Archive for mars, 2015

ŽIŽEK: L’inconscient, c’est la politique

dimanche, mars 22nd, 2015

Retranscription des dix dernières minutes d’une conférence donnée par Slavoj Žižek à Birbeck le 23 mars 2011.

audio in english: « http://backdoorbroadcasting.net/archive/audio/2011_03_23/2011_03_23_SlajovZizek_Masterclass_day1_talk.mp3 »

[Je fais confiance aux traducteur/traductrice tout en leur remerciant le travail.]

L’inconscient, c’est la politique

Le problème avec la psychanalyse est le même que celui avec Hegel. Avec Hegel nous avons trois lectures, celle des conservateurs, celle de gauche, pas seulement Marx mais aussi Bakounine, et depuis 50 ans l’apparition d’une scabreuse lecture « libérale-hégélienne ». Pour identifier ceux-là, cherchez le mot « reconnaissance », c’est le mot clé des « hégéliens libéraux ». C’est une vision sans prétention ontologique basée uniquement sur la reconnaissance mutuelle, etc.

Chez Freud nous avons la même chose, nous avons les conservateurs freudiens-lacaniens (par exemple Pierre Legendre) qui affirment que le message de Lacan est: aujourd’hui la société permissive, narcissiste est dangereuse, elle conduit à des psychoses et des dépressions, il faut réhabiliter l’autorité de la loi symbolique.

Ensuite nous avons des lacaniens de gauche, et tout comme avec Hegel, nous voyons émerger les « lacaniens-libéraux ».

Je crois que la faute en revient à Lacan lui-même qui, dans ses dernières années, oscille entre deux modes éthico-politiques. Chacun est pire que l’autre si vous voulez mon avis.

Le premier c’est la transgression éthique développée dans le séminaire VII (L’éthique) sa lecture d’Antigone.

C’est idée de l’acte éthique vu comme une violente transgression qui en tant que tel reste exceptionnel.

Ensuite, ce qui semble être l’opposé, mais en vérité revient au même, basé sur le fait que les moments authentiques sont rares et qu’il faut retourner et se satisfaire du « semblant », vous savez cette fausse idée nietzschéenne que la vérité est trop forte pour nous, dans notre vie quotidienne nous devons vivre avec les semblants et la seule chose que nous apporte l’analyse c’est la conscience que ces semblants sont en fin de compte de pures illusions.

Pour le dire simplement, et je crois que nous avons tout intérêt à essayer de voir les choses simplement, nous avons la une forme d’hédonisme cynique. L’idée c’est qu’après avoir fait l’horrible expérience du réel dans ce moment aveuglant, vous devez retourner à la vie ordinaire mais vous savez que ce n’est qu’un jeu social que jouez et qu’il ne faut pas le prendre trop sérieusement.

Mais ce qui est si intéressant c’est que le dernier Lacan va encore plus loin dans ce chemin libéral et renonce à son idée de transgression violente et dans les dix derniers années de son enseignement, son idée de la fin de la cure n’est plus celle de la traversée du fantasme, mais celle de l’identification au symptôme. ici c’est très clair, je peux vous lire des citations dans le texte où il ne cesse de le dire, par exemple celle-ci : « on ne doit pas pousser une analyse trop loin, quand le patient pense qu’il est heureux de partir, cela suffit. » vous saisissez cette idée : ne menez pas la chose a terme, trouvez un compromis qui sera un peu moins douloureux, et selon les propres termes de Lacan : rendez lui la vie un peu plus facile.

Donc Lacan oscille entre ces deux versions, la première : osez vous confronter à la vérité, risquez tout, ignorez les conséquences, ne vous souciez pas de guérir, la guérison viendra d’elle-même. Au fond c’est une idée, à mon avis très naïve, je dirai pré-hégélienne, par rapport a la Phénoménologie de l’esprit, et c’est curieux de trouver ça chez Lacan, parce qu’il y a encore la trace du Grand Autre : « prends soin de toi et dieu te protégera ».

Dans le dernier Lacan, pour le dire simplement, cela devient : « non laissez tomber la vérité, soyez modeste, supportez la souffrance et réaménagez un peu vos symptômes, c’est tout ce que vous pouvez faire ».

Ce que fait Miller depuis quelques années c’est de développer ce discours d’une manière brutale.

D’abord il prétend que le message de Lacan est de rejeter la vérité symbolique pour se tourner vers la jouissance comme seul réel. La position de Miller est : « soyez conscient que toute parole n’est que semblant la seule chose qui compte c’est la jouissance ». C’est une vision hédoniste libérale qui se résume à « la seule chose que vous pouvez faire c’est trouver votre mode de jouissance » ici, il s’oppose à la science et à la psychiatrie et affirme que la science ne vous offre pas cette liberté, elle veut au contraire vous prescrire votre façon d’être libre, ou de jouir. C’est une position cynique qui enjoint : « ne comptez sur personne d’autre que vous-même pour formuler l’idiosyncrasie de votre jouissance ».

Je vous lis une citation de très mauvais goût, oui de Miller : « la psychanalyse révèle les idéaux sociaux dans leur nature de semblant par rapport au réel qui est le réel de la jouissance ». C’est la position cynique qui consiste à dire que la jouissance est la seule chose qui soit vraie.

Ainsi le psychanalyste occupe la place de l’ironiste, prenant soin de ne pas intervenir dans le champ politique, il fait en sorte que les semblants restent à leur place, s’assurant que le sujet, par ses soins, ne les prend pas pour du réel. C’est une lecture des non dupes errent qui se résume a dire que si le sujet veut se soustraire à ses semblants, les choses vont mal tourner pour lui.

« Ceux qui ne s’aperçoivent pas que la science s’appuie sur des semblants et qu’elle se fonde sur le discours arbitraire du maître, ceux-là sont des « bad boys ». C’est Miller qui dit ça. Encore une citation: « dans le domaine politique le psychanalyste ne peut pas proposer de projets il ne peut que se moquer des projets des autres…./…il faut maintenir l’illusion du pouvoir pour que chacun puisse continuer à jouir, il ne faut pas s’attacher à l’inconsistance du pouvoir mais la considérer comme nécessaire » Nous avons le même cynisme que Voltaire qui assure que Dieu est une invention qu’il est nécessaire de maintenir pour assurer la paix sociale. Il n’y aurait donc pas de société sans répression, sans identification et au-dessus de tout, sans routine. C’est du pur hédonisme conservateur.

Encore une citation de Miller : « il y a des questions qu’il ne faut pas poser… (mon dieu un psychanalyste qui dit une chose pareille !)… si vous tournez la tortue sociale sur le dos vous ne pourrez pas la remettre à l’ endroit ». Une assertion typiquement conservatrice, c’est malheureusement la position de Miller aujourd’hui!

Contre cette idée cynique hédoniste d’un sujet qui ne veut pas bousculer les semblants par peur du chaos, j’affirme — et je suis choqué que Miller n’est pas compris cela — vous voyez à quel point Lacan avait raison lorsqu’il affirme « l’inconscient c’est le politique ». Même lorsque nous débattons de l’inconscient nous faisons passer un jugement politique , je ne suis pas totalement opposé à cette idée de « construire sa propre idiosyncrasie de la jouissance » mais j’affirme que Miller a totalement tort de relier cette injonction à l’ordre politico-libéral parce que justement le capitalisme ne permet pas cette diversité de « mode de jouir » et au contraire tend à nous standardiser toujours d’avantage.

C’est pourquoi j’affirme que Miller a totalement tort, vous savez lorsqu’il a mis en branle ce grand mouvement contre la standardisation et la subordination de la psychanalyse au contrôle d’état. Il m’a demandé plusieurs fois de faire des interventions pour supporter son mouvement. Désolé mais le problème c’est qu’il inscrit directement ce mouvement dans une position de droite néolibérale. Derrière cette idée de l’état totalitaire qui veut décider qui est malade ou non, comment il faut être heureux etc. ce qu’il ne voit pas c’est la contradiction inhérente a son idéologie libérale. En même temps qu’il s’oppose à la standardisation il prône une idiosyncrasie de la jouissance qui ne doit pas déranger l’ordre social, c’est-à-dire, tout compte fait, une idiosyncrasie prescrite et standardisée. Derrière la multitude apparente des idiosyncrasies, se cache une horrible uniformité.

Mon dernier point, crucial théoriquement: la notion de jouissance et de réel qu’a Miller est totalement fausse en termes lacaniens. Entre le réel et le semblant, Lacan a toujours affirmé que le cynisme est une fausse position, parce que le réel n’est pas juste derrière, caché par le semblant, c’est le réel du semblant. Si vous détruisez le semblant vous perdez aussi le réel. Ça me rappelle cette blague d’Alphonse Allais: « regardez cette fille, quelle honte ! Sous ses habits elle est totalement nue ! » C’est ça le réel !

En d’autres termes, Lacan n’est pas cynique, parce que le cynisme consiste à croire que les apparences ne sont que des apparences alors que l’objet de la psychanalyse c’est d’être conscient que le réel c’est le réel des apparences, le réel n’est pas caché par les apparences, il est inclus dans ces apparences.
La lecture cynique de Miller des « non dupes errent » c’est: « je sais que tout n’est qu’illusion et j’accepte cyniquement le spectacle social » Mais ce n’est pas ce que voulait dire Lacan, au contraire, pour Lacan les « non dupes errent » ça s’adresse aux cyniques qui ne voient pas que le réel est inclus dans les apparences.

Politiquement parlant, si vous adoptez cette position vous devez rejeter la position individualiste hédoniste et comprendre que le champ social ne s’oppose pas au réel du sujet, mais que le réel du sujet s’inscrit lui-même dans le champs social. Miller est tombé dans ce que je considère le plus horrible des scepticismes postmoderne qui est une attitude ontologiquement contre-révolutionnaire qui se résume ainsi : « bien que le monde soit injuste et pas parfait, tout projet de changement n’est qu’une pure abstraction métaphysique qui ne changera rien » La beauté de cette position, bien entendu, c’est que bien qu’elle soit réactionnaire, elle apparaît encore plus radicale que la critique radicale. La vraie réponse Lacanienne ici, je crois, c’est que si vous posez le réel à l’intérieur du symbolique, en tant que son vide et son inconsistance, je pense que c’est là le plus grand achèvement de Lacan, le réel n’est pas un au-delà inaccessible, le réel c’est ce qui dans le symbolique ne se symbolise pas. Si vous le mettez dans ce sens-là, il ne s’agit pas de construire une société utopique idéale mais au moins vous pouvez radicalement changer l’ordre des apparences, vous pouvez radicalement restructurer l’ordre des apparences.

Bien sur les apparences sont des semblants, mais ici encore Lacan est un génie si vous le lisez de près, pour lui le réel est aussi un semblant de réel. Je suis désolé mais vous pouvez démystifier le pouvoir, vous pouvez radicalement améliorer la démocratie, et le « secret de Miller » dans une véritable démocratie peut être partagé par tous, c’est-à-dire une démystification du pouvoir qui n’aurait rien d’un privilège, réduit juste à une fonction comme une autre. La démocratie est un bel exemple de comment le réel pourrait s’intégrer dans l’ordre symbolique !

Voila le choix de la psychanalyse aujourd’hui : soit elle se laisse prendre dans ce capitalisme cynique hédoniste dans le genre « je suis contre la peine de mort, mais pour l’instant il est préférable de la conserver » — oui il y a des analystes qui pensent des choses pareilles ! — ou bien vous savez, vous pouvez avoir un moment d’héroïsme, d’accord c’est du semblant, mais c’est du semblant avec du réel dedans… Lacan l’a dit, tous les semblants ne se valent pas, ils ne sont pas tous identiques en tant que semblants… Désolé d’avoir été un peu long mais c’est ma nature!

Retranscription des dix dernières minutes d’une conférence donnée par Slavoj Žižek à Birbeck le 23 mars 2011, et qui s’écoute ici =) « http://backdoorbroadcasting.net/archive/audio/2011_03_23/2011_03_23_SlajovZizek_Masterclass_day1_talk.mp3 »

source: http://cdsonline.blog.lemonde.fr/2011/08/31/linconscient-cest-la-politique/

L’inconscient c’est la politique (une suite…)

Le texte ci-dessous fait suite à la conférence donnée par Slavoj Žižek à Birbek le 23 mars 2011, disponible ci-dessous =)

En préambule, je voudrais préciser que critiquer la position actuelle de Jacques-Alain Miller ne correspond pas à une attaque ad hominem.
Ma lecture n’a rien à faire avec le registre sentimental, et mes réflexions ne s’inscrivent pas dans une quelconque querelle de factions ou d’écoles.

Jacques-Alain Miller m’a permis de comprendre beaucoup de choses chez Lacan, il a largement contribué à éclairer des concepts qui étaient longtemps restés obscurs pour moi. En tant que foncièrement « légitimiste » a priori, j’ai même fait partie des soutiens de Jacques-Alain Miller, jusqu’au moment où, choisissant d’exporter massivement les concepts de la psychanalyse dans les eaux troubles des médias, il l’a faite dériver (aux deux sens du terme) de son combat, du combat de la psychanalyse telle qu’en parlent Freud et Lacan.
Nous y reviendrons…

Certains psychanalystes, se réclamant de la « clinique », se montrent plus souvent qu’à leur tour suspicieux vis à vis des spéculations théorico-politiques de la psychanalyse, ils avancent volontiers l’idée que la psychanalyse serait d’abord et en premier lieu une clinique, et que le reste de la théorie ne serait qu’une sorte développement « intellectuel » éloignée de l’essentiel de la cure, de sa « praxis » au quotidien…

Malgré le petit effet de vérité qu’il y a là-dedans, je crois que c’est une erreur de perspective. En psychanalyse, il n’y a pas d’abord la clinique et ensuite la théorie, même s’il est indéniable que la théorie naît de la clinique et qu’elle se met au service de la clinique pour en éclairer la pratique, les deux dimensions sont en vérité inextricables, elles sont prises dans une tension dialectique, tout simplement parce que la cure psychanalytique ne peut pas être dissociée des conditions sociales dans laquelle elle s’exerce. Le sujet de la psychanalyse étant un sujet historique.

Et aussi parce qu’en psychanalyse, la théorie est toujours simultanément la théorie de l’échec de la psychanalyse, des conditions de possibilité et d’impossibilité sociales de la psychanalyse, le Malaise dans dans la civilisation décrit par Freud n’est pas une « extension intellectuelle » plus ou moins superflue des applications pratiques, concrètes et cliniques de la psychanalyse, mais c’est de l’identité-même de la psychanalyse qu’il s’agit, son Grund, là où se saisit sa véritable essence, la psychanalyse ce n’est pas seulement le divan, la psychanalyse c’est d’abord et avant tout une pensée.

Qui plus est la pensée la plus critique, la plus révolutionnaire, la plus subversive qui soit…

Slavoj Žižek fait donc subir à Jacques-Alain Miller une lecture critique radicale, ce qui l’amène à conclure que le gendre de Lacan — son héritier testamentaire légal ! — occupe de fait — et contre toute attente (« je suis choqué que Miller n’ait pas compris cela« …) — une position de « cynique hédoniste », pratiquant même un « pur hédonisme conservateur » ayant choisi pour horizon « l’ordre politico-libéral »…

Žižek va même jusqu’à déclarer « Miller est tombé dans ce que je considère le plus horrible des scepticismes postmoderne qui est une attitude ontologiquement contre-révolutionnaire qui se résume ainsi : « bien que le monde soit injuste et pas parfait, tout projet de changement n’est qu’une pure abstraction métaphysique qui ne changera rien » puis, déployant la logique psychanalytique jusqu’à ses ultimes conséquences, Žižek porte l’estocade : « Mon dernier point, crucial théoriquement: la notion de jouissance et de réel qu’a Miller est totalement fausse en termes lacaniens. Entre le réel et le semblant, Lacan a toujours affirmé que le cynisme est une fausse position, parce que le réel n’est pas juste derrière, caché par le semblant, c’est le réel du semblant. Si vous détruisez le semblant vous perdez aussi le réel. Ça me rappelle cette blague d’Alphonse Allais: « regardez cette fille, quelle honte ! Sous ses habits elle est totalement nue ! » C’est ça le réel !
En d’autres termes, Lacan n’est pas cynique, parce que le cynisme consiste à croire que les apparences ne sont que des apparences alors que l’objet de la psychanalyse c’est d’être conscient que le réel c’est le réel des apparences, le réel n’est pas caché par les apparences, il est inclus dans ces apparences. »

En quoi la position « cynique », « l’hédonisme conservateur », ou le fait de prendre pour horizon l’ordre « politico-libéral » de nos sociétés du capitalisme tardif est-il foncièrement antagoniste à la théorie psychanalytique telle qu’elle a été initiée par Freud et portée jusqu’à son acmé logique par l’enseignement de Lacan?

Comme l’a développé Žižek par ailleurs, c’est que le « retour à Freud » de Lacan avait été précédé d’un premier « retour à Freud », opéré par la TCS (Théorie Critique de la Société) de l’École de Francfort, où fut critiquée de manière extrêmement bien argumentée (notamment par Adorno) l’amnésie qui dès les années trente était déjà en train de recouvrir le noyau subversif de la pensée freudienne…

Les théoriciens de l’École de Francfort ont voulu réaffirmer (entre autres) ce qu’avait découvert Freud lui-même, à savoir que les conditions sociales de la psychanalyse — c’est à dire le genre de société dans laquelle le sujet est appelé à vivre ! — sont indissociables de la cure elle-même, mais pas selon n’importe quel protocole !

Dans une société du capitalisme avancé comme la nôtre par exemple, l’idéologie — sous-jacente, déniée, et néanmoins omniprésente ! — du « libéralisme », qui s’exprime dans l’injonction surmoïque « JOUIS! », se branche directement sur le « ça » du sujet, « court-circuitant » ainsi le moi, qui ne peut plus faire son office de médiation…
(Le « narcissisme » des contemporains du capitalisme globalisé peut donc être perçu comme une défense, l’envers de leur aliénation — insconsciente — au « système » capitaliste…)

Avec un peu d’humour on pourrait dire que du temps de Freud, le Surmoi faisait plutôt équipe avec le Moi pour réprimer les pulsions du Ça, tandis qu’aujourd’hui, dans nos sociétés « libérales-hédonistes » le Surmoi sollicite directement la complicité du Ça pour priver le Moi de toute médiation critique…
D’où le narcissisme de masse des contemporains du capitalisme tardif qui s’imaginent toujours que « l’autre » va leur piquer leur jouissance, alors que le problème avec cette jouissance, c’est plutôt de ne pas pouvoir s’en défaire!

Essayons de décrire en quoi l’imposture cynique qui en découle est une impasse…

Profite ! Éclate-toi ! Qu’est-ce que tu attends, imbécile?
JOUIS !
Ça veut dire que JOUIR est une obligation.
Si tu ne jouis pas c’est MAL, tu n’es pas normal !
L’injonction est paradoxale dans la mesure où elle est inhibante. Elle te met dans une position de culpabilité, sans que tu ne puisse vraiment savoir au juste de quoi tu es coupable, comme dans les romans de Franz Kafka…

Sois aussi rusé que les autres, adapte-toi, tire ton épingle du jeu, c’est « chacun sa mère » comme on disait à Marseille dans les années 80… La véritable solidarité, l’engagement politique authentique et passionné, c’est bon pour les gogos, tu n’as qu’à donner le change avec tes déclarations, et puis de l’autre côté faire ce qui te plaît, être anti-Sarko voilà une solution « qu’elle est bonne » (Coluche represent 🙂 ça ne t’engage pas beaucoup, tout le monde — ou presque! — se déclare anti-Sarkozy…

Pratiquer (sous l’injonction d’un Surmoi dénié) de « petits arrangements avec la vérité », pour finalement mettre la vérité elle-même au service du mensonge, voilà une caractéristique de la (im)posture cynique… (à ne pas confondre avec le kynisme de Diogène, dont elle n’est qu’une dérive perverse — Peter Sloterdijk a écrit un très bon livre là-dessus, en 1983: Critique de la raison cynique.)

Lacan n’est jamais cynique, réaffirmant toujours que le cynisme est une fausse position…
Il y a dans la très belle lecture que fait Žižek de Lacan une clé pour comprendre son fameux : « Plus on est de saints, plus on rit, c’est mon principe, voire la sortie du discours capitaliste, – ce qui ne constituera pas un progrès, si c’est seulement pour certains. »

En retournant nous-mêmes à ce premier « retour à Freud », on constate qu’Adorno y apporta une contribution décisive, s’élevant déjà par un tour dialectique magistral contre le révisionnisme analytique des lectures laxistes de Freud qui favorisent l’amnésie où se perd progressivement la dimension radicale de la découverte freudienne, son noyau subversif « insupportable ».

La première grande scission au sein de la TCS (Théorie Critique de la Société) fut d’ailleurs marquée par l’exclusion d’Erich Fromm, soumis à la critique radicale d’Adorno et de Marcuse notamment. Le courant révisionniste néo-freudien (dont Fromm était un représentant « en vue ») tentait de socialiser Freud de manière excessive en domestiquant l’inconscient par l’atténuation artificielle des tensions fondamentales et irréductibles entre le Moi — structuré en accord avec les valeurs sociales — et les impulsions inconscientes qui s’y opposent.

Or cette « mise en tension » est précisément ce qui confère à la théorie freudienne son potentiel critique inaliénable.

Gardons en mémoire que la psychanalyse est née dans l’Europe du XIXe siècle, dans une société bourgeoise et réifiée, où les rapports immédiats entre les hommes étaient plus que rares, chaque homme se réduisant essentiellement à être un atome social, n’y incarnant que la « fonction » d’un groupe, et les « processus psychologiques » n’étaient absolument pas déterminants dans le processus social.

Or en s’en tenant au strict domaine de la psychologie individuelle, sans y importer de facteurs sociologiques extérieurs, Freud est arrivé au point où la psychologie se voit mise en faillite, où elle trouve son point limite, comme on peut le lire dans son livre La psychologie des foules (qui doit une fière chandelle à Gustave Lebon)…

Mais ne digressons pas trop. Ce que découvre Freud, donc, c’est que les hommes et les femmes qui arrivent dans son cabinet sont littéralement « malades de leur époque« , il décèle à les écouter que leur Moi, qui se constitue comme un moment de médiation entre le jeu des forces psychiques et la réalité extérieure, impose des restrictions à leurs pulsions, et que la réalité sociale, réifiée et aliénée, inflige à ses patients des renoncements qu’ils ne peuvent pas accepter rationnellement et consciemment…

Adorno soulève à ce propos une première contradiction inhérente à la théorie freudienne: comment « le Moi (qui) doit être en tant que conscience le contraire du refoulement, (peut-il être à la fois)— autant qu’il est lui-même inconscient — l’instance du refoulement »?

Pour le dire vite, la psychanalyse se sort de cette impasse dans sa pratique thérapeutique paradoxale où les mécanismes de défense sont tour à tour brisés et renforcés: dans les névroses, où le Surmoi est trop fort et le Moi fort, il s’agit de vaincre la résistance, et dans les psychoses ou le Surmoi est trop faible, il s’agit de le renforcer… « La fin de l’analyse — le caractère contradictoire de cette fin — reproduit l’antagonisme social, l’opposition entre les demandes de l’individu et celles de la société. » (Slavoj Žižek)

C’est là qu’il ne faut pas manquer le geste décisif des penseurs de l’École de Francfort, la TCS ne vise en aucun cas à tenter de résoudre de manière artificielle cette contradiction, que ce soit dans le sens du « libéralisme » qui affranchirait les potentiels pulsionnels, ni de la résignation à la nécessité du refoulement au nom des valeurs « supérieures » de la culture, et encore moins par le biais d’un compromis qui donnerait la « juste mesure » du refoulement…

Cette contradiction théorique est la marque indélébile de l’antagonisme social effectif.

Là est le noyau critique décisif de la pensée freudienne, ce dont Lacan a déployé la logique avec le brio, la brillance, le génie et l’implacabilité qu’on sait…

Avant Lacan donc, la TCS par l’intermédiaire notamment de Russell Jacoby « tient Freud pour un penseur non-idéologique et pour un théoricien des contradictions que ses successeurs essaient d’esquiver et qu’ils essaient de masquer. En ce sens, Freud était un penseur bourgeois « classique » tandis que les révisionnistes sont des idéologues « classiques ». « La grandeur de Freud » écrit Adorno « consiste comme chez tous les penseurs bourgeois radicaux, à laisser de telles contradictions non-résolues et à refuser la prétention à l’harmonie systématique là où la chose est en elle-même déchirée. Il découvre le caractère antagoniste de la réalité sociale. »

La TCS n’est donc pas à ranger, sans y faire trop attention, sous l’étiquette commode « freudo-marxiste« , car dès le début Adorno dénonce toute tentative théorique de trouver à priori un langage commun au matérialisme historique et à la théorie analytique (comme s’il existait une passerelle toute faite et de facto praticable entre les rapports sociaux objectifs et la souffrance de l’individu!) Au contraire, Adorno défend l’idée que l’impossibilité de cette synthèse théorique est l’indice incontournable de « la querelle réelle entre le particulier et l’universel« 

Lacan lui se réclame de l’héritage freudien ET marxien, ce que j’avais essayé de le résumer un peu là =)

Pour conclure et se faire une idée par soi-même, il suffit de se brancher un peu sérieusement sur La troisième pour entendre ce que Lacan a en tête lorsqu’il dit « L’inconscient, c’est la politique« .
Une bonne douzaine de lectures et une écoute attentive permettent de saisir de manière décisive en quoi:
1/ le sujet de la psychanalyse, qui est le sujet du cogito, est aussi un sujet historique
2/ la clinique psychanalytique, les conditions de la réussite ou de l’échec de la cure sont effectivement indissociables du contexte social dans lequel elle a lieu, et Lacan lui-même apparaît tout autant « freudien » que « marxien » dans l’extrême rigueur qui est la sienne
3/ le fait que Lacan, par son attitude même, condamne le cynisme implique que le destin de la psychanalyse n’est certainement pas de devenir un fond de commerce parmi d’autres fonds de commerce de l’économie capitaliste
4/ et si la question à se poser aujourd’hui pour quiconque « s’autoriserait de lui-même et de quelques autres » n’était pas: « que dit Jacques-Alain Miller de Lacan »? mais bien plutôt: que dirait Lacan de ce que dit Jacques-Alain Miller de lui aujourd’hui? De la manière dont Jacques-Alain Miller le (re)présente, utilise son nom, son image? Cette manière de faire — notamment en diluant les concepts psychanalytiques dans les eaux marécageuses des médias — va t-elle VRAIMENT dans le sens (exprimé par exemple dans La troisième) de la pensée et de la pratique psychanalytiques telles que déployées par Jacques Lacan?

Belo Monte: a anatomia de um etnocídio

jeudi, mars 19th, 2015

A procuradora da República Thais Santi conta como a terceira maior hidrelétrica do mundo vai se tornando fato consumado numa operação de suspensão da ordem jurídica, misturando o público e o privado e causando uma catástrofe indígena e ambiental de proporções amazônicas

Quando alguém passa num concurso do Ministério Público Federal, costuma estrear no que se considera os piores postos, aqueles para onde os procuradores em geral não levam a família e saem na primeira oportunidade. Um destes que são descritos como um “inferno na Terra” nos corredores da instituição é Altamira, no Pará, uma coleção de conflitos amazônicos à beira do monumental rio Xingu. Em 2012, Thais Santi – nascida em São Bernardo do Campo e criada em Curitiba, com breve passagem por Brasília nos primeiros anos de vida – foi despachada para Altamira. Ao ver o nome da cidade, ela sorriu. Estava tão encantada com a possibilidade de atuar na região que, no meio do curso de formação, pegou um avião e foi garantir apartamento, já que as obras da hidrelétrica de Belo Monte tinham inflacionado o mercado e sumido com as poucas opções existentes. Thais iniciava ali a sua inscrição na tradição dos grandes procuradores da República que atuaram na Amazônia e fizeram História.

Ela já teve a oportunidade de deixar Altamira três vezes, a primeira antes mesmo de chegar lá. Recusou todas. Junto com outros procuradores do MPF, Thais Santi está escrevendo a narrativa de Belo Monte. Ou melhor: a narrativa de como a mais controversa obra do PAC, o Programa de Aceleração do Crescimento dos governos Lula-Dilma, um empreendimento com custo em torno de R$ 30 bilhões, poderá ser julgada pela História como uma operação em que a Lei foi suspensa. E também como o símbolo da mistura explosiva entre o público e o privado, dada pela confusão sobre o que é o Estado e o que é a Norte Energia S.A., a empresa que ganhou o polêmico leilão da hidrelétrica. Fascinante do ponto de vista teórico, uma catástrofe na concretude da vida humana e de um dos patrimônios estratégicos para o futuro do planeta, a floresta amazônica.

A jovem procuradora, hoje com 36 anos, conta que levou quase um ano para ver e compreender o que viu – e outro ano para saber o que fazer diante da enormidade do que viu e compreendeu. Ela se prepara agora para entrar com uma ação denunciando que Belo Monte, antes mesmo de sua conclusão, já causou o pior: um etnocídio indígena.

Nesta entrevista, Thais Santi revela a anatomia de Belo Monte. Desvelamos o ovo da serpente junto com ela. Ao acompanhar seu olhar e suas descobertas, roçamos as franjas de uma obra que ainda precisa ser desnudada em todo o seu significado, uma operação que talvez seja o símbolo do momento histórico vivido pelo Brasil. Compreendemos também por que a maioria dos brasileiros prefere se omitir do debate sobre a intervenção nos rios da Amazônia, assumindo como natural a destruição da floresta e a morte cultural de povos inteiros, apenas porque são diferentes. O testemunho da procuradora ganha ainda uma outra dimensão no momento em que o atual governo, reeleito para mais um mandato, já viola os direitos indígenas previstos na Constituição para implantar usinas em mais uma bacia hidrográfica da Amazônia, desta vez a do Tapajós.

Thais Santi, que antes de se tornar procuradora da República era professora universitária de filosofia do Direito, descobriu em Belo Monte a expressão concreta, prática, do que estudou na obra da filósofa alemã Hannah Arendt sobre os totalitarismos. O que ela chama de “um mundo em que tudo é possível”. Um mundo aterrorizante em que, à margem da legalidade, Belo Monte vai se tornando um fato consumado. E a morte cultural dos indígenas é naturalizada por parte dos brasileiros como foi o genocídio judeu por parte da sociedade alemã.

A entrevista a seguir foi feita em duas etapas. As primeiras três horas no gabinete da procuradora no prédio do Ministério Público Federal de Altamira. Sua sala é decorada com peças de artesanato trazidas de suas andanças por aldeias indígenas e reservas extrativistas. Na mesa, vários livros sobre a temática de sua atuação: índios e populações tradicionais. Entre eles, autores como os antropólogos Eduardo Viveiros de Castro e Manuela Carneiro da Cunha. A sala é cheirosa, porque as funcionárias do MPF costumam tratar Thais com mimos. Carismática, ela costuma produzir esse efeito nas pessoas ao redor. Dias antes da entrevista, participou da comemoração dos 10 anos da Reserva Extrativista Riozinho do Anfrísio, na Terra do Meio. Thais dormiu numa rede na porta do posto de saúde que sua ação ajudou a implantar, a alguns metros de onde acontecia um forró que durou a noite inteira. O sono era interrompido ora por casais mais animados em sua ênfase amorosa, ora por um atendimento de emergência no posto de saúde. Impassível, Thais acordou no dia seguinte parecendo tão encantada com todos, como todos com ela. “Noite interessante”, limitou-se a comentar.

A entrevista é interrompida pela chegada afetuosa de uma funcionária trazendo primeiro café e água, depois peras. É bastante notável, nas respostas de Thais, o conhecimento teórico e a consistência de seus argumentos jurídicos. Embora visivelmente apaixonada pelo que faz, em sua atuação ela se destaca por ser conceitualmente rigorosa e cerebral. Mas, na medida em que Thais vai explicando Belo Monte, sua voz vai ganhando um tom indignado. “Como ousam?”, ela às vezes esboça, referindo-se ou à Norte Energia ou ao governo. Como ao contar que, ao votar na última eleição, deparou-se com uma escola com paredes de contêiner, piso de chão batido, as janelas de ferro enferrujado, as pontas para fora, a porta sem pintura, nenhum espaço de recreação e nem sequer uma árvore em plena Amazônia. Uma escola construída para não durar, quando o que deveria ter sido feito era ampliar o acesso à educação na região de impacto da hidrelétrica.

A segunda parte da entrevista, outras três horas, foi feita por Skype. Reservada na sua vida pessoal, quando Thais deixa escapar alguma informação sobre seu cotidiano, suas relações e seus gostos, de imediato pede off. “Não tenho nem Facebook”, justifica-se. Dela me limito a dizer que acorda por volta das 5h30 da manhã, que faz yoga e que todo dia vai admirar o Xingu. Em seu celular, há uma sequência de fotos do rio. Uma a cada dia.

A procuradora Thais Santi, em sua sala no Ministério Público Federal de Altamira, no Pará / Lilo Clareto (Divulgação)

A senhora chegou em Altamira no processo de implantação de Belo Monte. O que encontrou?

Thais Santi – Encontrei aqui a continuação do que eu estudei no meu mestrado a partir da (filósofa alemã) Hannah Arendt. Belo Monte é o caso perfeito para se estudar o mundo em que tudo é possível. A Hannah Arendt lia os estados totalitários. Ela lia o mundo do genocídio judeu. E eu acho que é possível ler Belo Monte da mesma maneira.

O que significa um mundo em que tudo é possível?

Santi – Existem duas compreensões de Belo Monte. De um lado você tem uma opção governamental, uma opção política do governo por construir grandes empreendimentos, enormes, brutais, na Amazônia. Uma opção do governo por usar os rios amazônicos, o recurso mais precioso, aquele que estará escasso no futuro, para produzir energia. Essa opção pode ser questionada pela academia, pela população, pelos movimentos sociais. Mas é uma opção que se sustenta na legitimidade do governo. Podemos discutir longamente sobre se essa legitimidade se constrói a partir do medo, a partir de um falso debate. Quanto a esta escolha, existe um espaço político de discussão. Mas, de qualquer maneira, ela se sustenta na legitimidade. Pelo apoio popular, pelo suposto apoio democrático que esse governo tem, embora tenha sido reeleito com uma diferença muito pequena de votos. Agora, uma vez adotada essa política, feita essa escolha governamental, o respeito à Lei não é mais uma opção do governo. O que aconteceu e está acontecendo em Belo Monte é que, feita a escolha governamental, que já é questionável, o caminho para se implementar essa opção é trilhado pelo governo como se também fosse uma escolha, como se o governo pudesse optar entre respeitar ou não as regras do licenciamento. Isso é brutal.

O Ministério Público Federal já entrou com 22 ações nesse sentido. Por que a Justiça Federal não barra essa sequência de ilegalidades?

O Governo pode escolher fazer Belo Monte, mas não pode escolher desrespeitar a Lei no processo de implantação da hidrelétrica

Santi – Lembro que, quando eu trabalhava com meus alunos, discutíamos que há um conflito entre dois discursos. De um lado, há um discurso fundado na Lei, preso à Lei, e do outro lado o discurso de um Direito mais flexível, mais volátil, em que o operador tem a possibilidade de às vezes não aplicar a Lei. Eu dizia a eles que esses discursos têm de estar equilibrados, nem para o extremo de um legalismo completo, nem para o outro, a ponto de o Direito perder a função, de a Lei perder a função. Hoje, se eu desse aula, Belo Monte é o exemplo perfeito. Perfeito. Eu nunca imaginei que eu viria para o Pará, para Altamira, e encontraria aqui o exemplo perfeito. Por quê? Quando eu peço para o juiz aplicar regra, digo a ele que essa regra sustenta a anuência e a autorização para a obra e que, se a regra não foi cumprida, o empreendimento não tem sustentação jurídica. E o juiz me diz: “Eu não posso interferir nas opções governamentais” ou “Eu não posso interferir nas escolhas políticas”. É isso o que os juízes têm dito. Portanto, ele está falando da Belo Monte da legitimidade e não da Belo Monte que se sustenta na legalidade. Assim, Belo Monte é o extremo de um Direito flexível. É o mundo em que a obra se sustenta nela mesma. Porque a defesa do empreendedor é: o quanto já foi gasto, o tanto de trabalhadores que não podem perder o emprego. Mas, isso tudo não é Direito, isso tudo é Fato. A gente se depara com a realidade de uma obra que caminha, a cada dia com mais força, se autoalimentando. A sustentação de Belo Monte não é jurídica. É no Fato, que a cada dia se consuma mais. O mundo do tudo é possível é um mundo aterrorizante, em que o Direito não põe limite. O mundo do tudo possível é Belo Monte.

O mundo do tudo é possível é um mundo aterrorizante, onde o Direito não põe limites

E como a senhora chegou a essa conclusão?

Santi – Eu levei quase um ano para entender o que estava acontecendo com os indígenas no processo de Belo Monte. Só fui entender quando compreendi o que era o Plano Emergencial de Belo Monte. Eu cheguei em Altamira em julho de 2012 e fui para uma aldeia dos Arara em março, quase abril, de 2013. Eu sabia que lideranças indígenas pegavam a gasolina que ganhavam aqui e vendiam ali, trocavam por bebida, isso eu já sabia. Mas só fui sentir o impacto de Belo Monte numa aldeia que fica a quase 300 quilômetros daqui. Brutal. Só compreendi quando fui até as aldeias, porque isso não se compreende recebendo as lideranças indígenas no gabinete. Eu vi.

O que a senhora viu?

Santi – O Plano Emergencial tinha como objetivo criar programas específicos para cada etnia, para que os indígenas estivessem fortalecidos na relação com Belo Monte. A ideia é que os índios se empoderassem, para não ficar vulneráveis diante do empreendimento. E posso falar com toda a tranquilidade: houve um desvio de recursos nesse Plano Emergencial. Eu vi os índios fazendo fila num balcão da Norte Energia, um balcão imaginário, quando no plano estava dito que eles deveriam permanecer nas aldeias. Comecei a perceber o que estava acontecendo quando fiz essa visita à terra indígena de Cachoeira Seca e conheci os Arara, um grupo de recente contato. E foi um choque. Eu vi a quantidade de lixo que tinha naquela aldeia, eu vi as casas destruídas, com os telhados furados, chovendo dentro. E eles dormiam ali. As índias, na beira do rio, as crianças, as meninas, totalmente vulneráveis diante do pescador que passava. Quando Belo Monte começou, esse povo de recente contato ficou sem chefe do posto. Então, os índios não só se depararam com Belo Monte, como eles estavam sem a Funai dentro da aldeia. De um dia para o outro ficaram sozinhos. Os Arara estavam revoltados, porque eles tinham pedido 60 bolas de futebol, e só tinham recebido uma. Eles tinham pedido colchão boxe para colocar naquelas casas que estavam com telhado furado e eles não conseguiram. Esse grupo de recente contato estava comendo bolachas e tomando refrigerantes, estava com problemas de diabetes e hipertensão. Mas o meu impacto mais brutal foi quando eu estava tentando fazer uma reunião com os Arara, e uma senhora, talvez das mais antigas, me trouxe uma batata-doce para eu comer. Na verdade, era uma mini batata-doce. Parecia um feijão. Eu a peguei, olhei para a menina da Funai, e ela falou: “É só isso que eles têm plantado. Eles não têm nada além disso”. Esse era o grau de atropelo e de desestruturação que aquele plano tinha gerado. Era estarrecedor.

Qual era a cena?

Santi – Era como se fosse um pós-guerra, um holocausto. Os índios não se mexiam. Ficavam parados, esperando, querendo bolacha, pedindo comida, pedindo para construir as casas. Não existia mais medicina tradicional. Eles ficavam pedindo. E eles não conversavam mais entre si, não se reuniam. O único momento em que eles se reuniam era à noite para assistir à novela numa TV de plasma. Então foi brutal. E o lixo na aldeia, a quantidade de lixo era impressionante. Era cabeça de boneca, carrinho de brinquedo jogado, pacote de bolacha, garrafa pet de refrigerante.

A cena na aldeia dos Arara de Cachoeira Seca, índios de recente contato, era a de um pós-guerra, um holocausto, com lixo para todo lado

Isso foi o que eles ganharam da Norte Energia?

Santi – Tudo o que eles tinham recebido do Plano Emergencial.

Era esse o Plano Emergencial, o que deveria fortalecer os indígenas para que pudessem resistir ao impacto de Belo Monte?

Santi – Tudo o que eles tinham recebido do Plano Emergencial. O Plano Emergencial gerou uma dependência absoluta do empreendedor. Absoluta. E o empreendedor se posicionou nesse processo como provedor universal de bens infinitos, o que só seria tolhido se a Funai dissesse não. A Norte Energia criou essa dependência, e isso foi proposital. E se somou à incapacidade da Funai de estar presente, porque o órgão deveria ter sido fortalecido para esse processo e, em vez disso, se enfraqueceu cada vez mais. Os índios desacreditavam da Funai e criavam uma dependência do empreendedor. Virou um assistencialismo.

Como a senhora voltou dessa experiência?

Santi – Eu dizia: “Gente, o que é isso? E o que fazer?”. Eu estava com a perspectiva de ir embora de Altamira, mas me dei conta que, se fosse, o próximo procurador ia demorar mais um ano para entender o que acontecia. Então fiquei.

O Plano Emergencial foi usado para silenciar os indígenas, únicos agentes que ainda tinham voz e visibilidade na resistência à hidrelétrica

E o que a senhora fez?

Santi – Eu não sabia entender o que estava acontecendo. Pedi apoio na 6ª Câmara (do Ministério Público Federal, que atua com povos indígenas e populações tradicionais), e fizemos uma reunião em Brasília. Chamamos os antropólogos que tinham participado do processo de Belo Monte na época de elaboração do EIA (Estudo de Impacto Ambiental), para que pudessem falar sobre como esses índios viviam antes, porque eu só sei como eles vivem hoje. Um antropólogo que trabalha com os Araweté contou como esse grupo via Belo Monte e não teve ninguém sem nó na garganta. Os Araweté receberam muitos barcos, mas muitos mesmo. O Plano Emergencial foi isso. Ganharam um monte de voadeiras (o barco a motor mais rápido da Amazônia), e eles continuavam fazendo canoas. Para os Araweté eles teriam de sobreviver naqueles barcos, esta era a sua visão do fim do mundo. E até agora eles não sabem o que é Belo Monte, ainda acham que vai alagar suas aldeias. A Norte Energia é um provedor de bens que eles não sabem para que serve. Outra antropóloga contou que estava nos Araweté quando o Plano Emergencial chegou. Todas as aldeias mandavam suas listas, pedindo o que elas queriam, e os Araweté não tinham feito isso, porque não havia coisas que eles quisessem. Eles ficavam confusos, porque podiam querer tudo, mas não sabiam o que querer. E aí as coisas começaram a chegar. Houve até um cacique Xikrin que contou para mim como foi. Ligaram para ele de Altamira dizendo: “Pode pedir tudo o que você quiser”. Ele respondeu: “Como assim? Tudo o que me der na telha?”. E a resposta foi: “Tudo”. O cacique contou que pediram tudo, mas não estavam acreditando que iriam receber. De repente, chegou. Ele fazia gestos largos ao contar: “Chegou aquele mooonte de quinquilharias”. Tonéis de refrigerante, açúcar em quantidade. Foi assim que aconteceu. Este era o Plano Emergencial.

E o que aconteceu com os índios depois dessa intervenção?

Santi – As aldeias se fragmentaram. Primeiro, você coloca na mão de uma liderança, que não foi preparada para isso, o poder de dividir recursos com a comunidade. A casa do cacique com uma TV de plasma, as lideranças se deslegitimando perante a comunidade. Ganhava uma voadeira que valia 30, vendia por oito. Fora o mercado negro que se criou em Altamira com as próprias empresas. O índio ficou com dinheiro na mão e trocou por bebida. O alcoolismo, que já era um problema em muitas aldeias, que era algo para se precaver, aumentou muito. Acabou iniciando um conflito de índios com índios, e aumentando o preconceito na cidade entre os não índios. O pescador, para conseguir uma voadeira, precisa trabalhar muito. E a comunidade passou a ver o índio andando de carro zero, de caminhonetes caríssimas, bebendo, houve casos de acidentes de trânsito e atropelamento. Então, como é possível? Acho que nem se a gente se sentasse para fazer exatamente isso conseguiria obter um efeito tão contrário. Os índios se enfraqueceram, se fragmentaram socialmente, a capacidade produtiva deles chegou a zero, os conflitos e o preconceito aumentaram.

Belo Monte é um etnocídio indígena

A senhora acha que essa condução do processo, por parte da Norte Energia, com a omissão do governo, foi proposital?

Santi – Um dos antropólogos da 6ª Câmara tem uma conclusão muito interessante. No contexto de Belo Monte, o Plano Emergencial foi estratégico para silenciar os únicos que tinham voz e visibilidade: os indígenas. Porque houve um processo de silenciamento da sociedade civil. Tenho muito respeito pelos movimentos sociais de Altamira. Eles são uma marca que faz Altamira única e Belo Monte um caso paradigmático. Mas hoje os movimentos sociais não podem nem se aproximar do canteiro de Belo Monte. Há uma ordem judicial para não chegar perto. Naquele momento, os indígenas surgiram como talvez a única voz que ainda tinha condição de ser ouvida e que tinha alguma possibilidade de interferência, já que qualquer não índio receberia ordem de prisão. E o Plano Emergencial foi uma maneira de silenciar essa voz. A cada momento que os indígenas vinham se manifestar contra Belo Monte, com ocupação de canteiro, essa organização era, de maneira muito rápida, desconstituída pela prática de oferecer para as lideranças uma série de benefícios e de bens de consumo. Porque os indígenas têm uma visibilidade que a sociedade civil não consegue ter. Vou dar um exemplo. Houve uma ocupação em que os pescadores ficaram 40 dias no rio, na frente do canteiro, debaixo de chuva, e não tiveram uma resposta. Aquele sofrimento passava despercebido. E de repente os indígenas resolvem apoiar a reivindicação dos pescadores, trazendo as suas demandas também. E, de um dia para o outro, a imprensa apareceu. Os indígenas eram a voz que ainda poderia ser ouvida e foram silenciados.

Com as listas de voadeiras, TV de plasma, bolachas, Coca-Cola?

Santi – No caso das ocupações de canteiro não eram nem as listas. No caso da ocupação que aconteceu em 2012, até hoje eu não entendo qual é o lastro legal que justificou o acordo feito. As lideranças saíram da ocupação e vieram para Altamira, onde negociaram a portas fechadas com a Norte Energia. Cada uma voltou com um carro, com uma caminhonete. E isso também para aldeias que sequer têm acesso por via terrestre. Então eu acho que não tem como entender o Plano Emergencial sem dizer que foi um empreendimento estratégico no sentido de afastar o agente que tinha capacidade de organização e condições de ser ouvido. É preciso deixar clara essa marca do Plano Emergencial de silenciar os indígenas.

A mistura entre o empreendedor e o Estado é uma das marcas de Belo Monte

O que é Belo Monte para os povos indígenas do Xingu?

Santi – Um etnocício. Essa é a conclusão a que cheguei com o Inquérito Civil que investigou o Plano Emergencial. Belo Monte é um etnocídio num mundo em que tudo é possível.

E o Ministério Público Federal vai levar à Justiça o etnocídio indígena perpetrado por Belo Monte?

Santi – Certamente. É necessário reavaliar a viabilidade da usina no contexto gerado pelo Plano Emergencial e pelas condicionantes não cumpridas.

A ditadura militar massacrou vários povos indígenas, na década de 70 do século 20, para tirá-los do caminho de obras megalômanas, como a Transamazônica. Aquilo que a História chama de “os elefantes brancos da ditadura”. Agora, como é possível acontecer um etnocídio em pleno século 21 e na democracia? Por que não se consegue fazer com que a lei se aplique em Belo Monte?

Thais – Eu virei uma leitora dos Estudos de Impacto Ambiental (EIAs). E os estudos mostraram uma região historicamente negligenciada pelo Estado, com povos indígenas extremamente vulneráveis por conta de abertura de estradas e de povoamentos. Então, Belo Monte não iria se instalar num mundo perfeito, mas num mundo de conflitos agrários, na região em que foi assassinada a Irmã Dorothy Stang, com povos indígenas violentados pela política estatal e com diagnóstico de vulnerabilidade crescente. É isso o que os estudos dizem. O diagnóstico, então, mostra que Belo Monte seria um acelerador, Belo Monte aceleraria esse processo a um ritmo insuportável e os indígenas não poderiam mais se adaptar. Ou seja, Belo Monte foi diagnosticado para os indígenas como uma obra de altíssimo risco. Isso no EIA. Não é de alto impacto, é de altíssimo risco à sua sobrevivência étnica. Com base nesse diagnóstico, os estudos indicam uma série de medidas mitigatórias indispensáveis para a viabilidade de Belo Monte. A Funai avaliou esses estudos, fez um parecer e falou a mesma coisa: Belo Monte é viável desde que aquelas condições sejam implementadas.

E o que aconteceu?

Santi – Para explicar, precisamos falar daquela que talvez seja a questão mais grave de Belo Monte. Para Belo Monte se instalar numa região dessas, o Estado teve que assumir um compromisso. Você não pode transferir para o empreendedor toda a responsabilidade de um empreendimento que vai se instalar numa região em que está constatada a ausência histórica do Estado. Existe um parecer do Tribunal de Contas dizendo que a obra só seria viável se, no mínimo, a Funai, os órgãos de controle ambiental, o Estado, se fizessem presentes na região. Belo Monte é uma obra prioritária do governo federal. Se o Ministério Público Federal entra com ações para cobrar a implementação de alguma condicionante ou para questionar o processo, mesmo que seja contra a Norte Energia, a União participa ao lado do empreendedor. A Advocacia Geral da União defende Belo Monte como uma obra governamental. Só que Belo Monte se apresentou como uma empresa com formação de S.A., como empresa privada. E na hora de cobrar a aplicação de políticas públicas que surgem como condicionantes do licenciamento? De quem é a responsabilidade? Então, na hora de desapropriar, a Norte Energia se apresenta como uma empresa concessionária, que tem essa autorização, e litiga na Justiça Federal. Na hora de implementar uma condicionante, ela se apresenta como uma empresa privada e transfere a responsabilidade para o Estado. Essa mistura entre o empreendedor e o Estado é uma das marcas mais interessantes de Belo Monte. E não só isso. Há as instâncias de decisão. O Ministério do Meio Ambiente define a presidência do Ibama. A presidência da República define o Ministério do Meio Ambiente. Da Funai, a mesma coisa. Então é muito difícil entender Belo Monte, porque a gente tem um empreendimento que é prioritário e ao mesmo tempo a empresa é privada. Ser privada significa contratar o Consórcio Construtor Belo Monte (Andrade Gutierrez, Odebrecht, Camargo Corrêa, Queiroz Galvão, OAS e outras construtoras com participações menores) sem licitar. Ela diz que não vai fazer, que não cabe a ela fazer. E ninguém manda fazer. Então, a gente tem uma situação em que o empreendedor se coloca como soberano, reescrevendo a sua obrigação. Por exemplo: entre as condicionantes, estava a compra de terra, pela Norte Energia, para ampliação da área dos Juruna do KM 17, porque eles ficariam muito expostos com a obra. A Norte Energia fez a escolha da área. Mas quando a Funai disse para a Norte Energia que comprasse a área, a empresa respondeu: “Não, já cumpri a condicionante. Já fiz a escolha da área, é responsabilidade do governo comprar a área”. E a Funai silenciou. E o Ibama nem tomou conhecimento. Houve uma reunião, e eu perguntei à Funai: “Vocês não cobraram a Norte Energia para que cumprisse a condicionante? Quem tem que dizer o que está escrito é a Funai e não a Norte Energia”. E se a Norte Energia diz “não”, a Funai tem que dizer “faça”, porque existem regras. Conseguimos que a Norte Energia comprasse a área por ação judicial. Mas este é um exemplo do processo de Belo Monte, marcado por uma inversão de papéis. A Norte Energia reescreve as obrigações se eximindo do que está previsto no licenciamento. Quem dá as regras em Belo Monte? O empreendedor tem poder para dizer “não faço”? Veja, até tem. Todo mundo pode se negar a cumprir uma obrigação, desde que use os mecanismos legais para isso. Se você não quer pagar pelo aluguel, porque o considera indevido, e eu quero que você pague, o que você faz? Você vai conseguir lá em juízo, você vai recorrer da decisão. Mas não aqui. Aqui a Norte Energia diz: “Não faço”.

As empreiteiras que fizeram os estudos de viabilidade são hoje meras contratadas da Norte Energia, sem nenhuma responsabilidade socioambiental

E o governo se omite por quê?

Santi – Não cabe a mim dizer. Há em Belo Monte questões difíceis de entender. O que justifica uma prioridade tão grande do governo para uma obra com impacto gigantesco e com um potencial de gerar energia nada extraordinário, já que o rio não tem vazão em parte do ano? O que que justifica Belo Monte? É inegável que há uma zona nebulosa. Veja o Estudo de Impacto Ambiental (EIA) de Belo Monte, veja quem assina. (Aponta os nomes das empresas: Andrade Gutierrez, Camargo Corrêa, Odebrecht…). E, na hora do leilão, eles não participaram do leilão. Surge uma empresa criada às pressas para disputar o leilão. Essa empresa, a Norte Energia, constituída como S.A., portanto uma empresa privada, é que ganha o leilão, que ganha a concessão. E as empreiteiras que participaram dos estudos de viabilidade? Formaram o Consórcio Construtor Belo Monte (CCBM), que é um contratado da Norte Energia. E a Norte Energia, por sua vez, mudou totalmente a composição que ela tinha na época do leilão. Hoje, com muito mais aporte de capital público. Então, as empreiteiras que fizeram os estudos de viabilidade e de impacto ambiental hoje são meras contratadas, sem nenhuma responsabilidade socioambiental no licenciamento. Os ofícios que enviamos para a CCBM nunca são para cobrar nada, porque não há nenhuma condicionante para elas, nenhuma responsabilidade socioambiental. Com essa estrutura, os recursos de Belo Monte não passam por licitação. O que é Belo Monte? Eu realmente não sei. Não é fácil entender Belo Monte. É a História que vai nos mostrar. E, quem sabe, as operações já em curso (da “Lava Jato”, pela Polícia Federal, que investigam a atuação das empreiteiras no escândalo de corrupção da Petrobrás) tragam algo para esclarecer essa nebulosidade.

No caso dos indígenas, estava previsto o fortalecimento da Funai, para que o órgão pudesse acompanhar o processo. Em vez disso, a Funai passou por um processo de enfraquecimento, articulado também no Congresso, pela bancada ruralista, que continua até hoje….

O Plano Emergencial foi transformado num balcão de negócios em que os indígenas foram jogados no consumismo dos piores bens

Santi – Eu visitei a aldeia Parakanã, na terra indígena Apyterewa. Quando eu cheguei lá, eu não acreditei nas casas que estavam sendo construídas. Meia-água, de telha de Brasilit. Uma do lado da outra, naquele calor. Eu perguntei para o funcionário da Funai como eles permitiram, porque os Parakanã também são índios de recente contato. E eles não ficavam nas casas, ficavam num canto da aldeia. Aí a gente foi para os Araweté, também construindo. A aldeia estava cheio de trabalhadores. Aquelas meninas andando nuas. Os pedreiros ouvindo música naqueles radinhos de celular. Eu perguntei à Funai: “Como que vocês permitem?”. A Funai não estava acompanhando as obras, não sabia quem estava na aldeia nem de onde tinha vindo aquele projeto de casa. A Funai tinha que acompanhar os programas e ela não está acompanhando. Estava previsto o fortalecimento da Funai e aconteceu o contrário. No Plano de Proteção Territorial estava prevista uma espécie de orquestra para proteger as terras indígenas. Haveria 32 bases, se não me engano, em locais estratégicos, já que proteger o território é condição para proteger os indígenas. Esse plano é uma das condicionantes mais importantes de Belo Monte. Na verdade, Belo Monte seria impensável sem a proteção dos territórios indígenas. E protegeria também as unidades de conservação, freando o desmatamento, porque teria ali Polícia Federal, Ibama, ICMBio, Funai, todos juntos. E isso com previsão de contratação de 120 funcionários para atuar nessa proteção. E isso tinha que anteceder a obra. Daí, em 2011 vem o pedido de Licença de Instalação, já, e o plano não tinha começado. A Funai anuiu com a Licença de Instalação desde que o plano fosse implementado em 40 dias. E diz: “Enfatizamos que o descumprimento das condicionantes expressas nesse ofício implicará a suspensão compulsória da anuência da Funai para o licenciamento ambiental do empreendimento”. É com isso que eu me deparo. No final de 2012, os indígenas cobraram a implementação desse plano em uma ocupação dos canteiros de obra, e ficou claro que sequer havia iniciado a construção das bases. A partir daí, a Norte Energia passou a simplificar e reescrever o plano. A Funai não tinha força para cobrar a implantação da condicionante, mas não anui com o que a Norte Energia passa a fazer. Propusemos uma ação no dia 19 de abril de 2013, que era Dia do Índio, para que cumprissem a condicionante. E que se aplicasse o que estava escrito: que o não cumprimento implicará a suspensão compulsória da anuência da Funai para o licenciamento. O juiz deferiu a liminar quase um ano depois, já em 2014. Mas qual a resposta do Judiciário? Que suspender a anuência da Funai ao licenciamento seria interferir nas opções políticas do governo. Resultado: hoje a gente está virando 2014 para 2015 e a Proteção Territorial não está em execução. Foi a última informação que eu recebi da Funai. O plano ainda não iniciou.

Essa é a situação hoje?

Santi – O Plano Emergencial era um conjunto de medidas antecipatórias indispensáveis à viabilidade de Belo Monte. Envolvia o fortalecimento da Funai, um plano robusto de proteção territorial e o programa de etnodesenvolvimento. O fortalecimento da Funai não foi feito. O plano de proteção não iniciou. E o plano de etnodesenvolvimento? Foi substituído por ações do empreendedor à margem do licenciamento, por meio das quais os indígenas foram atraídos para Altamira, para disputar nos balcões da Norte Energia toda a sorte de mercadoria, com os recursos destinados aos programas de fortalecimento.

Como é possível?

Santi – Eu realmente acho que existe uma tragédia acontecendo aqui, que é a invasão das terras indígenas, é a desproteção. A gente vê a madeira saindo. As denúncias que recebemos aqui de extração de madeira na terra indígena Cachoeira Seca, na terra indígena Trincheira Bacajá, elas são assustadoras. E eu realmente me pergunto: como? A pergunta que eu tinha feito para o juiz nesse processo era isso: “Belo Monte se sustenta no quê, se essa condicionante, que era a primeira, não foi implementada?”. Belo Monte se sustenta no fato consumado. E numa visão equivocada de que, em política, não se interfere. Como se aquela opção política fosse também uma opção por desrespeitar a Lei. O fato é que Belo Monte, hoje, às vésperas da Licença de Operação, caminha sem a primeira condicionante indígena. Eu te digo: é estarrecedor.

Belo Monte caminha, portanto, à margem da Lei?

Santi – Essa ação da Norte Energia se deu à margem do licenciamento. Se os estudos previram que Belo Monte seria de altíssimo risco, e trouxeram uma série de medidas necessárias, e o que o empreendedor fez foi isso… A que conclusão podemos chegar? Se existiam medidas para mitigar o altíssimo risco que Belo Monte trazia para os indígenas, e essas políticas não foram feitas, e em substituição a elas o que foi feito foi uma política marginal de instigação de consumo, de ruptura de vínculo social, de desprezo à tradição, de forma que os indígenas fossem atraídos para o núcleo urbano pelo empreendedor e jogados no pior da nossa cultura, que é o consumismo. E no consumismo dos piores bens, que é a Coca-Cola, que é o óleo… Ou seja: todos os estudos foram feitos para quê? Tanto antropólogo participando para, na hora de implementar a política, o empreendedor criar um balcão direto com o indígena, fornecendo o que lhe der na telha? O que aconteceu em Belo Monte: o impacto do Plano Emergencial, que ainda não foi avaliado, até esse momento, foi maior do que o próprio impacto do empreendimento. A ação do empreendedor foi avassaladora. Então, de novo, qual é o impacto de Belo Monte? O etnocídio indígena.

E o que fazer agora?

A Defensoria Pública da União não estava presente em Altamira, enquanto milhares de atingidos eram reassentados sem nenhuma assistência jurídica

Santi – Hoje Belo Monte é uma catástrofe. Eu demorei um ano para ver, um ano para conseguir compreender e agora eu vou te dizer o que eu acho. Se a Lei se aplicasse em Belo Monte, teria que ser suspensa qualquer anuência de viabilidade desse empreendimento até que se realizasse um novo estudo e fosse feito um novo atestado de viabilidade, com novas ações mitigatórias, para um novo contexto, em que aconteceu tudo o que não podia acontecer.

É possível afirmar que a Norte Energia agiu e age como se estivesse acima do Estado?

Santi – A empresa se comporta como se ela fosse soberana. E é por isso que eu acho que a ideia aqui é como se a Lei estivesse suspensa. É uma prioridade tão grande do governo, uma obra que tem que ser feita a qualquer custo, que a ordem jurídica foi suspensa. E você não consegue frear isso no poder judiciário, porque o Judiciário já tem essa interpretação de que não cabe a ele interferir nas políticas governamentais. Só que o poder judiciário está confundindo legitimidade com legalidade. Política se sustenta na legitimidade e, feita uma opção, o respeito à Lei não é mais uma escolha, não é opcional. E aqui virou. E quem vai dizer para o empreendedor o que ele tem que fazer?

Além da questão indígena, há também a questão dos reassentamentos. Em novembro, o Ministério Público Federal de Altamira fez uma audiência pública para discutir o reassentamento de moradores da cidade, que foi muito impactante. Qual é a situação dessa população urbana com relação à Belo Monte?

Santi – De novo, como no caso dos indígenas, nós temos uma obra de um impacto enorme, numa região historicamente negligenciada, e o Estado tinha que estar instrumentalizado para que Belo Monte acontecesse. E quando nós nos demos conta, a obra está no seu pico – e sem a presença de Defensoria Pública em Altamira. Até 2013, havia uma pessoa na Defensoria Pública do Estado, que acompanhava a questão agrária, uma defensora atuante com relação à Belo Monte, mas que precisava construir uma teoria jurídica para atuar, porque ela era uma defensora pública do Estado e as ações de Belo Monte eram na Justiça Federal. Depois, todos foram removidos e não veio ninguém substituir.

Isso na Defensoria Pública Estadual. Mas e a federal?

Santi – A Defensoria Pública da União nunca esteve presente em Altamira.

Nunca? Em nenhum momento?

Santi – Não. E a Defensoria Pública do Estado também não estava mais.

A população estava sendo removida por Belo Monte sem nenhuma assistência jurídica? As pessoas estavam sozinhas?

Estamos assistindo diariamente ao impacto brutal de Belo Monte no Xingu, e o governo já se lança numa nova empreitada no Tapajós

Santi – Sim. É incompreensível que, em uma obra que cause um impacto socioambiental como Belo Monte, a população esteja desassistida. Num mundo responsável, isso é impensável. E acho que para qualquer pessoa com um raciocínio médio isso é impensável. Então fizemos uma audiência pública para que todos pudessem realmente ser escutados. Porque um dia chegou na minha sala uma senhora muito humilde. Poucas vezes eu tinha me deparado com uma pessoa assim, por que ela veio sozinha e já era uma senhora de idade. E eu não conseguia entender o que ela falava. Eu não conseguia. Ela estava desacompanhada, desesperada, e eu falei pra ela assim: “A senhora espera lá fora, que eu vou resolver algumas coisas aqui, e eu vou com a senhora pessoalmente na empresa”. Porque o reassentamento, como ele é feito? A Norte Energia contratou uma empresa que faz o papel de intermediária entre a Norte Energia e as pessoas. Chama-se Diagonal. Então cheguei na empresa com ela. É uma casa, as pessoas ficam do lado de fora, naquele calor de 40 graus, esperando para entrar. E, uma a uma, vão sendo chamada para negociar. Essa senhora foi lá negociar a situação dela. E ofereceram para ela uma indenização. E ela não queria uma indenização, ela queria uma casa. E ela diz: “Eu não quero a indenização, eu quero uma casa!”. Neste momento, ela está falando com um assistente social da empresa. E aí, se ela não concorda com o que está sendo oferecido, o advogado da empresa vai explicar a ela por que ela não tem direito a uma casa. E se ela continuar não concordando, esse processo vai para a Norte Energia. Para mim, isso já foi uma coisa completamente estranha. A palavra não é estranha… Eu diria, foi uma coisa interessante. Porque a Norte Energia funciona como uma instância recursal, da indignação da pessoa contra uma empresa que é uma empresa contratada por ela. Então a revolta das pessoas é contra a empresa Diagonal. Aí o caso da pessoa vai para a Norte Energia, e a Norte Energia vai com seu corpo de advogados – 26 advogados contratados só para esse programa – fazer uma avaliação e explicar para a pessoa as regras que são aplicadas. E que, se essa pessoa não aceitar, ela tem um prazo para se manifestar. E, se ela não se manifestar nesse prazo, ou se ela não concordar, o processo vai ser levado para a Justiça, e a Norte Energia vai pedir a emissão da posse. A senhora vai ter que sair de qualquer jeito e discutir em juízo esses valores. Veja a situação com que eu me deparei. Primeiro: a senhora não tinha nenhuma condição nem de explicar a história dela, ela tinha dificuldades de falar. Porque o tempo deles é outro, a compreensão de tudo é outra. A gente está falando de pessoas desse mundo aqui, que não é o mundo de lá, é o mundo de cá. E que eu mesma não tinha capacidade de entender. Então, essa pessoa, que tem dificuldade para se expressar, como ela vai dialogar sozinha, na mesa do empreendedor, com advogados e pessoas que estão do lado de lá? Naquele momento eu tive a compreensão de que, primeiro, existia uma confusão de papéis ali, porque a Norte Energia se apresentava como instância recursal, mas fazia o papel dela. A outra empresa também fazia o papel dela. Quem estava ausente era o Estado. Quem estava ausente era quem tinha que acompanhar essa pessoa. Então, quem estava se omitindo ali era o Estado. Para mim era inadmissível que aquela senhora estivesse sozinha negociando na mesa do empreendedor. Na audiência pública apareceu outra senhora que assinou, mas contou chorando que não sabia ler. Assinou com o dedo. Assinou uma indenização, mas queria uma casa. Isso resume a violência desse processo. Há muitos casos. Muitos. E tudo isso estava acontecendo porque a Defensoria Pública da União não estava aqui. Uma das funções da audiência pública foi chamar o Estado. A Defensoria Pública é uma instituição que está crescendo, que se fortalece, e eu acho que ela não pode deixar à margem uma realidade com risco de grande violação de direitos humanos, como é Belo Monte.

Como se explica um empreendimento desse tamanho, com milhares de remoções, sem a presença da Defensoria Pública da União?

Santi – Como você imagina uma obra com o impacto de Belo Monte sobre 11 terras indígenas, com o impacto que já ficou claro, com alto risco de destruição cultural, sem a Funai estruturada? Como a Funai está em Altamira com o mesmo número de servidores que ela tinha em 2009? Como não foi feita uma nova sede da Funai? Como não foi contratado um servidor para a Funai? E o ICMBio? Temos aqui seis unidades de conservação na área de impacto do empreendimento. Entre essas unidades, só a Estação Ecológica da Terra do Meio tem três milhões de hectares. Se você me perguntar hoje quantos gestores o ICMBio tem nessas unidades eu vou te dizer: a unidade da (Reserva Extrativista) Verde para Sempre está sem gestor. A unidade do Iriri está sem gestor, foi contratado um cargo em comissão. Ou seja, não existe servidor do ICMBio pra cuidar dessa unidade do Iriri. Para a resex Riozinho do Anfrísio também foi contratado um servidor extraquadro. Para o Parque Nacional da Serra do Padre também. A gente tem Belo Monte com um impacto no seu ápice, no momento da maior pressão antrópica já prevista, com as unidades de conservação sem gestor. E o impacto, o desmatamento, é uma prova disso. Na Resex Riozinho do Anfrísio a extração ilegal de madeira já atravessou a unidade e chegou nos ribeirinhos. É uma região que está numa efervescência de impacto. E o concurso público realizado para o ICMBio só previu a contratação de analistas para o Tapajós, onde o ICMBio precisa hoje fazer uma avaliação positiva para que sejam autorizados os empreendimentos das hidrelétricas lá. Eu não consigo entender como o Estado se lança a outro empreendimento sem responder pelo que está acontecendo aqui. Eu te falo isso porque você me pergunta como é possível a Defensoria Pública não estar aqui. Para mim, isso não é um susto, porque eu estou acompanhando outras instituições absolutamente indispensáveis no licenciamento de Belo Monte e totalmente defasadas. E o ICMBio é uma prova disso. E os gestores que têm aqui do ICMBio são extremamente atuantes. Mas, sozinhos, eles não dão conta. Como é possível uma pessoa responder pelos três milhões de hectares da estação ecológica? E sem nenhum apoio? O que eu posso dizer é que, nas investigações que fizemos aqui com relação à Belo Monte, a realidade é a ausência do Estado. Num mundo em que tudo é possível, a gente consegue viver com uma realidade em que 8 mil famílias vão ser reassentadas sem que a Defensoria Pública da União tivesse sido acionada para vir para Altamira. Belo Monte é o mundo em que o inacreditável é possível.

Voltando ao início dessa entrevista, qual é a analogia que a senhora faz entre os estudos de Hannah Arendt sobre os totalitarismos e essa descrição que a senhora fez até aqui sobre o processo de Belo Monte?

A mineradora canadense Belo Sun prenuncia um ciclo de exploração dos recursos naturais da Amazônia em escala industrial, sobrepondo impactos na região

Santi – Vai ficando mais claro, né? Quando eu coloquei para você que a Lei está suspensa, ou seja, as regras, os compromissos assumidos, as obrigações do licenciamento, na verdade eu pensava no Estado de Exceção. Eu entendo que essa realidade que eu descrevo é a realidade de um Estado de Exceção.

Mas, como é possível que tudo seja possível?

Santi – Quando você assiste ao governo se lançar a um novo empreendimento, desta vez no Tapajós, com outro impacto brutal, sem responder pelo passivo de Belo Monte, o que vem à mente? E a gente, nesse dia a dia de Belo Monte, assistindo a esse impacto, assistindo ao desmatamento, assistindo à questão dos indígenas, ao sofrimento da população local, assistindo às pessoas morrendo porque o hospital está superlotado, assistindo aos indígenas completamente perdidos… E então a gente vê o governo se lançar a um novo empreendimento. A pergunta que vem é essa: como é possível? Belo Monte não acabou. Quando, um ano atrás, a então presidente da Funai (Maria Augusta Assirati) deu uma entrevista (à BBC Brasil) falando de Belo Monte, ela disse a seguinte frase: « Nenhum dos atores envolvidos estava preparado para a complexidade social, étnica e de relações públicas que foi Belo Monte”. Quando eu leio uma frase como essa, e a gente assiste ao governo brasileiro usar Belo Monte como campanha política na época das eleições, e se lançar a um novo empreendimento, eu me pergunto: o que dizer a um governo que diz que não estava preparado para Belo Monte? Belo Monte não acabou. Se você tem responsabilidade, a sua responsabilidade não acaba porque a tragédia aconteceu. Ou seja, o passivo de Belo Monte, no Xingu, fica, e o governo vai começar uma nova empreitada no Tapajós? E qual é a prova de que essa nova empreitada não vai causar um passivo como este? A prova tem que ser feita aqui em Belo Monte. A Funai tem que estar estruturada aqui. As terras têm que estar protegidas aqui. A população tem que ter sido removida com dignidade aqui. Então, quando você me pergunta de Hannah Arendt, eu lembro dessa frase da presidente da Funai. Quando Arendt conclui o julgamento do nazista (em seu livro “Eichmann em Jerusalém”), ela diz o seguinte: “Política não é um jardim de infância”. E ela estava analisando o genocídio. Eu não tenho dúvida de dizer que aqui a gente está analisando um etnocídio, e política não é um jardim de infância. Então, a ação do Ministério Público aqui é a de responsabilizar, até onde for possível. Um dia essas ações vão ser julgadas. Belo Monte um dia será julgada.

A maioria das ações que o Ministério Público Federal está propondo, há anos, esbarram nos presidentes dos tribunais. Por quê? Qual é a sua hipótese?

Santi – Belo Monte é uma obra “sub judice”. Vai ser julgada pelo Supremo Tribunal Federal. São 22 ações, com conteúdos extremamente diversificados. A postura do Poder Judiciário de que o fundamento jurídico, o mérito da ação, fique suspenso de análise com base na decisão política, que é a suspensão de segurança, é uma decisão que não precisa de respaldo na Lei, ela busca respaldo nos fatos. A suspensão de segurança é um mecanismo extremamente complicado, porque ele abre o Direito.

Acho que é importante aqui fazer um parêntese para explicar aos leitores que o mecanismo jurídico de “suspensão de segurança” é um resquício da ditadura. Ele impede qualquer julgamento antecipado de uma ação, que poderia ser pedido por conta da urgência, da relevância e da qualidade das provas apresentadas. É concedido pela presidência de um tribunal, que não analisa o mérito da questão, apenas se limita a mencionar razões como “segurança nacional”. Assim, quando o mérito da ação é finalmente julgado, o que em geral leva anos, uma obra como Belo Monte já se tornou fato consumado. Quais são as justificativas para o uso de suspensão de segurança em Belo Monte?

Numa sociedade de consumo, desde que se preserve o eu hegemônico de cada um, a morte cultural de um povo não dói

Santi – Em Belo Monte as justificativas são a necessidade da obra, o prazo, o cronograma, os valores, o quanto custa um dia de obra parada ou a quantidade de trabalhadores que dependem do empreendimento. Com esses fundamentos muito mais fáticos, empíricos e políticos, o mecanismo da suspensão de segurança permite a suspensão da decisão jurídica liminar que se obtém nas ações judiciais. E, com isso, as decisões acabam perdendo a capacidade de transformação. Com uma ressalva com relação à Belo Monte: as pessoas de direito privado não podem requerer a suspensão de segurança. A Norte Energia não poderia pedir. Quem faz isso, então, é a Advocacia Geral da União, que atua ao lado da Norte Energia nas ações judiciais. Ainda, a interpretação desse mecanismo vem permitindo que ele se sobreponha a todas as decisões – e não apenas as liminares – até o julgamento pela instância final. É um mecanismo que tem previsão legal, mas é um mecanismo extremamente complicado, porque pode se sustentar em fatos. E o Direito que se sustenta em fatos é o Direito que se abre ao mundo em que tudo é possível. O Ministério Público Federal não questiona a opção política do governo por Belo Monte, mas questiona o devido processo de licenciamento. A gente questiona a legalidade, não a legitimidade dessa opção. Mas o fato é que essa legitimidade é obtida sem o espaço de diálogo. E hoje eu realmente acho que a sociedade deveria refletir e discutir essa opção de interferência nos rios da Amazônia. Nós já sabemos o impacto que o desmatamento vem causando, a gente sabe o valor da água, a gente sabe o valor da Amazônia. Por isso, entendo que essas decisões que podem se sustentar em fatos são perigosas para o Estado democrático de Direito, já que os fatos nem sempre têm respaldo democrático.

Na sua opinião, com tudo o que a senhora tem testemunhado, qual será o julgamento de Belo Monte no futuro?

Santi – Ah, eu acho que essa pergunta é um pouco complicada. Sinceramente, eu acho que essa questão da legitimidade de Belo Monte tem que ser discutida num debate público. Eu me coloco como procuradora da República. Estou falando da minha leitura jurídica desse processo. Agora, se perguntar para a Thais, pessoa, o que ela acha que vai acontecer com Belo Monte, eu te diria que há perguntas que precisam ser feitas. Será que o modo de vida dessa região poderia ser suportado por outras fontes de energia? Eu não tenho dúvida que sim. Na região, quem precisa de Belo Monte são as indústrias siderúrgicas, e uma mineradora canadense (Belo Sun) que vai se instalar e extrair ouro em escala industrial, na região de maior impacto de Belo Monte. Então, quem depende dessa energia é essa empresa e outras que virão. E isso é uma coisa que tem me assustado muito com relação à Belo Monte. Uma das consequências de Belo Monte é essa possibilidade de extração de recursos minerais em escala industrial na Amazônia. E a disputa por esses recursos já começou. Fico extremamente preocupada com a possibilidade de instalação de um empreendimento minerário desse porte na região do epicentro de impacto de Belo Monte, sem que tenha sido feito o estudo do componente indígena e sem a avaliação do Ibama. Vai haver ali uma sobreposição de impactos.

É bem séria e controversa, para dizer o mínimo, a instalação dessa grande mineradora canadense, Belo Sun. Qual é a situação hoje?

Santi – Esse projeto minerário prenuncia um ciclo de exploração dos recursos naturais da Amazônia em escala industrial, que se tornará viável com Belo Monte. É também o prenúncio de um grave risco. De que grandes empreendimentos venham sobrepor seus impactos aos da hidrelétrica, sem a devida e competente avaliação. Com isso, os impactos de Belo Monte acabam por se potencializar a uma dimensão extraordinária. E o pior, as ações mitigatórias indispensáveis ao atestado de viabilidade da hidrelétrica perigam perder a eficácia, caso não haja um cauteloso controle de sobreposição de impactos. Se a geração de energia por Belo Monte depende do desvio do curso do rio Xingu, e a viabilidade da hidrelétrica para os povos indígenas da região depende de um robusto monitoramento para que se garanta a reprodução da vida no local, como um projeto de alto impacto localizado no coração do trecho de vazão reduzida do rio Xingu pode obter atestado de viabilidade sem estudos de impacto sobre os povos indígenas? E, se quem licencia Belo Monte é o Ibama, que é o órgão federal, e quem tem atribuição constitucional de proteger os povos indígenas é a União, como esse licenciamento poderia tramitar perante o órgão estadual? São essas questões que o Ministério Público Federal levou ao Poder Judiciário, sendo que hoje há uma sentença anulando a licença emitida, até que se concluam os estudos sobre os indígenas. Decisão que está suspensa até que seja julgado o recurso da Belo Sun pelo Tribunal Regional Federal em Brasília. Há também uma decisão recente impondo ao Ibama que participe de todos os atos desse licenciamento perante o órgão estadual. Mas, quando você me pergunta o que vai ser Belo Monte no futuro, acho que a grande questão de Belo Monte vai ser: para quem Belo Monte? Por que Belo Monte?

Há uma caixa preta em Belo Monte?

Hannah Arendt lia os estados totalitários. Ela lia o mundo do genocídio judeu. É possível ler Belo Monte da mesma maneira

Santi – As questões nebulosas de Belo Monte, o fato de a obra ser uma prioridade absoluta, são questões que a História vai contar, e eu espero que conte rápido.

Como é viver em Altamira, no meio de todos esses superlativos?

Santi – Na verdade, a realidade me encanta. Mesmo trágica. Entende? Por mais que a gente tenha vontade de chorar, ela é impressionante. Eu me surpreendo a cada dia com as coisas que acontecem aqui, seja pelo tamanho das áreas, já que estamos falando de milhões de hectares, de grilagem de terra de 200 mil hectares, de desmatamento de 1 mil hectares. Tudo é da ordem do inimaginável. Então eu acabo tendo muito essa posição de uma intérprete da realidade. Quando eu decidi ficar em Altamira, algumas pessoas falaram: “Nossa, parabéns pelo ato de desprendimento!”. Mas, para mim, ficar em Altamira é um privilégio. Conhecer as populações tradicionais é um privilégio. Poder receber um cacique, aqui, é um privilégio. Então, a minha relação com Altamira é de que cada dia eu me curvo mais. Quando eu falo « eu me curvo mais » é no sentido de ficar mais humilde diante das pessoas daqui. Há um momento do dia em que o sol provoca uma espécie de aura dourada na Volta Grande do Xingu. Eu vou ao rio porque eu quero ver isso. E cada dia é diferente. Ele nunca está igual. Quando eu vejo o rio, eu só tenho a agradecer a possibilidade de ele existir. É como esses índios, como esses ribeirinhos. Obrigada por serem diferentes, por me mostrar um mundo diferente do que eu estava acostumada em Curitiba. Eu acho tão bonito o menino que toma banho no barril, aí a mãe penteia o cabelinho dele pro lado, coloca ele na garupa da bicicleta, e leva ele na bicicleta. Eu adoro ver… Eu adoro observar. No meu dia a dia eu vivo esse encantamento pela região, sabendo que daqui pra lá a gente tem uma floresta que atravessa a fronteira do Brasil e que é maravilhosa. E que é o que, no futuro, vai ser a coisa mais valiosa. Como eu trabalho com a questão de Belo Monte, me vem no fundo esse sentimento de tristeza por conhecer a audácia do homem de mexer naquilo, de desviar esse rio.

Quando a encontrei numa reserva extrativista, dias atrás, a senhora brincou que sentia um pouco de inveja dos ribeirinhos. Como é isso?

Santi – É que eu acho que o trabalho deles é mais importante do que o meu. Eu realmente acho. Se você tem um olhar para o outro como se ele fosse um pobre, como se fosse um desprovido, a nossa atuação é muito limitada. Hoje eu tenho um olhar para eles de que eu tenho o direito de que eles continuem vivendo assim. Porque eles conhecem uma alternativa. Então, eu hoje sinto que é um direito nosso, do mundo de cá, e não só deles. É essa a dimensão que eu te falo. Eu agora reescrevo e recompreendo o meu trabalho, porque ele ganha uma outra dimensão sob essa perspectiva. Ou seja: o Ministério Público protege as populações indígenas e tradicionais não só porque elas têm direitos, mas também porque é importante para o conjunto da sociedade que o modo de vida delas continue existindo. Elas têm o direito de se desenvolver a partir delas mesmas, e não segundo o que a gente acha que é bonito. E nós, nossos filhos, precisamos desse outro modo de vida, precisamos que vivam assim. Por isso, também, o processo de Belo Monte com relação aos indígenas é tão doloroso.

A senhora mencionou que seria importante que a sociedade fizesse um debate público sobre a interferência do Estado nos rios da Amazônia. Por que a senhora acha que a sociedade não está fazendo? Ou, dito de outro modo: por que as pessoas não se importam?

Santi – Essa é a pergunta mais difícil. Acho que a Amazônia não interessa só ao Brasil, interessa para o mundo todo. E esse impacto tem que ser discutido até a última possibilidade das fontes alternativas. O que eu quero dizer é: se a política do governo se sustenta numa legitimidade que depende da aceitação popular com relação à utilização dos rios da Amazônia como fonte geradora de energia, esse debate tem que ser feito. E hoje eu acredito que é um momento importante, porque o Brasil está vivendo a falta de água. E essa falta de água está sendo relacionada ao desmatamento da Amazônia. E o desmatamento da Amazônia aumentou, a gente sabe disso. As pessoas vêm aqui relatar o que está saindo de caminhão com madeira. É um relato que já é público, e o Brasil tem hoje, talvez, o bem mais precioso do mundo, que é a Amazônia. É por isso que esse debate é importante, porque tem que ser dada à população o espaço mais livre possível de debate, de diálogo, sobre o que se pretende fazer com seu bem mais precioso. Com o risco, inclusive, de que seja tirado dela. Por isso que é realmente importante que se discuta isso. Acho que quando eu não vivia aqui, eu não tinha a dimensão. A gente sabe de longe, mas eu não tinha a dimensão do que estava acontecendo. É muito grande. Primeiro tira a madeira mais nobre, aí desmata, aí vem o gado. Inclusive a carne… Eu não como carne há muitos anos. Eu já tinha uma opção por ser vegetariana. Mas, agora, depois que eu vejo o que precisa para criar um boi, e o quanto isso interfere na região amazônica, eu não tenho coragem de comer carne. Carne, para mim, vem com a imagem daquele tronco que está saindo daqui. Eu sofro por ver o tamanho das toras de madeira que saem daqui. Sofro. Dói ver. Eu sofro de deixar o meu lixo aqui. Porque eu sei que Altamira não tem reciclagem. Eu levo meu lixo embora, eu não deixo o meu lixo aqui.

Leva de avião?

Santi – Eu levo meu lixo para ser reciclado em Curitiba. Porque a gente vive na fronteira da Amazônia, numa região em que a questão do lixo é extremamente complicada, e realmente tem que ter coragem para jogar, eu não consigo. Uma vez eu li um livro que se chama « Os Cidadãos Servos », de Juan Ramón Capella. E eu lembro que esse livro falava o seguinte: que as pessoas apertam a descarga do banheiro e têm a sensação de que estão limpando a sua casa. E, quando você aperta a descarga, na verdade você está sujando o mundo. Então, eu tenho essa sensação muito forte de que, quando eu coloco o meu saco de lixo na rua, em vez de fazer uma composteira, eu estou sujando o mundo, eu estou sujando a minha casa, porque a minha casa é o mundo. Acho que o debate em torno da Amazônia passa por isso. Por um debate em torno desse individualismo, da forma como as pessoas vivem centradas no consumismo, no que as pessoas buscam, que está desconectado do outro e está desconectado do mundo. Para mim é muito claro que a minha casa não acaba na porta da minha casa, a minha responsabilidade pelo mundo não acaba na porta do meu universo individual. Não é razão, é um sentimento de que a casa das pessoas está aqui, também. Nesse contexto em que a gente vive, as pessoas têm uma preocupação com o eu, com a beleza, com a estética, com o consumo. Então é muito difícil ter um debate público em torno das questões ambientais. É uma marca de uma época, mesmo. E há outra questão que eu acho mais forte ainda, e que me assusta mais em Belo Monte. Daí eu vou te explicar com um pouquinho de calma… Não vai acabar nunca a entrevista!

Fica tranquila…

Santi – Eu acho o seguinte. Eu já falei que vejo Belo Monte como um etnocídio. Quando a Hannah Arendt estuda os regimes totalitários, ela faz uma descrição do nazismo, ela faz uma descrição da política de Hitler que é muito interessante. O Hitler afirmava que tinha descoberto uma lei natural, e que essa lei natural era uma lei da sobreposição de uma raça, de um povo sobre o outro. Os judeus seriam um obstáculo que naturalmente seria superado por essa lei natural. Quando eu digo que os estudos de Belo Monte identificaram um processo de desestruturação dos povos indígenas da região, que já tinha começado com a Transamazônica, e que Belo Monte só acelera esse processo, me vem essa imagem de Hannah Arendt dizendo que Hitler apenas descobriu uma forma de acelerar o processo de uma lei natural que ele afirmava ter descoberto. E aqui, o que Belo Monte faz a esse processo de desestruturação iniciado com a Transamazônica é acelerá-lo a um ritmo insustentável para os indígenas. E talvez seja essa a justificativa para as suspensões das decisões judiciais, e de a Lei não se aplicar aqui. O que me assusta é a forma como a sociedade naturaliza esse processo com uma visão de que é inevitável que os indígenas venham a ser assimilados pela sociedade circundante, pela sociedade hegemônica. E aceitar que Belo Monte vai gerar a perda de referências e conhecimentos tradicionais com relação à Amazônia, a perda de outras formas de ver o mundo que poderiam ser formas de salvação, mesmo, do futuro. Então, esse processo de etnocídio é naturalizado e, por ser naturalizado, não dói para as pessoas. Não dói o fato de os índios estarem morrendo. Numa sociedade de consumo, desde que não se perca o eu hegemônico de cada um, a morte cultural de um povo não dói. Então, o que eu sinto é isso: é extremamente assustador a forma como a sociedade aceita esse processo.

É por isso, afinal, porque a maioria da população brasileira não se importa com a morte cultural dos povos indígenas, e mesmo com a morte física, nem se importa com a morte da floresta, que Belo Monte é possível apesar de atropelar a Lei?

Santi – Em última instância, as decisões judiciais também têm o respaldo da sociedade. Se essas suspensões de segurança causassem uma reação muito forte, elas não teriam legitimidade. Por que o silêncio? Como a sociedade aceita a não garantia dos direitos dos povos indígenas? Aceita porque naturaliza esse processo, que é um processo totalitário. É um processo em que o eu único, o todo, prevalece sobre o diferente. E que você não é capaz de olhar o diferente com respeito, como algo que é diferente de você, do seu eu. Isso é uma realidade, mesmo, que a gente está vivendo, de dificuldade para os povos indígenas, para as populações tradicionais, para essas culturas diferentes se manterem. Mesmo que hoje exista uma série de garantias fundamentais, de ordem internacional, na Constituição Federal, é muito difícil. E é por isso que aqui, no Brasil, quem dá a palavra sobre isso é o Supremo Tribunal Federal. E o Supremo tem que fazer isso, pela leitura da Constituição. Então um dia isso vai ser julgado. Um dia o Plano Emergencial vai ser julgado pelo Supremo. Um dia a forma como os índios não foram ouvidos nesse processo vai ser julgada pelo Supremo.

Mas aí o fato já está consumado.

Santi – É, esse é o problema. É o fato que a cada dia se consuma.

A senhora se sente impotente diante de Belo Monte, desse fato que se consuma apesar de todo o esforço, de todas as ações, e sem o apoio da sociedade, que se omite?

Santi – Acho que o Ministério Público Federal não é impotente. Mas eu penso que hoje, sozinho, apenas pela via do poder judiciário, o Ministério Público Federal não consegue fazer com que a Lei se aplique aqui. Belo Monte é um desafio ao Estado de Direito. Acima de tudo, acredito que a história tem que ser contada. E o que o Ministério Público Federal vem fazendo aqui em Altamira é a história viva de Belo Monte. E aí, eu diria: o Ministério Público não silencia. Não sei o que a História vai dizer de Belo Monte. Mas, o que eu posso dizer é que o Ministério Público Federal não silenciou.

Eliane Brum é escritora, repórter e documentarista. Autora dos livros de não ficção Coluna Prestes – o Avesso da Lenda, A Vida Que Ninguém vê, O Olho da Rua, A Menina Quebrada, Meus Desacontecimentos e do romance Uma Duas. Site: elianebrum.com  Email: elianebrum.coluna@gmail.com Twitter: @brumelianebrum

Arquivado em:

Karai Mirῖ, da aldeia Tenonde Porã

jeudi, mars 19th, 2015

Publicado em 10 de set de 2013, via Youtube

campanhaguaranisp.yvyrupa.org.br

Tramitam no Congresso Nacional diversas propostas que atacam frontalmente os direitos indígenas, entre elas a PEC 215, que visa passar para o poder legislativo a atribuição de homologar as terras indígenas.

Sabendo do seu risco para os povos indígenas de todo Brasil, por passar a decisão sobre o futuro desses povos para as mãos da bancada ruralista, o guarani Pedro Vicente Karai Mirῖ, da aldeia Tenonde Porã, São Paulo, gravou uma mensagem endereçada aos deputados, na qual expressa seu sentimento sobre o tema.

A Comissão Guarani Yvyrupa (CGY) inicia por esse vídeo a divulgação de uma série mensagens das lideranças do povo guarani para a sociedade nacional, buscando apoio na luta por seus direitos.

Todos às ruas para reagir ao ataque dos ruralistas à Constituição Federal!

§

Notícias atuais em jornais:

http://brasil.elpais.com/brasil/2015/03/17/politica/1426621092_507266.html

TARRAGONI: Décapitaliser les consciences

vendredi, mars 6th, 2015

Décapitaliser les consciences

par Federico Tarragoni , le 18 février

Domaine(s) : Politique | Société | Économie

Mots-clés : capitalisme | utopie | peuple

Le capitalisme contemporain est auto-destructeur. Le médiéviste Jérôme Baschet en expose les raisons et dessine les voies de la société qui pourrait lui succéder. Une réflexion sur le « bien vivre » qui emprunte les sentiers de l’utopie pour penser l’émancipation.

Télécharger cet article :

Recensé : Jérôme Baschet, Adieux au capitalisme. Autonomie, société du bien vivre et multiplicité des mondes, Paris, La Découverte, 2014, 160 p., 15 €.

Le constat dressé par Jérôme Baschet dans Adieux au capitalisme est sans appel : le capitalisme néolibéral serait entré dans une crise structurelle : accroissement de l’exploitation du travail (p. 35-39), tyrannie de l’urgence (p. 42-43), formatage concurrentiel des subjectivités (p. 39-42), marchandisation généralisée de la vie (p. 43-47) et prédation des ressources naturelles de la planète. Voici selon J. Baschet, spécialiste d’histoire médiévale et penseur des formes d’émancipation contemporaines, les traits saillants d’une crise qui se déploie sous nos yeux, à l’échelle du globe. Comment en sortir ? Quels référents imaginer pour « décapitaliser les consciences » (p. 173) ?

J. Baschet choisit la voie de l’utopie. Afin d’établir une critique du caractère humanicide du capitalisme contemporain, il entreprend de le mesurer aux possibles concrets qui le travaillent. Son analyse conjugue ainsi trois régimes temporels : le passé ou la longue durée de vie des rapports sociaux capitalistes et des réalités socialement constituées ; le présent (ou plutôt le « présentisme ») s’imposant sous la forme du TINA (There is no alternative) comme une norme d’action a priori indépassable ; le futur, construit comme une projection utopique. Il n’en fallait pas moins pour aborder l’épineux problème de l’avenir du capitalisme, sans mythes ou faux espoirs.

Du « capitalisme humanicide » à l’avenir d’une société autonome : l’expérience zapatiste

L’avenir du capitalisme est ainsi mesuré aux formes d’organisation alternatives qui en fissurent l’hégémonie. Ces expériences prennent pied sur les nombreuses contradictions que manifeste le capitalisme tardif, dans ses phases critiques comme celle en cours depuis 2008 (p. 24). L’auteur commence par repérer une transformation majeure des sociétés capitalistes contemporaines, suivant à la fois, dans la lignée de Foucault, les régimes de gouvernementalité qui les caractérisent, et l’autonomie de leur organisation sociale par rapport à la logique économique (selon Polanyi) :

« Au total, on glisse du capitalisme disciplinaire des États-nations, où, tout en s’épaulant mutuellement, les sphères de l’économie et de l’État répondaient à des normes propres et influaient de manière différenciée le champ social, à un capitalisme sécuritaire mondialisé, caractérisé par une forme managériale de l’État et un formatage de plus en plus généralisé des conduites sociales par la logique de l’économie » (p. 31).

Le nouveau capitalisme néolibéral constituerait ainsi, en quelque sorte, l’apogée de la « Grande transformation » de Polanyi, et en même temps une rupture par rapport à la forme capitaliste elle-même, sous la forme d’une transformation radicale de l’organisation sociale moderne (le rapport entre l’économique, le social et l’étatique). C’est cette rupture qui permet d’étayer la transition vers une société post-capitaliste. Mais comment ?

Avant même de plonger dans les formes d’organisation alternative au « capitalisme humanicide », J. Baschet présente une issue structurée au capitalisme : les Juntas del buen gobierno (Conseils de bon gouvernement) zapatistes, désignées comme une « utopie réelle » (p. 54). Mouvement social inauguré le 1er janvier 1994 après l’entrée en vigueur de l’Accord de libre échange nord-américain, signé par les États-Unis, le Canada et le Mexique, le zapatisme conjugue la revendication des droits des groupes indigènes et l’opposition structurelle aux formes de domination capitalistes. Représenté par le charismatique et médiatique « Sous-commandant Marcos », ce mouvement anti-système s’est déployé sous la forme d’une organisation sociale alternative dans le territoire du Chiapas, progressivement soustrait au contrôle militaire de l’État mexicain. L’exemple zapatiste fournit à l’auteur matière à réfléchir pour esquisser les formes de la société post-capitaliste future, ce qui suppose de conjuguer une critique des rapports de domination capitalistes présents et une imagination utopique d’un « possible » à venir.
Les Conseils zapatistes apparaissent ainsi comme des « formes non étatiques de gouvernement », qui se caractérisent par l’étroite imbrication d’une dimension d’horizontalité (coopération, discussion, partage) et de verticalité (autorité, influence). L’une de leurs caractéristiques fondamentales, génératrice d’autonomie, est le mandar obedeciendo (« gouverner en obéissant »), diffus dans toutes les pratiques sociales et quotidiennes (familiales, de voisinage, coopératives, productives, éducatives, politiques). Entre l’opposition organisée de la société à l’État et la revitalisation de la pratique démocratique, Baschet esquisse ainsi une politique opposée au capitalisme. La réflexion de l’auteur semble reproduire ici la méthode de P. Clastres [1] qui repérait dans les sociétés amérindiennes des Guayaki les formes d’un pouvoir irréductible à la gouvernementalité étatique et fondé sur l’autonomie de la société vis-à-vis de l’accumulation primitive du capital.

Le principe du mandar obedeciendo permet ainsi de revenir de manière critique sur notre pratique de la démocratie, prise dans les rouages de la délégation représentative, de la bureaucratie étatique et de l’« expertocratie » (p. 71-72). Les Conseils montrent en effet que l’essence même de la démocratie tient, pour utiliser la formule de Rancière, au « gouvernement de n’importe qui » [2]. Baschet prend appui sur ce constat pour penser les frontières de la démocratie post-capitaliste, en assumant (de façon un peu rapide) le primat de la tendance humaine à la coopération vis-à-vis de l’attitude intéressée [3].

Une nouvelle organisation politique cohérente avec ce postulat devrait être fondée sur l’autonomie locale, le contrôle « par le bas » du pouvoir, la circulation des mandats et la rotation des charges, une gestion du commun partagée à différentes échelles (local, supra-local et global) et surtout une opposition de principe à toute captation du pouvoir par l’État. Cette forme d’organisation est une utopie pratique : elle ne peut se réaliser, comme le souligne l’auteur à maintes reprises, que dans un ensemble de luttes, de litiges, de conflits préservant des espaces d’autonomie de la domination de l’État et du capitalisme (p. 78-84).

Les formes de l’organisation post-capitaliste : le « bien vivre »

J. Baschet souligne que l’enjeu d’une démocratisation véritable, assise sur le principe de l’autonomie locale, est également de nature économico-productive. Il s’agit dès lors de privilégier l’autoproduction et « les circuits les plus courts possibles entre producteurs et consommateurs » (p. 79-80), tout en maintenant l’échelle supra-locale pour certaines compétences (transports et communications à grande distance, développement de certaines productions, compensation des déséquilibres régionaux, préservation de la biosphère). Cette nouvelle organisation collective devrait permettre de réimbriquer le social, le politique et l’économico-productif (p. 85-117), tout en contrant le désenchantement et la « perte de sens » inhérents à la civilisation capitaliste [4].

Si l’autonomie politique reste à construire, les bases matérielles de la société post-capitaliste sont toutefois déjà là : l’augmentation de la productivité du travail dans les dernières décennies permet désormais d’affronter, avec un nouveau « réalisme utopique », la question de la libération du travail. Celle-ci doit se produire en inversant, sur la base d’une redéfinition collective du commun [5], les logiques mêmes de la division du travail. La société post-capitaliste de demain se produira dans une « dé-différenciation progressive » des sphères de production et d’échange, en suivant le principe d’une redéfinition, selon les critères du commun, de la division du travail social. L’auteur le montre en déclinant les conséquences imaginaires d’une élimination de la sphère répressive, du système financier, de certains secteurs industriels et de service, comme la publicité et du marketing (p. 90-91), d’une reconfiguration d’envergure des modalités de circulation des hommes et des marchandises (p. 92) et d’une politique de la décroissance (p. 93). Cette refonte de l’organisation productive entraînera une nouvelle relation collective au temps, le temps de travail devenant désormais un des temps socialement qualifiés : l’individu post-capitaliste consacrera son temps de vie à des tâches multiples, en s’investissant tant dans la production que dans la gestion de la cité, tant dans les tâches de justice et de police [6] que dans l’entretien des infrastructures locales. Seules l’éducation, en partie « déscolarisée » (p. 100), et la santé, dépouillée de « l’hypertechnicisme de la médecine capitaliste » (ibid.), continueront à fonctionner comme des sphères différenciées.

Les formes de cette nouvelle organisation productive devant être arrêtées collectivement, dans les différents échelons décisionnels pertinents (locaux et supra-locaux), il est impossible, dit l’auteur, de dessiner a priori un modèle d’organisation. Les lignes structurantes de la société post-capitaliste sont l’autonomie locale, l’autoproduction et la déspécialisation productive, l’assujettissement de l’économique au politique, la réduction du temps de travail dans l’économie du temps de vie et la libération d’un temps disponible (p. 105-109), l’assomption collective de tous les choix de production et de consommation. Mais il n’est pas possible d’imaginer les normes (formelles et informelles) qui permettront à ces différentes exigences de fonctionner ensemble. De telles normes, supposant une refonte du droit, devraient résoudre les tensions qui demeurent dans la société post-capitaliste : les conflits entre les différentes échelles politiques (local et supra-local), la possible reproduction des inégalités entre groupes ou régions et la présence de domaines non déspécialisés (la médecine et la recherche) à l’intérieur d’une société totalement opposée à la perspective de la division du travail (p. 103-104).

Baschet remplace dès lors l’impossible codification des normes de la société post-capitaliste à venir par la définition d’un éthos qui lui serait propre, un « esprit » au sens wébérien [7]. C’est à l’intérieur de cette problématique que prend tout son sens l’analyse du concept amérindien de « bien vivir ». En tant qu’ensemble de valeurs opposées au culte du quantitatif, de la marchandise, de la « production-pour-la-production », le « bien vivre » permet de « faire des choix relatifs à la forme même de la vie vécue le cœur sensible de l’organisation collective » (p. 130). Ces valeurs sont assises sur la définition même de la vie du « bien vivre » : une vie caractérisée par la pluralité de ses formes culturelles (p. 132-141) et par ses interdépendances entre humain et non-humain (p. 147-149), et qui est opposée à tout ce qui la nie. Ainsi défini, ce « bien vivre » constitue bien l’analogue idéel de l’ancien « ascétisme intramondain » du capitalisme en voie de constitution, analysé par Max Weber.

Les frontières de l’émancipation dans la société post-capitaliste

Ce qui précède montre bien à quel point l’enjeu de la réflexion de Baschet sur l’avenir du capitalisme est davantage normatif que positif. Il ne s’agit pas, dans ses intentions, d’apprécier les possibilités d’émergence d’une telle organisation sociale alternative, en évaluant, de manière comparative, les affinités électives entre l’utopie zapatiste, d’un côté, et les expériences anti-capitalistes parsemant notre organisation sociale, de l’autre [8]. Ce point est rapidement évacué de l’analyse au profit d’un repositionnement normatif : nous serions entrés, par le degré d’exploitation sociale présente et l’accroissement de la conflictualité, dans une période de transition post-capitaliste ; il ne resterait donc qu’à accélérer le processus en engageant une réflexion collective sur la meilleure organisation politique à adopter dans la société à venir. Or, concrètement, cette réflexion se traduit par la démonstration suivante : il s’agit d’imaginer une organisation sociale néo-zapatiste (dont on tend à gommer les propriétés contextuelles et les spécificités, comme la forme communautaire du lien social) généralisée à l’échelle de la planète. Les réflexions sur le « bien vivir » sont également tributaires de cette méthode ; bien que l’auteur fasse état, au passage, de quelques tensions internes caractérisant le modèle amérindien, il s’agit in fine d’en faire une « source d’inspiration » pour la transition post-capitaliste :

« Sans faire des peuples indigènes une énième version de la perfection du bon sauvage, leur conception plus écocentrée du rapport à la Terre Mère et leur sens du collectif (qui n’exclut ni la différenciation sociale, ni les hiérarchies de statut, de prestige ou de genre, mais s’enracine néanmoins dans la possession collective de la terre et les pratiques coutumiers d’entraide) pourraient constituer une source d’inspiration, ou plutôt un utile point d’appui pour une humanité occidentalisée dont les valeurs fondamentales, comme l’individualisme compétitif et l’instrumentalisation de la nature, ont partie liée avec la crise de civilisation à laquelle est confrontée » (p. 126).

Est-il permis de penser que les modalités d’une émancipation post-capitaliste puissent se rapprocher d’expériences organisationnelles s’ancrant dans un mode de vie communautaire, dans un certain rapport à la terre et à la tradition, dans une ritualité partagée ? Si le but de l’auteur est d’organiser la sortie du capitalisme, comme Gramsci proposait, dans ses Cahiers de prison, d’organiser le pessimisme face à l’échec révolutionnaire, l’assise empirique du projet semble ainsi se dérober. Le renouveau de la critique sociale des années 1990-2000, dont l’un des enjeux a été précisément de réarticuler les formes savantes de critique et les expériences d’injustice ordinaire, n’est pas ici suffisamment exploité dans le cadre d’une réflexion sur les catégories présidant la « sortie du capitalisme » [9].

Aussi le statut de l’exemple zapatiste et amérindien demeure-t-il ambivalent. On oscille en permanence, malgré les mises en garde de l’auteur, entre le modèle, le cas analytique et l’idéal pratique (la référence pour la praxis). Ainsi, pour décrire le fonctionnement des Conseils de bon gouvernement, Baschet recourt à des textes produits par l’Ejército Zapatista de Liberación nacional (Armée zapatiste de libération nationale) ou à des extraits repris de travaux ethnographiques de seconde main. Ce type de démonstration manque évidemment de rigueur et de distanciation analytique vis-à-vis du matériau empirique présenté. Il eût été utile de confronter les formes de l’autonomie politique repérables dans les Conseils, avec les pratiques quotidiennes, dans la sphère de la famille, des sociabilités, de la socialisation éducative, de la vie communautaire, du rapport aux institutions et au droit, qui les font vivre au jour le jour. Quitte, ensuite, à construire des passerelles sociologiques entre dynamiques émancipatoires ici et là-bas. L’absence d’une telle réflexion, qui eût nourri le dispositif analytique de l’auteur et renforcé la thèse, fait pencher le lecteur vers une sorte de « modèle zapatiste/indigéniste » que l’auteur n’assume pas complètement. Ce modèle, caractérisé par des formes d’organisation spécifiques, des modalités de distribution du pouvoir, des types de lien social, des modalités éducatives et pédagogiques, des types de rapport à l’autre, à l’enfance, à soi, au temps, à l’espace, pourrait ne pas se « greffer » parfaitement à notre capitalisme en voie de transition. Ou du moins pourrait-il produire des surprises, quant aux modalités concrètes d’émancipation des individus ou aux lignes directrices des conflits à venir…Il semblerait que derrière ce problème il y ait plus généralement un malentendu autour du concept même d’utopie, dont l’usage en sciences sociales ne peut pas faire l’économie d’une certaine vigilance épistémologique. Le pari d’Adieux au capitalisme est de construire une utopie zapatiste qui puisse éclairer, sous le double mode de la critique et de l’alternative, les ravages sociaux, éthiques et politiques du capitalisme. En ce sens, l’utopie renvoie bien, comme le soulignait Elias, à un procédé spécifique de connaissance dans le domaine des sciences sociales [10]. Toutefois, la proximité au modèle semble sacrifier la critique à la volonté assumée de changer les rapports sociaux : ainsi la capacité de l’observateur à restituer les « possibles » qui traversent le monde social, dans leur pluralité irréductible, cède-t-elle, de son côté, à la volonté de faire coller la réalité au modèle.

Cette critique ne réduit pas toutefois l’apport d’Adieux au capitalisme à la construction de référents pratiques pour l’émancipation. C’est sans doute sur le terrain de la réflexion normative et de l’imagination conceptuelle que ce livre apporte une pièce importante au débat sur les alternatives à la société capitaliste présente, et aux formes de l’émancipation à venir.

par Federico Tarragoni , le 18 février

http://www.laviedesidees.fr/Decapitaliser-les-consciences.html

ARANTES: 1964, um país feito num só Golpe

mercredi, mars 4th, 2015

« O objetivo do golpe de 64 era erradicar da cabeça das pessoas que houve nesse país um inconformismo de verdade. […] Erradicar a vontade das pessoas comuns de se organizarem de maneira política. »

ARANTES: Capitalismo em overdose

lundi, mars 2nd, 2015

Segue entrevista da Caros Amigos a Paulo Arantes

Entrevista-Arantes

collectif MAUVAISE TROUPE: Constellations

dimanche, mars 1st, 2015

 

Constellations

[Compartilhando um projeto muito significativo, com textos que o coletivo SAGWE pretende traduzir aos trankos e barrancos…]

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Trajectoires révolutionnaires du jeune 21è siècle

>..< Trajetórias revolucionárias do jovem século XXI

par le collectif mauvaise troupe

>..< coletivo tropa ruim < trupe do mal

Constellations, c’est d’abord un livre publié aux éditions de l’éclat, qui raconte par petites touches une quinzaine d’années de vie et de lutte, ce qu’on a appelé des trajectoires révolutionnaires. C’est aussi ce site, qui publie en version lyber les textes du livre. Nous souhaitons prolonger l’aventure en l’ouvrant à d’autres récits et documents, et le site accueillera bientôt une rubrique “l’histoire continue”.

>..< Constelações, é antes de mais nada um livro publicado nas éditions de l’éclat, que conta em pequenas pinceladas uma quinzena de anos de vida e de luta, isso que a gente chamou de trajetórias revolucionárias. É também este site, que publica em versão lyber os textos do livro. Nós desejmos dar continuidade à aventura abrindo-a à outras narrativas/estórias e documentos, e o site acolherá em breve uma rubrica “a história continua”.

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https://constellations.boum.org/

 

Émission radio sur France Culture:

Terre à terre

par Ruth Stégassy

http://www.franceculture.fr/emission-terre-a-terre-constellations-un-livre-du-collectif-mauvaise-troupe-editions-de-l-eclat-2015

Constellations, un livre du collectif Mauvaise Troupe (éditions de l’Eclat)

28.02.2015 – 07:05

Constellations JC Francis © Radio France

Ecrire leur propre histoire pour éviter que d’autres ne s’en emparent, c’est ce qui a incité un collectif de jeunes à prendre la plume pour raconter leurs parcours en ce début de siècle. Squatteurs, grévistes, zadistes, réfléchis et audacieux, prêts à essayer beaucoup de choses, ils inscrivent leurs combats dans des modes de vie différents, plus proches de la terre, de l’autonomie et du partage.