mas através de danças e celebrações nos espaços próprios daqueles que vêm de baixo.

Por João Vitor Santos | Tradução Henrique Dênis Lucas

Notas:

[1] Víktor Fédorovych Yanukóvytch (1950): um político ucraniano, eleito presidente da Ucrânia de 2010 e reeleito em 2012 até 22 de fevereiro de 2014, sendo deposto após 93 dias de intensos protestos populares contra sua aproximação com a Rússia, por rejeitar o acordo com a União Europeia, a corrupção em seu governo e as tentativas de mudar a constituição. Também é o líder do Partido das Regiões, um dos principais partidos políticos da Ucrânia, atualmente na oposição. (Nota da IHU On-Line).

[2] Vladimir Putin (1952): presidente da Rússia. Também é ex-agente do KGB no departamento exterior e chefe dos serviços secretos soviético e russo, KGB e FSB, respectivamente. Putin exerceu a presidência entre 2000 e 2008, além de ter sido primeiro-ministro em duas oportunidades, a primeira entre 1999 e 2000, e a segunda entre 2008 e 2012. (Nota da IHU On-Line)

[3] Lulismo: o termo cunhado pelo cientista político André Singer, que também foi porta-voz do ex-presidente Lula, de 2002 a 2007. Nascido durante a campanha de 2002, o lulismo representou o afastamento em relação a componentes importantes do programa de esquerda adotado pelo PT e o abandono das ideias de organização e mobilização. Busca um caminho de conciliação com amplos setores conservadores brasileiros. Sob o signo da contradição, o lulismo se constitui como um grande pacto social conservador, que combina a manutenção da política econômica do governo Fernando Henrique Cardoso (1995-2002) com fortes políticas distributivistas sob o governo Lula (2002-2010). (Nota da IHU On-Line)

[4] André Vítor Singer (1958): cientista político, professor e jornalista brasileiro. Graduado em Ciências Sociais e em Jornalismo, ambos pela Universidade de São Paulo – USP. É mestre, doutor e livre docente em Ciência Política, também pela USP. Foi secretário de redação do jornal Folha de S. Paulo (1987-88) e Secretário de Imprensa do Palácio do Planalto (2005-2007) e porta-voz da Presidência da República no primeiro governo Lula (2003-2007). Filho do economista Paul Singer e de Evelyn Helene Ines Pape (falecida), é professor doutor do departamento de Ciência Política da Faculdade de Filosofia, Letras e Ciências Humanas da USP. Suas áreas de interesse são comportamento eleitoral no Brasil e Teoria Política Moderna. (Nota da IHU On-Line)

[5] Movimento Passe Livre (MPL): movimento social brasileiro que defende a adoção da tarifa zero para transportes coletivos. Fundado em 2005 durante o Fórum Social Mundial, em Porto Alegre-RS, o MPL ganhou repercussão nacional a partir da organização de vários protestos em junho de 2013. (Nota da IHU On-Line)

[6] Sérgio Fernando Moro (1972): juiz federal brasileiro que ganhou notoriedade nacional por comandar o julgamento dos crimes identificados na Operação Lava Jato. Formou-se em Direito pela Universidade Estadual de Maringá em 1995, tornando-se Juiz Federal em 1996. Também cursou o programa para instrução de advogados da Harvard Law School em 1998 e participou de programas de estudos sobre lavagem de dinheiro promovidos pelo Departamento de Estado dos Estados Unidos. É mestre e doutor em Direito pela Universidade Federal do Paraná. Além da Operação Lava Jato, também conduziu o caso Banestado. No caso do Escândalo do Mensalão, a ministra do Supremo Tribunal Federal Rosa Weber convocou o juiz Sergio Moro para auxiliá-la. Em 2014, Moro foi indicado pela Associação dos Juízes Federais do Brasil para concorrer à vaga deixada por Joaquim Barbosa no STF, porém, em 2015, a vaga foi preenchida por Luiz Fachin. (Nota da IHU On-Line)

[7] Ana Esther Ceceña Martorella (1950 ): economista, PhD em Relações Econômicas Internacionais pela Universidade de Paris I-Sorbonne, coordena o Observatório Latino-Americano de Geopolítica, que se dedica a estudar, teorizar e mapear os processos contemporâneos de dominação e resistência. É professora em Estudos de Pós-graduação latino-americanos na Universidade Nacional Autônoma do México. Sua linha de trabalho centra-se no estudo dos recursos naturais, movimentos sociais, militarização e da hegemonia global. Foi diretora da revista Chiapas de 1994 a 2004. (Nota da IHU On-Line)

[8] Kátia Abreu [Kátia Regina de Abreu] (1962): empresária, pecuarista e política brasileira. Desde 1º de janeiro de 2015 é a ministra da Agricultura, Pecuária e Abastecimento. Está licenciada do mandato de senadora do PMDB pelo estado do Tocantins. (Nota da IHU On-Line)

[9] Karl Marx (Karl Heinrich Marx, 1818-1883): filósofo, cientista social, economista, historiador e revolucionário alemão, um dos pensadores que exerceram maior influência sobre o pensamento social e sobre os destinos da humanidade no século XX. Leia a edição número 41 dos Cadernos IHU ideias, de autoria de Leda Maria Paulani, que tem como título A (anti)filosofia de Karl Marx. Também sobre o autor, confira a edição número 278 da IHU On-Line, de 20-10-2008, intitulada A financeirização do mundo e sua crise. Uma leitura a partir de Marx. Leia, igualmente, a entrevista Marx: os homens não são o que pensam e desejam, mas o que fazem, concedida por Pedro de Alcântara Figueira à edição 327 da IHU On-Line, de 03-05-2010. A IHU On-Line preparou uma edição especial sobre desigualdade inspirada no livro de Thomas Piketty O Capital no Século XXI, que retoma o argumento central da obra de Marx O Capital. (Nota da IHU On-Line)

[10] Pier Paolo Pasolini (1922-1975): cineasta italiano, poeta e escritor. Em seus trabalhos, Pasolini demonstrou uma versatilidade cultural única e extraordinária, que serviu para transformá-lo numa figura controversa. Embora seu trabalho continue a gerar polêmica e controvérsia até hoje, enquanto Pasolini ainda era vivo, seus trabalhos foram tidos como obras de arte segundo muitos pensadores da Cultura italiana. Dirigiu os filmes da Trilogia da Vida: Il Decameron, I Raconti di Canterbury e Il fiore delle mille e una notte. (Nota da IHU On-Line)

[11] Movimento Zapatista: inspirou-se na luta de Emiliano Zapata contra o regime autocrático de Porfirio Díaz, que encadeou a Revolução Mexicana em 1910. Os zapatistas tiveram mais visibilidade para o grande público a partir de 1º de janeiro de 1994 onde se mostraram para além das montanhas de Chiapas com capuzes pretos e armas nas mãos dizendo Ya Basta! (Já Basta!) contra o NAFTA (acordo de livre comércio entre México, Estados Unidos e Canadá) que foi criado na mesma data. O movimento defende uma gestão democrática do território, a participação direta da população, a partilha da terra e da colheita. (Nota da IHU On-Line)

[12] Mapuche (na língua mapudungun, gente da terra): são um povo indígena da região centro-sul do Chile e do sudoeste da Argentina. São conhecidos também como araucanos. (Nota da IHU On-Line)

[13] Lenin [Vladímir Ilyitch Lenin ou Lénine] (1870-1924): originariamente chamado de Vladímir Ilyitch Uliânov. Revolucionário russo, responsável em grande parte pela execução da Revolução Rusa de 1917, líder do Partido Comunista e primeiro presidente do Conselho dos Comissários do Povo da União Soviética. Influenciou teoricamente os partidos comunistas de todo o mundo. Suas contribuições resultaram na criação de uma corrente teórica denominada leninismo. (Nota da IHU On-Line)

[14] David Harvey (1935): é um geógrafo marxista britânico, formado na Universidade de Cambridge. É professor da City University of New York e trabalha com diversas questões ligadas à geografia urbana. (Nota da IHU On-Line)

[15] Think tanks: são organizações ou instituições que atuam no campo dos grupos de interesse, produzindo e difundindo conhecimento sobre assuntos estratégicos, com vistas a influenciar transformações sociais, políticas, econômicas ou científicas, sobretudo em assuntos sobre os quais pessoas comuns não encontram facilmente base para análises de forma objetiva. Os think tanks podem ser independentes ou filiados a partidos políticos, governos ou corporações privadas. (Nota da IHU On-Line)

[16] Robert Strange McNamara (1916–2009): empresário e político norte-americano que serviu como o 8º Secretário de Defesa dos Estados Unidos de 1961 a 1968 durante as presidências de John F. Kennedy e Lyndon B. Johnson, período em que ele teve um importante papel no aumento do envolvimento norte-americano na Guerra do Vietnã. Depois de sair do cargo ele serviu como presidente do Banco Mundial até 1981. McNamara foi o responsável por instituir a análise de sistemas na política pública, que se desenvolveu no que hoje é conhecido como análise política. Ele consolidou as funções de inteligência e logística do Departamento de Defesa em duas agências: a de Inteligência de Defesa e a de Logística de Defesa. (Nota da IHU On-Line)

[17] O sítio do Instituto Humanitas Unisinos – IHU publica análises a partir dos dados anuais do Mapa da Violência. Sobre a edição de 2015, confira “Agressões domésticas alavancam crescimento da violência no Brasil”. Entrevista especial com Julio Jacobo Waiselfisz, publicada nas Notícias do Dia, de 16-11-2015, do sítio do IHU. (Nota da IHU On-Line)

[18] Reaja ou será morta, reaja ou será morto: é uma articulação de movimentos e comunidades de negros e negras da capital e interior do estado da Bahia, articulada nacionalmente e com organizações que lutam contra a brutalidade policial, pela causa antiprisional e pela reparação aos familiares de vítimas do Estado (execuções sumárias e extrajudiciais) e dos esquadrões da morte, milícias e grupos de extermínio. (Nota da IHU On-Line)

[19] Che Guevara (Ernesto Guevara de la Serna ou El Che, 1928-1967): um dos mais famosos revolucionários comunistas da história. Foi tema da edição 239 da IHU On-Line, de 08-10-2007. Na referência, o entrevistado reporta ao fato de que, depois do êxito da Revolução Cubana, Che chegou a integrar o governo Fidel, mas por pouco tempo. Deixou o governo cubano para seguir na guerrilha. (Nota da IHU On-Line)

[20] José Dirceu: é um político e advogado brasileiro, com base política em São Paulo. Ministro da Casa Civil de 2003 a 2005, Dirceu teve seu mandato de deputado federal cassado no dia 1º de dezembro de 2005 e, portanto, é inelegível até 2015, a pedido da CPI do Mensalão. (Nota da IHU On-Line)

[21] Almudena Grandes Hernández (1960): escritora espanhola. É colunista regular do jornal El País e em programas da emissora Cadena SER. Sempre defendeu suas posições políticas à esquerda, depois de ter mostrado o seu apoio público a Izquierda Unida. Em Abril de 2007, foi signatária do Manifesto “para a coexistência e contra a tensão” em que um grupo de intelectuais considerava causa inaceitável fazer do terrorismo um “eixo de oposição”. (Nota da IHU On-Line)

[22] Arturo Escobar (1952): antropólogo colombiano, professor na Universidade da Carolina do Norte em Chapel Hill, cujas áreas de interesse são a ecologia política, a antropologia do desenvolvimento, movimentos sociais, ciência e tecnologia, bem como questões sobre a Colômbia. (Nota da IHU On-Line)

[23] Francisco de Oliveira: sociólogo brasileiro, também conhecido como Chico de Oliveira, é um dos fundadores do Partido dos Trabalhadores. Formou-se em Ciências Sociais na Faculdade de Filosofia da Universidade do Recife, atual Universidade Federal de Pernambuco. Professor aposentado de Sociologia do Departamento de Sociologia da Faculdade de Filosofia, Letras e Ciências Humanas da Universidade de São Paulo (FFLCH-USP), foi um dos fundadores do Cebrap. Coordenador-executivo do Centro de Estudos dos Direitos da Cidadania – Cenedic da USP, deixou o Partido dos Trabalhadores e recentemente filiou-se ao PSoL (Partido Socialismo e Liberdade). Em 2003, ano em que deixou o PT, Francisco de Oliveira disse que Lula nunca foi de esquerda. Em 25 de agosto de 2006, foi-lhe concedido o título de doutor honoris causa na Universidade Federal do Rio de Janeiro, por iniciativa do Instituto de Economia da UFRJ. Em 28 de agosto de 2008, o de professor emérito pela FFLCH-USP. Em 22 de novembro de 2010, o de doutor honoris causa na Universidade Federal da Paraíba. Suas últimas contribuições com a IHU On-Line são as entrevistas especiais intituladas “A democracia brasileira é chata. Não entusiasma ninguém” e “A crise não é mortal. Presidente é fraca e dependente de Lula“, publicadas em 20 de agosto de 2015 e 27 de março de 2015, respectivamente. (Nota da IHU On-Line)

LASCANO: La tormenta, capital y crisis económica

dimanche, mars 13th, 2016

Sesión 2: La tormenta, capital y crisis económica.

Sergio Rodriguez Lascano

[Semillero] CU, México DF

En el seminario réplica pensamiento crítico frente a la hidra capitalista, contamos con la participación de Sergio Rodriguez Lascano, quien dió una charla sobre algunas características del capitalismo en el que hoy vivimos.

El compañero sostiene que hace aproximadamente treinta años el mundo cambió, desde el mundo del trabajo, la cultura, las geografías de los idiomas, las relaciones sociales. Y pudo ilustrar algunos puntos relevantes que dan cuenta de ese cambio, por ejemplo la supuesta superación de la frontera trabajo manual-administración, el reordenamiento del capital mundial, la re-aparicion de viejas formas de precarización del trabajo, la desaparición del salario, el reordenamiento de las jerarquías empresariales, entre otros.

¿En que devienen estas transformaciones del capital? En la sesion de hoy tuvimos oportunidad de compartir esta reflexión desde una perspectiva económico-política de abajo y a la izquierda. Hay una contradicción entre la tasa de ganancia y la tasa de productividad, mientras las ganancias siguen incrementando, la productividad disminuye. ¿Cómo puede haber más ganacias porcentuales si hay menor productividad? La respuesta de Rodriguez Lascano apunta que el dinero circulante no tiene respaldo productivo, si no que, es efecto de la operación de las grandes bancas, tanto así que las deudas nacionales superan casi tres veces el producto mundial bruto. Una deuda que la humanidad no puede pagar a los bancos; sin embargo los de abajo engrosamos las riquezas de los dueños del dinero pagando los intereses de esas deudas.

Ahí la tormenta avisada desde el pensamiento crítico que hoy compartimos, el proceso de acumulación que hoy hace el capital bancario es insostenible.

Sin desaliento cerramos la sesión, pues las reflexiones sobre el escenario capitalista nos llevaron al comunicado “¿Y en las comunidades zapatistas?”. Nos planteamos se pueden superar las contradicciones del sistema, que se puede derrotar al capitalismo, que hace falta todavía mucho camino.

Los esperamos para dar un primer cierre a estas reflexiones, el día miércoles dos de marzo a las 4 pm. Sesión para recuperar la discusión del bloque en el Foro José Revueltas, Auditorio Che Guevara, UNAM.

Tejiendo Organización Revolucionaria

FRADIN: Qu’est-ce que l’économie?

jeudi, février 25th, 2016

Qu’est-ce que l’économie?

Jacques Fradin

Lundi Matin

Lundi Matin

Chapitre 1 – Épisode 1

Chapitre 1 – Épisode 2

Quelques termes de l’économie : marché, concurrence, individualisme de masse.

Chapitre 1 – Épisode 3

La finance ou le commandement des réseaux.

Chapitre 1 – Épisode 4

Quelques termes de l’économie:
Production et consommation, envisagées comme fonctions économiques.

Chapitre 2 – Épisode 5

Chapitre 2: Petite traversée historique du néolibéralisme.
Épisode 5 : Proudhon, walras, héritiers des physiocrates et fondateurs du néolibéralisme.

Chapitre 2 – Épisode 6

Chapitre 2 : Petite traversée historique du néolibéralisme.
Épisode 6 : La planification par le marché, de Pareto à l’École de Toulouse (TSE, Laffont, Tirole)

Chapitre 3 – Épisode 7

III. Quelques formes de la domination économique

Épisode 7: Autogestion, économie sociale. Pourquoi l’économie alternative ne sera jamais une alternative à l’économie.

Chapitre 3 – Épisode 8

III. Quelques formes de la domination économique

Épisode 8: Comment comprendre l’hégémonie américaine?
Le néo-colonialisme du minautore financier.

Chapitre 3 – Épisode 9

III. Quelques formes de la domination économique

Épisode 9: Du libéralisme constructiviste (ou néolibéralisme) et de ses rapports aux dogmes néoclassiques.
L’économie est une technocratie.

AGAMBEN: Destituer: usage, habitus, sive, organisation…

mercredi, janvier 27th, 2016

https://lundi.am/

https://lundi.am/vers-une-theorie-de-la-puissance-destituante-Par-Giorgio-Agamben

Vers une théorie de la puissance destituante

par Giorgio Agamben

« Et donc à mon avis le problème de l’organisation politique est un des problèmes majeurs de notre tradition politique et il faut le repenser.
Voilà, c’est tout. »

 

Ce lundi, le journal Libération publie une tribune d’Eric Hazan et Julien Coupat intitulé : Pour un processus destituant:invitation au voyage. L’initiative est ouverte mais déterminée.

À l’inverse du processus constituant que propose l’appel publié par Libération – car c’est bien de cela qu’il s’agit –, nous entendons amorcer une destitution pan par pan de tous les aspects de l’existence présente. Ces dernières années nous ont assez prouvé qu’il se trouve, pour cela, des alliés en tout lieu. Il y a à ramener sur terre et reprendre en main tout ce à quoi nos vies sont suspendues, et qui tend sans cesse à nous échapper. Ce que nous préparons, ce n’est pas une prise d’assaut, mais un mouvement de soustraction continu, la destruction attentive, douce et méthodique de toute politique qui plane au-dessus du monde sensible.
« Mais les vrais voyageurs sont ceux-là seuls qui partent
Pour partir ; cœurs légers, semblables aux ballons,
De leur fatalité jamais ils ne s’écartent,
Et sans savoir pourquoi, disent toujours : Allons ! »

Rapide comme l’éclair, lundimatin a décidé de prolonger cette invitation en offrant quelques pièces au débat. À n’en pas douter, la déréliction générale de la gauche amènera tout un chacun à adhérer à cette nouvelle théorie de la destitution, cependant, reconnaissons que le concept est encore bien flou et que certains éclaircissements sont de rigueur. À cette fin, nous avons décidé de publier cette intervention inédite de Giorgio Agamben. À l’été 2013, sur la plateau de Millevaches, était organisé un « séminaire » intitulé : Défaire l’Occident. Environ 500 participants avaient discuté une semaine durant du cours du monde et souvent même de son effondrement. Il s’agissait de clarifier théoriquement un certain nombre de points problématiques pour la jeunesse d’aujourd’hui : l’amour, la démocratie, l’économie, la magie, la cybernétique, etc.
Un certain nombre d’intellectuels de renom y prirent part comme Eva Illouz, Xavier Papaïs, Jacques Fradin, Franco Piperno et bien d’autres.

Le titre des réflexions que je vais partager avec vous serait « pour ou vers une théorie de la puissance destituante ».

Avant d’en venir à ce problème, je crois qu’il me faut un peu revenir en arrière, pour interroger l’itinéraire qui m’avait amené à poser ce problème.

Si je devais me poser à moi-même la question : qu’est-ce que j’ai voulu faire quand j’ai entrepris cette espèce de longue archéologie du politique qui se met sous le titre Homo sacer ?

Je crois qu’il ne s’agissait pas pour moi de corriger ou de réviser, de critiquer des concepts ou des institutions de la politique occidentale ; ça peut être important, mais mon but était plutôt celui de déplacer les lieux même du politique, et pour cela, avant tout, d’en dévoiler les lieux et l’enjeu véritable.

Je vais aller très vite pour résumer ces points.

Il m’est apparu que le lieu originaire du politique, dans la politique occidentale, c’est quelque chose comme une opération sur la vie, ou une opération qui consiste à diviser et capturer la vie par son exclusion même, c’est-à-dire à inclure la vie dans le système par son exclusion. Et là, le concept d’exception était utile.

« Exception » signifie étymologiquement prendre quelque chose au-dehors, c’est-à-dire exclure quelque chose et l’inclure par son exclusion même. Il me semble que l’opération originaire du politique est de cet ordre-là et la vie est quelque chose de non politique, d’impolitique qui doit être exclu de la cité, du politique et par cette exclusion elle va être inclue et politisée.

C’est une impression complexe et étrange, c’est-à-dire que la vie n’est pas politique en elle-même mais elle va être politisée. Il faut qu’elle soit politisée et de cette façon elle va devenir le fondement même du système.

Vous voyez là qu’on peut dire que, dès le début, la politique occidentale est une biopolitique parce qu’elle se fonde sur cette étrange opération d’exclure la vie comme impolitique et en même temps de l’inclure par ce geste même. Voilà, ça veut dire que le lieu du politique est quand même la vie mais à travers une opération de division, d’exclusion, d’articulation, d’inclusion etc.

Donc le politique c’est quand même la vie capturée sous une certaine modalité. Je vais essayer de définir cette structure d’exception.

Ce qui m’était apparu, c’est que par cette opération, la vie est divisée d’elle-même et elle se présente sous la forme de la vie nue, c’est à dire d’une vie qui est séparée de sa forme. Mais la stratégie il me semble, est toujours la même, on retrouve cette stratégie partout : par exemple, j’avais essayé de l’éclaircir chez Aristote.

Aristote ne va jamais définir la vie et depuis toujours c’est comme ça et même aujourd’hui. La vie n’est jamais définie mais par contre ce qui n’est pas défini est divisé et articulé, vous savez bien : vie végétative, vie sensible, vie des relations. On ne sait pas ce qu’est la vie mais on sait très bien la diviser, et comme vous savez, par la technique aujourd’hui même, produire cette division, réaliser cette division.

C’est dans ce sens que dans le premier volume du livre, je disais que l’opération fondamentale et souterraine du pouvoir est justement cette articulation de la vie, cette production de la vie nue en tant qu’élément politique originaire. Parce que ce qui résulte de cette opération finalement, c’est la production de cette étrange chose qu’il ne faut pas du tout confondre avec la vie naturelle.

La vie nue n’est pas du tout la vie naturelle, c’est la vie en tant qu’elle a été divisée et incluse de cette façon dans le système.

Là, on peut essayer de montrer aussi d’autres aspects de cette opération plus étroitement liés à l’histoire de la politique. Par exemple, les travaux sur le rôle de la guerre civile dans cette perspective dans la Grèce ancienne, dans l’Athènes classique. Christian Meier et d’autres historiens ont montré qu’au Ve siècle en Grèce, il se passe une chose très singulière : on assiste à une tout autre façon de définir l’appartenance sociale des individus.

Jusqu’à ce moment-là, cet historien montre que l’inclusion dans la cité, dans la polis, se faisait par des états et des conditions sociales. Il y avait des nobles, des membres de communautés cultuelles, des marchands, des paysans, des riches. Et donc l’inclusion était définie par cette pluralité des conditions.

Ce qui se passe au Ve siècle, c’est l’apparition du concept de citoyenneté comme le concept qui va définir l’appartenance sociale des individus à la ville. Il appelle ça une politisation, c’est à dire que par ce concept de citoyenneté que nous avons (malheureusement) hérité de la Grèce classique, la vie politique va se définir par la condition et le statut pas seulement formel ou juridique mais qui définit l’action même du citoyen. C’est à dire que le critère du politique va être la citoyenneté et la polis, la cité va se définir par la condition, l’action, le statut des citoyens.

C’est une chose qui nous apparaît tout à fait claire, même triviale, mais c’est à ce moment-là que ce concept est apparu en tant que seuil de politisation de la vie. C’est-à-dire que la vie des citoyens va s’inscrire dans la cité par ce concept qui est donc un seuil, qui définit un seuil de politisation.

La polis, la cité devient donc un domaine qui définit la condition des citoyens en tant que clairement opposé et distingué de la maison. Polis et oïkos : la maison (qui définit la condition de la vie du règne de la nécessité, de la vie reproductive etc.) est clairement, par le concept de citoyenneté, séparée de la cité. Et là, c’est un point important, on retrouve cette même division dont j’avais parlé avant entre la vie naturelle, la zôè et le bios, la vie politique. Là on le retrouve par l’opposition de la maison, la famille, l’oïkos, l’économie et la polis, le politique.

Mais vous voyez que si je parle d’un seuil de politisation, c’est que vraiment le politique apparaît dans cette dimension comme un champ de tension défini par des pôles opposés, la zôè (la vie naturelle) et le bios (la vie politique) ; la maison (l’oïkos) et la polis (la cité). Ce n’est pas quelque chose de substantiel, c’est un champ de tension entre ces deux pôles.

Et là, on voit bien le rôle que la guerre civile va jouer dans ce champ de tension. Là j’étais parti des recherches de Nicole Loraux sur la guerre civile, stasis, à Athènes. Loraux dit que la guerre civile est une guerre dans la famille, c’est une guerre dont le lieu originaire est justement la maison, la famille, une guerre entre frères ou entre fils et pères, etc. Mais ce qui m’est apparu en prolongeant ces recherches, c’est que la guerre civile fonctionne en Grèce, et notamment à Athènes, comme un seuil qui va définir ce champ de force dont les deux pôles extrêmes sont la famille, la maison et la cité.

Et en traversant cette espèce de seuil, ce qui n’est pas politique se politise et ce qui est politique se dépolitise. C’est seulement si on voit la guerre civile dans cette perspective qu’on comprend des choses qui nous apparaîtraient étranges. Comme la loi de Solon qui dit que si, quand il y a une guerre civile, un citoyen ne prend pas les armes pour un des deux partis, il est infâme, il est exclu des droits politiques. Cette chose nous apparaît bizarre et chez Platon, on trouve des tas de discours du même ordre.

La guerre civile c’est le moment où les frères deviennent ennemis et l’ennemi devient frère donc de la confusion entre ces deux champs (la maison et la cité, la zôè et la polis). On a un seuil entre les deux et en le traversant il y a une politisation de la vie ou une dépolitisation de la cité.

Ça ne veut pas dire que les grecs considéraient que la stasis, la guerre civile, était quelque chose de bien, mais ils voyaient en elle justement une espèce de seuil de politisation : un cas extrême où ce qui n’est pas politique va devenir politique et ce qui est politique va s’indéterminer dans la maison.

Voilà, à la base de ma recherche, il y avait cette espèce d’hypothèse que le politique était un champ de tension entre ces deux pôles et qu’entre les deux, il y a des seuils qu’il faut traverser. Donc ça c’était le premier déplacement quand je disais un déplacement du lieu du politique, c’était une sorte de première étape dans ce déplacement.

Il y avait aussi après d’autres aspects qui s’étaient révélés tout à fait importants pour moi : la politique dans notre tradition de la philosophie politique a toujours été définie au fond sur des concepts qui sont la production et la praxis, la production et l’action. On a toujours pensé : il y a du politique là où il y a poiesis, production et praxis, action. Et encore chez Hannah Arendt c’est comme ça, les concepts fondamentaux restent ces deux-là.

Là aussi, il me semblait nécessaire d’opérer un déplacement et les deux concepts qui me sont apparus à la place comme tout à fait importants pour définir une nouvelle idée du politique ce sont au contraire (des concepts que je vais nommer rapidement) : d’une part l’usage et de l’autre quelque chose qu’en français on pourrait traduire par désœuvrement à condition de l’entendre au sens actif, c’est à dire une action qui désœuvre, qui rend inopérant quelque chose.

Je vais très vite vous dire quelque chose sur ces deux concepts qui me paraissent importants.

D’abord le concept d’usage. J’avais rencontré ce concept depuis longtemps dans beaucoup de domaines mais tout à coup, c’était en lisant la Politique d’Aristote. Vous savez qu’au début de la Politique d’Aristote, il y a cette chose quand même assez étrange : le traité sur la politique commence par un petit traité sur l’esclavage, les 30 premières pages de la politique d’Aristote sont un traité sur l’esclavage, sur la relation maître/esclave.

Mais ce qui avait attiré mon attention c’est que dans ce contexte, donc avant de définir l’objet du politique, Aristote définit l’esclave comme un Homme, un être humain (il ne fait pas de doute pour Aristote que l’esclave est un être humain) dont l’œuvre propre (ergon en grec) est l’usage du corps. Il n’explique pas cela et en effet les historiens ne s’y sont pas arrêtés mais ça me semblait très intéressant.

Qu’est que ça veut dire « usage du corps » ? J’ai donc un peu travaillé, d’abord pour comprendre d’un point de vue sémantique, immédiat et je suis tombé sur ce fait linguistique que les verbes grecs et latins que nous traduisons par user, utiliser, faire usage (kresteï en grec et uti en latin) n’ont pas de signification propre. Ce sont des verbes qui tirent leur signification du mot qui les suit, qui n’est pas à l’accusatif mais au datif ou au génitif. J’ai pris des exemples très simples parce que c’est important.

Par exemple : le grec kresteï theon, littéralement faire usage du dieu mais la signification exacte c’est consulter un oracle, kresteï nostou, faire usage du retour qui signifie éprouver de la nostalgie, kresteï symphora, faire usage du malheur qui veut dire être malheureux, kresteï polei, faire usage de la cité veut dire participer à la vie politique, agir politiquement, kresteï gynaïki, faire usage d’une femme qui veut dire faire l’amour avec une femme et kresteï keïri, faire usage de la main qui est donner un coup de poing.

Et en latin c’est la même chose, on voit qu’il n’a pas de signification propre mais la reçoit par son complément (qui n’est pas à l’accusatif mais au datif). On se donne à cette chose, si on se donne à cette chose, on en fait usage.

On voit bien une chose qu’il ne faut jamais oublier : les analyses grammaticales sont des analyses philosophiques et métaphysiques même. On ne peut pas comprendre une chose si on ne comprend pas que la grammaire contient en elle-même toute une métaphysique qui s’est cristallisée dans le langage.

Il y a des analyses de ce très grand linguiste qu’est Benveniste qui montrent que les verbes de ce genre sont des verbes qu’on a classifié dans la grammaire comme des moyens, c’est-à-dire qu’ils ne sont ni actifs ni passifs. Et donc là, Benveniste essaye d’éclaircir la signification de ces verbes qui ne sont ni actifs ni passifs. Il dit que, tandis que normalement (par exemple dans l’actif), le procès, l’action, sont extérieurs au sujet et qu’il y a un sujet actif qui agit au-dehors de lui-même, dans ces verbes-là, les moyens, le verbe, indiquent un processus qui a lieu dans le sujet.

C’est-à-dire que le sujet est intérieur au processus. Le grec gignomaï ou le latin nascor (naître) ou bien morior (mourir), ou bien patior (souffrir), etc. Ce sont des verbes où le sujet est intérieur à l’action et l’action est intérieure au sujet, indétermination absolue non seulement entre actif et passif mais aussi entre sujet et objet.

Benveniste essaye de définir encore mieux et à un moment il donne cette définition qui était pour moi très éclairante. Il s’agit, dit-il, chaque fois de situer le sujet par rapport au processus selon qu’il est extérieur, comme dans l’actif, ou intérieur, et de qualifier l’agent selon que dans l’actif il effectue une action et que dans les moyens il effectue en s’affectant. C’est-à-dire en agissant, en effectuant une action, il va en être affecté lui-même.

Cette formule de « il effectue en s’affectant » est très importante pour moi. On voit bien qu’avec ces moyens donc ce n’est ni actif/passif, ni sujet, ni objet, on pourrait dire que par exemple le verbe kresteï, faire usage, exprime la relation qu’on a avec soi, l’affection qu’on reçoit en tant qu’on est en relation avec autre. Faire usage du retour (éprouver de la nostalgie) : c’est l’affection qu’on reçoit en tant qu’on est en relation avec le retour.

Le sujet est créé par l’affection qu’il reçoit par sa relation à autre chose. Ça change complètement la notion de sujet, il n’y a plus de sujet ni d’objet ni actif ni passif, c’est vraiment tout une autre ontologie, l’ontologie au moyen.

Et donc si on revient à cette idée de l’usage du corps qui est devenue pour moi très importante pour définir le politique, on pourrait imaginer cette expression kresteï somatos, faire usage du corps, et cela voudrait dire l’affection que l’on reçoit en tant qu’on a un rapport avec des corps. A mon avis, c’est la vie en tant que lieu véritable du politique. S’il y avait un sujet du politique, ce serait celui qui est affecté par sa relation avec des corps.

C’est pour ça que ce concept d’usage m’apparaissait très important et si on l’emploie comme ça, il devient vraiment la catégorie centrale qui va substituer le concept d’action, de praxis. Un concept dont je ne vais pas du tout faire la critique, qui est très important et qui a eu une histoire fondamentale dans la politique occidentale, dans l’éthique, etc. Mais c’est un concept à l’actif ou au passif et donc il reste emprisonné dans cette dialectique tandis que là, dans cette ontologie, cette politique aux moyens, on a un tiers qui n’est ni actif ni passif, c’est encore une action mais qui en même temps est un être affecté par son action ou par sa passion.

Le deuxième concept était celui du désœuvrement : il faut l’entendre comme s’il existait un verbe actif œuvrer ou ouvrer (qui existait en ancien français). Désœuvrer serait donc rendre inopérant, désactiver une œuvre. Ce n’est pas du tout une inertie, ne rien faire (ce qui est aussi important) mais par contre une forme encore d’action, de praxis ou d’œuvre, une opération qui consiste à désœuvrer les œuvres.

Ce que je voulais faire entendre par cela, c’est que d’abord, il y a un passage dans l’Ethique d’Aristote qui m’a toujours semblé important, où Aristote essaye de définir la Science politique (episteme politike) en tant qu’elle a son but dans le bonheur etc. Et à ce moment-là, il pose une question qui lui apparait quand même absurde mais qu’il pose très sérieusement.

Il dit au sujet du concept d’œuvre (ergon, qui définit l’activité propre, le but propre, l’énergie propre de chaque être) : on parle d’œuvre pour les menuisiers. Pour les joueurs de flûte, il y a bien sûr une œuvre (jouer de la flûte), pour les sculpteurs aussi (faire des statues) mais est ce qu’il y a une œuvre pour l’homme en tant que tel comme on le définit pour les menuisiers, sculpteurs, chanteurs, architectes etc ?

Et à ce moment, il dit : ou bien doit-on penser que l’homme en tant que tel est argos  ? C’est-à-dire sans ergon : désoeuvré, sans œuvre. Est-ce que l’homme en tant que tel n’a pas un ergon propre, une œuvre propre, un but propre, une vocation propre, une définition possible, etc ? Bien sûr, Aristote pose cette question mais la laisse tomber, parce que lui par contre a une réponse. Il va dire que l’ergon de l’homme, c’est l’activité selon le logos, etc.

Mais moi par contre, j’avais été frappé par cette possibilité et je m’intéressais plutôt à cette chose qu’il avait posé comme une hypothèse un peu étrange, c’est-à-dire l’idée que par contre il faut le prendre au sérieux, que l’homme est un être qui manque d’un ergon propre.

L’homme en tant que tel n’a aucune vocation biologique, sociale, religieuse ou de n’importe quelle nature qui puisse le définir essentiellement. L’homme n’a pas d’œuvre, est un être désœuvré dans ce sens. On pourrait aussi dire, un être de puissances, qui n’a pas d’actes ou d’ergon propre, mais justement il me semblait que c’est cela qui peut permettre de définir pourquoi il y a de la politique.

Si l’homme avait un ergon propre prédéterminé par la nature, la biologie, le destin, il me semble qu’il n’y aurait ni éthique ni politique possible parce qu’on ne devrait qu’exécuter des tâches. L’action la plus misérable que l’homme puisse faire : exécuter des tâches.

Voilà, j’avais essayé de définir ce concept. Le désœuvrement d’abord n’est pas une suspension de l’activité mais une forme particulière d’activité et deuxièmement, j’avais immédiatement vu que dans l’histoire de la pensée occidentale, c’était justement un problème qu’on n’avait jamais posé.

L’idée de toute inactivité, l’idée, surtout dans le monde moderne à partir du christianisme par exemple, que Dieu puisse être un être oisif est quelque chose qui répugne les théologiens. Dieu non seulement a créé le monde mais ne cesse de le créer et ne cesse d’agir, ne cesse de le gouverner, la création est continue et l’idée qu’un dieu puisse être inactif ou désœuvré et une chose monstrueuse pour les théologiens et je crois que toute la tradition de la modernité se fonde sur le refoulement du désœuvrement.

Un des lieux où ce problème a été pensé, c’est le problème de la fête. C’est un des lieux où dans notre tradition, on essaye de donner une place au désœuvrement.

Et dans notre société moderne, c’est un peu calqué sur le concept du shabbat, c’est-à-dire la suspension de l’activité. La fête consisterait à suspendre l’activité, ce serait donc une suspension provisoire des activités productives. On voit que en même temps c’est un problème perçu mais en même temps qui est bien limité, dans des limites qui excluent, qui rendent impossibles de le penser véritablement.

Mais si on réfléchit à la fête même, on voit bien que ce n’est pas du tout la définition de la fête, la suspension du travail, parce que dans la fête, même si dans le shabbat toute activité productive est interdite, on fait des choses : on fait des repas et dans les fêtes on s’échange des dons.

On fait des choses mais toutes les choses qu’on fait sont soustraites à leur économie propre, sont destituées de leur économie propre. C’est-à-dire que si on mange ce n’est pas pour se nourrir mais être ensemble, faire l’expérience d’une festivité, si on s’habille ce n’est pas pour se protéger du froid, c’est là aussi pour autre chose, pour un autre usage et surtout si on s’échange des choses ou des dons, ce n’est pas par un échange économique.

La fête est définie non pas simplement par une action mais par un genre particulier d’opération. C’est-à-dire que les activités humaines sont soustraites à leur économie propre et par cela ouvertes à un autre usage possible.

Les folklores sont remplis de ces choses, la fête des morts dans le folklore sicilien, qu’on retrouve dans les pays anglo-saxons, dans Halloween. Dans Halloween, les enfants sont les morts qui réapparaissent et prennent ou volent même les choses qui sont dans une certaine économie et en les soustrayant à l’économie, on les ouvre à cette chose qu’on appelle l’étrenne, le cadeau, etc.

Donc c’était pour vous montrer tout simplement qu’on peut très bien penser une activité comme celle qu’on fait dans la fête, qui ne se limite pas à suspendre une économie, une action, une œuvre mais aussi en fait un autre usage.

Mais cet élément destitutif de la fête me paraît très important : c’est toujours soustraire une chose à son économie propre, pour la désœuvrer, pour en faire un autre usage.

Par exemple, les anciens disaient qu’il n’y a pas de fête sans danse. Mais qu’est-ce que la danse si ce n’est une libération des gestes et des mouvements du corps de leur économie propre ? Si ce n’est soustraire les gestes à une certaine utilité économique, une certaine direction et l’exhiber en tant que telle, en la désœuvrant.

Et les masques c’est la même chose. Que sont les masques si ce n’est une neutralisation du visage ? Le masque va rendre inopérant le visage, va désœuvrer le visage, mais en cela, il en montre ou en expose quelque chose même de plus vrai.

Un autre exemple qui me semble tout à fait clair, pour comprendre ce qu’est le désœuvrement : qu’est-ce qu’un poème ? C’est une opération linguistique qui a lieu dans le langage comme toute autre, il n’y a pas d’autre lieu pour le poème. Le poème est une opération langagière, dans le langage.

Alors qu’est-ce qu’il se passe ? Là encore, on voit que le langage est désactivé de sa fonction informationnelle, communicative etc. Et par ce désœuvrement, il est ouvert à un autre usage, ce que l’on appelle poésie. Ce n’est pas facile de dire ce que c’est, mais une définition très simple c’est soustraire le langage à son économie informationnelle, communicationnelle et cela va faire cet autre usage du langage qu’on appelle poésie.

Là c’est quelque chose qui fait partie presque anthropologiquement de la condition humaine.

Par exemple la bouche est une partie de l’appareil digestif de l’homme, c’est même le premier élément du système digestif. Que fait l’homme ? L’homme détourne la bouche de cette fonction pour en faire le lieu du langage. Et donc toutes les dents qui servent à mâcher vont servir à faire les dentales, etc.

Vous voyez, l’homme marche par désœuvrement même des fonctions biologiques. Même les fonctions biologiques du corps sont ouvertes à un autre usage. Le baiser c’est la même chose, il prend cet élément digestif et en fait un autre usage.

Donc le désœuvrement est une activité propre de l’homme qui consiste à désœuvrer les œuvres économique, biologique, religieuses, juridiques sans simplement les abolir. Le langage n’est pas aboli. Qu’est-ce que ça pourrait être un désœuvrement de la loi ? On va le voir, la loi n’est pas simplement abolie mais soustraite à son horrible économie et on peut en faire peut-être un autre usage.

Et là je peux enfin en venir à mon problème de la puissance destituante.

Parce que si on met au centre de la politique non plus la poiesis et la praxis, c’est-à-dire la production et l’action mais l’usage et le désœuvrement, alors tout change dans la stratégie politique.

Notre tradition a hérité ce concept de pouvoir constituant de la Révolution française. Mais ici, on doit penser quelque chose comme une puissance destituante. Parce que justement le pouvoir constituant est solidaire de ce mécanisme qui va faire que tout pouvoir constituant va fonder un nouveau pouvoir constitué.

C’est ce qu’on a toujours vu, les révolutions se passent comme ça : on a une violence qui va constituer les droits, un nouveau droit, et après on aura un nouveau pouvoir constitué qui va se mettre en place. Tandis que si on était capable de penser un pouvoir purement destituant, pas un pouvoir mais justement je dirais pour cela une puissance purement destituante, on arriverait peut-être à briser cette dialectique entre pouvoir constituant et pouvoir constitué qui a été, comme vous le savez, la tragédie de la Révolution.

C’est ça qui s’est passé et on le voit partout même maintenant, par exemple dans la révolution du Printemps arabe. Immédiatement, on a fait des assemblées constituantes et ça a été suivi par quelque chose de pire que ce qu’il y avait avant. Et le nouveau pouvoir constitué qui s’est mis en place par ce mécanisme diabolique du pouvoir constituant devient un pouvoir constitué.

Donc à mon avis ce sont des concepts qu’il faut avoir le courage d’abandonner : en finir avec le pouvoir constituant. Negri ne serait pas d’accord mais il faut penser un pouvoir ou plutôt une puissance qui ait la force de rester destituante.

Ça nous engage à élaborer une tout autre stratégie. Par exemple, si on pense une violence, cette violence doit être purement destituante. Il faut faire attention, si c’est une violence qui va constituer un nouveau droit, on a perdu.

Donc il faut penser les concepts de révolution, d’insurrection, d’une toute autre façon ce qui n’est pas facile.

Là je voulais donc uniquement quelques repères. C’est tout un travail à faire que vous devez faire aussi, que j’ai essayé de faire moi aussi. Mais pour l’instant, comme c’est un travail en cours, je voulais uniquement vous donner quelques éléments du moment où il me semble que dans notre tradition, on a essayé de penser cela.

La première chose qui me vient immédiatement à l’esprit, c’est l’essai de Walter Benjamin sur la critique de la violence. C’est un essai qui, si on le lit dans cette perspective, a vraiment cela au centre.

Dans cet essai, Benjamin essaye de penser ce qu’il appelle « une violence pure », c’est-à-dire une violence qui ne va jamais poser un nouveau droit. C’est-à-dire une violence qui serait capable de briser ce qu’il appelle « la dialectique entre la violence qui pose les droits et la violence qui les conserve ». Notre système politique, ce qu’on avait appelé avant le pouvoir constituant, le pouvoir constitué, c’est ça.

Notre système politique se fonde sur cette idée. Par exemple quand il y a des révolutions, des changements, on a une violence qui fonde un nouveau droit et immédiatement après, cela se traduit dans une violence qui va le conserver.

Et Benjamin dit que c’est ce mécanisme qu’il faut briser et donc il essaye dans ce texte de penser ce qu’il va appeler une « violence pure », une violence divine, peut-importe. Et il va le définir justement comme une violence qui va entsetzen (il emploie le verbe allemand) : qui va déposer le droit, sans fonder un nouveau droit.

C’est-à-dire une violence qui brise son rapport avec le droit. Il essaye de trouver des exemples dans la mythologie grecque et surtout dans l’idée de Sorel de grève générale prolétaire. Il y voit une forme de violence pure dans le sens où elle ne va pas constituer de droit, elle n’est pas dirigée à obtenir et constituer un nouveau droit. C’est une violence qui reste purement destitutive par rapport au droit existant.

C’est un exemple qui me semble important parce qu’il a bien vu justement que le problème c’est de briser ce rapport.

Un autre exemple qui me vient à l’esprit c’est ce que Paul (l’apôtre) essaye de faire dans ses lettres. C’est-à-dire qu’il va définir les rapports entre le Messie et la Torah (la loi juive) par le verbe grec katargeïn qui veut dire rendre argos, rendre inopérant, désactiver.

Ce qu’il dit en fait, c’est : nous sommes des juifs et bien sûr on ne va pas détruire la loi, on ne va pas détruire la Torah, mais on va la rendre inopérante, argos, la désœuvrer.

Et donc le Messie n’est pas quelqu’un qui simplement abolit la loi, c’est quelqu’un qui la désœuvre. Qu’est-ce que ça veut dire ? C’est vraiment son problème : penser un rapport à la loi qui, sans tout simplement la nier, l’éliminer, nie le fait qu’on doit exécuter des commandements, tout autre rapport à la loi.

C’est un trait du messianisme juif qui va jusqu’aux formes qu’il a pris au XVIIe siècle dans le sens que l’accomplissement de la loi est sa transgression, comme dit Sabbataï Tsevi. Donc dans le messianisme il y avait ce problème : penser un rapport à la loi qui ne soit pas son exécution, son application.

C’est très intéressant : est-il possible de penser un rapport à la loi qui la désactive, qui la rende inopérante en tant que commandement et en permet un autre usage ? C’est ce que c’était au début pour Paul et qui après est devenu le christianisme, qui a complètement trahi cette chose.

Mais il y a une chose par exemple qui peut être utile dans cette perspective. Paul a dit une chose à un certain moment pour comprendre ce que pourrait être ce rapport à la loi qui ne l’exécute pas sans l’abolir. Il dit, pour exprimer la condition messianique, que la condition maintenant c’est que ceux qui ont une femme comme s’ils n’en avaient pas, ceux qui pleurent comme s’ils ne pleuraient pas, ceux qui se réjouissent comme s’ils ne se réjouissaient pas, ceux qui achètent une maison comme s’ils ne la possédaient pas etc.

Par exemple, tu es né dans une certaine condition sociale, tu es esclave, fais-en usage. Et il emploie cette expression du verbe kresteï.

C’est-à-dire que le problème n’est pas tout simplement : je suis esclave et je vais devenir libre, d’abord fais-en usage. Apprendre à faire usage de sa condition, c’est-à-dire à la désactiver, à la rendre inopérante par rapport à soi-même et en cela ça devient une possibilité proprement désœuvrante qui va rendre possible un autre usage de ta condition.

Ce n’étaient que des exemples, je ne suis pas en train de dire que c’est ça qu’il faut faire, c’était juste pour vous montrer que dans certains moments de notre tradition de pensée on a quand même ce problème.

Et là, c’est une chose qui me semble aussi importante, il me semble que c’est cette puissance destituante que la pensée du XXe siècle a essayé de penser, sans y réussir vraiment.

Ce qu’Heidegger pense comme destruction de la tradition, ce que Schürmann pense comme déconstruction de l’arché, ce que Foucault pense comme archéologie philosophique, c’est-à-dire remonter à un certain arché, un certain a priori historique et essayer de le neutraliser.

Il me semble que ce sont des essais qui vont dans cette direction (et c’est ce que moi-même j’ai essayé de faire) sans peut-être vraiment y arriver. Mais c’est cela, c’est la destitution des œuvres du pouvoir, pas simplement l’abolition.

C’est quelque chose d’évidemment très difficile parce qu’aussi on ne peut pas la réaliser uniquement par une praxis. C’est-à-dire que le problème n’est pas quelle forme d’action va-t-on trouver pour destituer le pouvoir, parce-que ce qui va destituer le pouvoir n’est pas une forme d’action mais uniquement une forme-de-vie.

Ce n’est que par une forme-de-vie que le pouvoir destituant peut s’affirmer donc ne n’est par cette activité-là, cette praxis-là, c’est par la construction d’une forme-de-vie.

Vous voyez pourquoi c’est difficile puisqu’il ne s’agit pas de telle action, on va faire ci, on va faire ça. Ça ne suffit pas. Il faut d’abord constituer une forme-de-vie.

Et là on peut revenir à pourquoi il est si difficile de faire cela. Pourquoi par exemple est-il difficile de penser des choses comme l’anarchie (l’absence de commandement, de pouvoir), l’anomie (l’absence de loi) ? Pourquoi est-ce si difficile de penser ce concept qui pourtant semble contenir quelque chose ?

Benjamin dit une fois que la véritable anarchie est l’anarchie de l’ordre bourgeois et dans le film Salo de Pasolini, il y a un fasciste qui dit à un moment que la véritable anarchie est l’anarchie du pouvoir. C’est quelque chose qu’il faut prendre à la lettre.

Donc le pouvoir marche par capture de l’anarchie, le pouvoir qu’on a en face n’est fonction que parce qu’il a reçu, inclus (toujours ce processus de l’exclusion incluante) l’anarchie.

Même chose avec l’anomie, c’est évident avec l’état d’exception : notre pouvoir marche en étant capable d’inclure, de capturer l’anomie. L’état d’exception est une absence de loi tout simplement, mais une absence de loi qui va devenir intérieure au pouvoir, à la loi.

C’est cela qui est compliqué. On ne peut pas accéder à l’anarchie, on ne peut pas accéder à l’anomie. Et on pourrait continuer, notre pouvoir dit démocratique se fonde en fait sur l’absence du peuple, on pourrait dire « adémie » (dèmos, le peuple). La démocratie qu’on a en face c’est quelque chose qu’on a par le mécanisme ridicule de la représentation qui a capturé l’adémie, l’absence de peuple, en son centre.

Voilà, mais c’est justement cela qui rend si compliqué l’essai d’accéder à l’anarchie, d’accéder à l’anomie. On ne peut pas y accéder immédiatement parce que d’abord il faut désactiver, désœuvrer, destituer l’anarchie du pouvoir.

C’est-à-dire que la véritable anarchie n’est rien d’autre que la destitution de l’anarchie du pouvoir. Et c’est pour ça qu’on ne peut pas la penser parce que si on essaye de penser l’anarchie, on a en face ce que le pouvoir en a fait, c’est-à-dire la guerre de tous contre tous, le désordre…

Si on essaye de penser l’anomie, on a cette chose absurde : le manque de loi, le chaos où chacun fait ce qu’il veut. Mais c’est faux, ça c’est l’image que la capture de l‘anarchie, la capture de l’anomie, nous laissent en face. Si d’abord on arrive à désactiver l’anarchie et l’anomie capturées par le pouvoir, peut-être alors que la véritable anarchie peut réapparaître.

C’est pour ça que des travaux comme ceux des anthropologues Clastres et Sigrist sont importants. Ils montrent très clairement que ce n’est pas du tout vrai. Si on regarde les sociétés primitives, on voit l’anarchie mais ce n’est pas du tout ce que notre tradition politique nous présente. Par exemple, dans le livre de Sigrist, il emploie la formule « anarchie contrôlée ». C’est pour dire que c’est une absence de pouvoir mais pas du tout la guerre de tous contre tous, le chaos, ce sont des formes différentes. C’est aussi ce qu’Illich a essayé de penser par ce concept de « vernaculaire ». Ce n’est pas l’anarchie que l’on croit.

C’est cette chose-là qui me semblait importante : on ne pourra pas accéder à une véritable pensée de l’anarchie si on ne neutralise pas d’abord l’anarchie que le pouvoir contient en son centre.

Je vous avais dit que ce n’est pas une tâche théorique mais que cela ne sera possible, cette opération de destitution du pouvoir, que par une forme-de-vie. Donc ce n’est pas tout simplement trouver la bonne action mais constituer des formes-de-vie. Je dirais même qu’une forme-de-vie c’est justement là où on rejoint quelque chose qui d’elle-même va être destituante.

J’avais essayé de définir ce concept de forme-de-vie au début de ma recherche comme une vie qui ne peut pas être séparée de sa forme.

C’est-à-dire une vie pour laquelle, dans son mode de vie, est en jeu la vie même : une vie pour laquelle sa vie même est en jeu dans sa façon de vivre. Vous voyez là donc qu’il ne s’agit pas simplement d’un mode de vie différent. Ce sont des modes de vie qui ne sont pas simplement des choses factuelles mais des possibilités.

Tiqqun avait développé cette définition de façon très intéressante dans trois thèses que je vous lis et qui sont dans le n°2 de la revue : « 1- L’unité humaine n’est pas le corps ou l’individu, c’est la forme-de-vie. 2- Chaque corps est affecté par sa forme-de-vie comme par un clinamen, une attraction, un goût. 3- Ma forme-de-vie ne se rapporte pas à ce que je suis mais à comment je suis ce que je suis. »

Donc d’abord, la forme-de-vie est quelque chose comme un goût, une passion, un clinamen : c’est quelque chose d’ontologique qui affecte un corps. Mais aussi je voudrais m’arrêter sur le dernier point : le concept du comment.

Ce n’est pas ce que je suis mais comment je suis ce que je suis. Dans la tradition de l’ontologie occidentale, ce serait ce qu’on a essayé parfois de penser comme une ontologie modale.

Vous connaissez peut-être la thèse de Spinoza : il n’y a que l’être, la substance et ses modes, ses modifications. Il n’y a que Dieu et ses modifications qui sont les êtres, les êtres singuliers. Les êtres singuliers ne sont que des modes, des modifications de la substance unique.

Mais là, je crois qu’il faut encore poursuivre, éclaircir. La substance, l’être n’est pas quelque chose qui précède le mode et existe indépendamment de ces modifications. L’être n’est rien d’autre que ce mode d’être, la substance n’est que ses modifications, n’est que son comment.

Et là vous voyez que c’est toute une autre ontologie qu’il faudra penser dans le sens que l’ontologie a toujours été définie par ces deux concepts : identité et différence. Donc on a essayé par exemple de penser le problème un et multiple par le concept identité et différence (différences ontologique etc.).

Et il me semble que ce qu’il faudrait penser, c’est un tiers qui va neutraliser ce couple identité/différence. Je veux dire par là que si on prend par exemple la thèse spinoziste qu’on a toujours qualifiée de panthéiste, c’est-à-dire deus sive natura, Dieu ou bien la nature, il ne faut pas croire que cela veut dire Dieu = nature parce que là on retombe dans identité /différence. Non, sive veut dire ou bien et exprime justement la modalisation, la modification, c’est-à-dire la neutralisation et l’élimination aussi bien de l’identité que des différences.

Divin n’est pas l’être en soi mais son « ou bien », son sive, ses modifications. Je ne sais pas si on pourrait dire : le fait de se « naturer » dans ce mode, naître dans ce mode.

Donc vous voyez la différence, toutes les critiques qu’on a fait au panthéisme dans le sens que c’est absurde de penser que être = mode, Dieu = nature, c’est faux. Ce n’est pas ça : Dieu se modalise, c’est la modalisation, la modification qui est importante. Dieu, le divin n’est que ce processus de modification.

Et là aussi, pour cela, il faudrait penser différemment le rapport entre la puissance et l’acte. La modification n’est pas une opération par laquelle quelque chose qui était en puissance, l’être ou Dieu, s’actualise, se réalise, s’épuise en cela.

Ce qui aussi bien dans le panthéisme que dans le cas d’une forme-de-vie va désactiver les œuvres est surtout une expérience de la puissance en tant que telle mais de la puissance en tant qu’habitus, cet usage habituel, on pourrait dire de la puissance qui va se manifester dans ce désœuvrement qui est aussi la forme chez Aristote d’une puissance du ne pas, ne pas être, ne pas faire, mais qui est surtout un habitus, un usage habituel : une forme-de-vie. Et une forme-de-vie, c’est un usage habituel de la puissance. Il ne faut pas penser : une puissance, je dois la mettre en acte, la réaliser. Non, c’est un habitus, un usage habituel.

Donc dans ce sens, tous les êtres vivants sont dans une forme-de-vie mais cela n’est pas équivalent à dire que tous les êtres vivants sont une forme-de-vie. Parce que justement une forme-de-vie est quelque-chose qui va rejoindre cet usage habituel de la puissance qui va désœuvrer les œuvres.

Bon, et je crois que j’en ai même trop dit.

Une chose qu’on avait discutée l’autre soir : tout cela implique aussi qu’il y a un autre concept politique dans notre tradition qu’il faut repenser. C’est celui d’organisation. Parce que vous comprenez que si la définition d’une forme-de-vie que je donne est correcte, la forme-de-vie n’est pas quelque chose que quelqu’un peut prétendre organiser. Elle est déjà en elle-même pour ainsi dire complètement organisée. Qui va organiser des formes-de-vie puisque la forme-de-vie est le moment où on a rejoint l’usage habituel d’une puissance ?

Et donc à mon avis le problème de l’organisation politique est l’un des problèmes majeurs de notre tradition politique et il faut le repenser.

Voilà, c’est tout.

Source : https://lundi.am/

https://lundi.am/vers-une-theorie-de-la-puissance-destituante-Par-Giorgio-Agamben

FURTADO: Ilha das Flores >..< L’Île aux fleurs

samedi, décembre 19th, 2015

en français: http://www.dailymotion.com/video/x7b855_l-ile-aux-fleurs-ilha-das-flores-jo_shortfilms

BRIENT: de la servitude moderne

samedi, décembre 19th, 2015

de la servitude moderne

« Toute vérité passe par trois stades :
En premier lieu on la ridiculise;
en deuxième lieu on s’y oppose violemment;
enfin on l’accepte comme si elle allait de soi. »
Schopenhauer

texte en français: http://www.delaservitudemoderne.org/texte.html

vidéo en français: http://www.delaservitudemoderne.org/video.html

afficheDLSM

 “Toda verdade passa por três estágios.
No primeiro, ela é ridicularizada.
No segundo, é rejeitada com violência.
No terceiro, é aceita como evidente por si própria.”
Schopenhauer

 A servidão moderna é um livro e um documentário de 52 minutos produzidos de maneira completamente independente; o livro (e o DVD contido) é distribuído gratuitamente em certos lugares alternativos na França e na América latina. O texto foi escrito na Jamaica em outubro de 2007 e o documentário foi finalizado na Colômbia em maio de 2009. Ele existe nas versões francesa, inglesa e espanhola. O filme foi elaborado a partir de imagens desviadas, essencialmente oriundas de filmes de ficção e de documentários.
O objetivo principal deste filme é de por em dia a condição do escravo moderno dentro do sistema totalitário mercante e de evidenciar as formas de mistificação que ocultam esta condição subserviente. Ele foi feito com o único objetivo de atacar de frente a organização dominante do mundo.

Jean-François Brient e Victor León Fuentes

http://www.delaservitudemoderne.org/index.html

Vídeo dublado em português’: http://www.delaservitudemoderne.org/video-po.html (tiraram o som do Rage Against the Machine (killing in the name) ao final e colocaram uma música orquestrada, como que pra não ’embalar’ demais – mas já sabemos que há uma fetichização até nessas imagens de confronto e que nossa tarefa vai muito além dessas trincheiras (sem por isso negar o papel dessas táticas). Em todo caso, apesar de algumas imagens do vídeo mais reduzirem o potencial reflexivo do texto,  tem muita citação e reflexão que parece valer a postagem. Trata-se de pensamento crítico e não dos tikos e tekos logarítmikos que por uma postagem se adere a uma série de analogias…

O texto em pdf tá aqui: http://www.delaservitudemoderne.org/texto-po.html

Camila MORENO: Millones

jeudi, décembre 3rd, 2015

aos estudantes, de Ayotzinapa aos Chiapas,

dos ribeirinhos da bacia do Xingú aos do Rio Doce,

das escolas da roça às das megalópoles.

Millones

Camila Moreno

Farmacéutica, trasatlántica, trasandina
Una vida se apaga porque le estorba
Que no se muera pronto pa’ darle la vacuna
Ellos dicen ser buenos reparten pastillas
Ay que pena que le da si se hace tira
Ellos dicen ser buenos reparten pastillas
Ay que pena que le da pero es mentira.

Quieren millones, millones, millones,
millones, millones, millones.
Millones, millones, millones,
millones, millones, millones.
Millones de alma en su inmensa cuenta
Millones de casas sobre la selva.

Y esto pasan los días, pasan las noches
Pasan todos los segundos que tomo té en la cocina.

Farmacéutica, trasatlántica, trasandina
Una vida se apaga porque le estorba
Que no se muera pronto pa’ darle la vacuna.

Quieren millones, millones, millones,
millones, millones, millones.
Millones de alma en su cuenta
Millones de represa en la tierra.

Ellos gobernaron: el pasado, la rutina, la energía
No gobernaran el futuro
Ellos gobernaron: el pasado, la rutina, la energía
No gobernaran el futuro, no
No gobernaran el presente, el futuro

Quieren millones, millones, millones,
millones, millones, millones.
Millones de alma en su cuenta
Millones de represa en la tierra.

TOM ZÉ: Vai

dimanche, novembre 15th, 2015

 

Aborigènes

mercredi, octobre 14th, 2015

En remerciement aux inspirations et souffles venu-es des airs des montagnes du Chiapas.

Grâce aux Semillitas Zapatistas nous pouvons nous reconnaître dans des luttes des peuples indigènes un peu partout dans le monde. Reflets des gens qui résistent aux processus de kolonisation, de pillage et d’offensives à l’outrance imposées par la ‘trockrokrodilogik Kapitale’ aux fils (et filles;) du temps.

Une toute petite référance fait différance sur ce sol plein des fleurs en mots – images – réfléxions, même dans un espace virtuel si reducteur et trompeur comme la ‘time line’ du royaume des malédictions de facesbouches.

Merci donc à tou-te-s ceux/celles qui partagent de la verité en mots-images-refléxions, dans des mots-clés et des mots-valises qui portent la puissance de créer et ouvrir d’autres mondes nouveaux hors des vieux pouvoirs kapitaux virulents.

Et les coïncidences ne s’arrêtent pas là… Je viens de découvrir que les Aborigènes d’Australie  eux aussi, ils ont comme référence centrale, le symbolisme du serpent depuis l’âge des ‘pierres’:

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Yurlunggur

Dans la mythologie des Aborigènes d’Australie (plus spécifiquement Murngin1), le Yurlungur est un serpent de cuivre qui fut tiré d’un profond sommeil par l’odeur des menstruations d’une femme.

La femme et ses sœurs, les Wawalag, furent dévorées par le Yurlungur, auquel il fut demandé plus tard lors d’un concile de serpents de les régurgiter. Dans les cérémonies aborigènes australiennes, le fait de vomir symbolise le passage des garçons à l’âge adulte.

Source: Wikipédia – Yurlungur

John Mawurndjul, Serpent arc-en-ciel à cornes. Terre d'Arnhem (Australie), XXe siècle. Écorce d'eucalyptus, pigments naturels, 176 x 72 cm. Paris, musée du quai Branly. © Musée du quai Branly

John Mawurndjul, Serpent arc-en-ciel à cornes. Terre d’Arnhem (Australie), XXe siècle.
Écorce d’eucalyptus, pigments naturels, 176 x 72 cm. Paris, musée du quai Branly. Source: tracesduserpent

Le Serpent arc-en-ciel ou Ndjamulji appelé aussi Waagal, Wagyl ou Yurlungur est un être mythologique majeur pour le peuple Aborigène d’Australie.

En Australie et en Nouvelle-Zélande, il existe plusieurs types de dragons. Ces dragons sont des créatures qui vivent souvent près de l’eau. Le Serpent arc-en-ciel baptisé Ngalyod est l’un de ces serpents-dragons vénérés depuis plus de 10 000 ans  par les Aborigènes. Il est considéré comme l’habitant permanent des puits et contrôle ainsi l’eau, la source de vie la plus précieuse. Parfois imprévisible, c’est le Serpent arc-en-ciel qui rivalise avec l’implacable soleil, pour reconstituer les réserves d’eau. Ce combat épique est décrit dans le Temps du rêve.

C’est donc un protecteur bienfaiteur de son peuple, mais il peut aussi punir ceux qui enfreignent la loi. Il donne et reprend la vie. La mythologie du Serpent arc-en-ciel est étroitement liée à la terre, à l’eau, à la vie, aux relations sociales et à la fertilité. Il existe de nombreuses histoires associées au Serpent arc-en-ciel, ce qui traduit l’importance de cet être mythique dans les traditions aborigènes.

Pour le nomade aborigène marchant dans le ‘bush’, le serpent est un signe de la Terre indiquant un point d’eau proche et l’arc-en-ciel est un signe du Ciel indiquant une pluie récente dans cette direction. Tous deux étant des signes bénéfiques.

source: wikipédia – Serpent_arc-en-ciel

Yidaki

Leur technique incroyable, du ‘souffle’, pour jouer leur instrument nomé Didgeridoo ou yidaki, ou mago, semble contenir plus que de la musique, mais un processus méditatif…

Une légende aborigène raconte l’origine de cet instrument23 :

« Au commencement, tout était froid et sombre.
Bur Buk Boon était en train de préparer du bois pour le feu afin d’apporter protection, chaleur et lumière à sa famille.
Bur Buk Boon remarqua soudain qu’une bûche était creuse et qu’une famille de termites grignotait le bois tendre du centre de la bûche.
Ne voulant pas blesser les termites, Bur Buk Boon porta la bûche creuse à sa bouche et commença à souffler.
Les termites furent projetées dans le ciel nocturne, formèrent les étoiles et la Voie lactée, illuminant le paysage.
Et pour la première fois le son du didgeridoo bénit la Terre-Mère, la protégeant elle et tous les esprits du Temps du rêve, avec ce son vibrant pour l’éternité. »

https://www.youtube.com/watch?v=5YM5nohSh6c

Il y a encore des tas de choses à découvrir de ce peuple:

https://fr.wikipedia.org/wiki/Aborig%C3%A8nes_d%27Australie

Mythologie_aborigène

Temps_du_rêveAboriginal_art_Carnarvon_Gorge

Cosmogonie des Aborigènes d’Australie

La cosmogonie des Aborigènes d’Australie repose sur la notion de « Temps du rêve », en anglais « Dreamtime » ou « Dreaming », « Tjukurpa » dans les langues anangu, « Wapar » en yankunytjatjara. À cette époque mythique, les ancêtres surnaturels, comme le Serpent Arc-en-ciel ou les Hommes Éclairs, créèrent le monde par leurs déplacements et leurs actions. Tjukurpa fournit une explication du monde, définit le sens de la vie, ce qui est bien ou mal, ce qui est naturel ou ce qui est vrai. Ces définitions règlent tous les aspects de la vie des Anangu, peuples de l’Australie Centrale.

Tjukurpa interprète chaque site et chaque élément du paysage en termes symboliques, il mêle le passé (c’est-à-dire l’histoire de sa création) avec le présent et sa signification. Beaucoup de ces informations sont secrètes et ne doivent pas être révélées aux non-Aborigènes, les « Pyranipa ».

Uluru a été créé pendant la Tjukurpa. Ce monolithe de 3 600 m de long et de 348 m de haut proviendrait du jeu de deux enfants mythiques dans la boue un jour de pluie.
Tout autour de ce rocher, de nombreux sites sont sacrés et porteurs de mémoire et de légendes.

Dans cette cosmogonie, la pensée a créé toute matière. La terre, les hommes, les animaux et les plantes ne sont que des parties d’un même tout. Donc les hommes ne peuvent pas posséder de terres ni d’animaux. Cette cosmogonie a provoqué de graves conflits entre les colonisateurs et les aborigènes qui ne comprenaient pas les notions de propriétés privées délimitées ou d’élevage.